DBRS Morningstar sonne l’alarme des assureurs de dommages au Canada dans un récent rapport.

Selon la firme de notation, les changements climatiques pourraient rendre certains risques inassurables, particulièrement au niveau de l’assurance des biens.

« Les assureurs de dommages canadiens ont démontré leur résilience financière en gérant la hausse toujours continue des pertes liées aux événements météorologiques. Toutefois, alors que le risque climatique et ses effets sur les événements météorologiques sont de plus en plus corrélés, des réassureurs et des assureurs pourraient choisir de ne plus assurer certains biens dans certaines régions. L’accès à l’assurance pourrait y devenir un problème », estime la firme de notation dans un récent rapport.

Pour DBRS Morningstar, le danger viendra des réassureurs en premier. Ils sont la première source de rétrocession des risques des assureurs de dommages canadiens. Or, s’ils en venaient à dédaigner le marché canadien, un effet boule de neige pourrait s’ensuivre, craint la firme de notation, rappelant que le réchauffement du climat au Canada est deux fois plus élevé que la moyenne mondiale. « Les assureurs de dommages canadiens y sont donc plus exposés que leurs pairs », estime-t-elle.

L’impact de la hausse de valeur des propriétés

DBRS Morningstar fait aussi remarquer que la croissance des pertes assurées n’est pas exclusivement due au changement climatique. Elle est aussi attribuable à l’augmentation de la valeur des propriétés et des changements de l’activité socio-économique. Entrent en ligne de compte ainsi l’endroit où les gens choisissent de vivre et la façon dont les infrastructures s’adaptent à des conditions climatiques plus difficiles.

« Le premier effet est quelque peu atténué par l’utilisation de valeurs ajustées en fonction de l’inflation. Néanmoins, des décisions inappropriées en matière de planification des terres et des infrastructures contribuent probablement à l’augmentation des pertes assurées, problème auquel le gouvernement canadien entend s’attaquer dans le cadre de sa stratégie nationale d’adaptation, qui devrait être finalisée à l’automne 2022 », fait valoir la firme de notation.

DBRS Morningstar estime que les données canadiennes sous-estiment potentiellement les indemnités des assureurs liées aux conditions météorologiques, car elles ne tiennent pas compte des événements qui causent moins de 25 millions de dollars (M$) de dommages assurés. « Ceux-ci sont peut-être plus fréquents maintenant », estime la firme.

Cette dernière fait aussi valoir que l’augmentation des pertes annuelles moyennes assurées liées au climat se produit à un rythme beaucoup plus rapide au Canada qu’à l’échelle mondiale.

Ainsi, Swiss Re a signalé que les pertes mondiales liées aux conditions météorologiques ont été multipliées par 1,5 pour atteindre 65 milliards de dollars (G$) par an au cours de la dernière décennie (2011-2020), contre 42 G$ par an pour la période 2001-2010. Au Canada, ces pertes ont été multipliées par 3,5 au cours de la même période, soit plus du double du rythme de l’augmentation mondiale. À eux seuls, les feux de brousse ont augmenté de 6,5 fois.

Des assureurs en sont conscients

DBRS Morningstar souligne que les assureurs canadiens sont de plus en plus disposés à dévoiler leur exposition au climat, comme plusieurs de leurs pairs ailleurs dans le monde. La firme de notation donne en exemple Intact Assurance, Desjardins Assurances, TD Assurance et Co-operators. « Nous nous attendons à ce que les plus petits assureurs suivent leur exemple en matière de meilleures pratiques à adopter, et ce, au fur et à mesure qu’elles émergent », prévient-elle.