Les problèmes de santé mentale se multiplient au Canada, ce qui entraîne une augmentation des demandes de prestations d’invalidité de longue durée (ILD). L’économie, l’âge, le sexe, le secteur, l’envergure de l’organisation et même l’endroit où l’on vit au Canada ont tous un effet sur les demandes de règlement, selon un récent rapport de Financière Sun Life.
Le rapport en question, intitulé Objectif santé, signale que 59 % des travailleurs canadiens déclarent avoir souffert d’un problème de santé mentale, ce qui représente une augmentation de 7 % par rapport à 2017. Ces problèmes de santé ont fait augmenter le nombre de demandes de règlements invalidité de longue durée, qui a connu une croissance de 13 % de 2016 à 2019.
La Financière Sun Life, qui souffre de cette hausse des invalidités, s’est penchée sur les causes possibles de cette montée des demandes d’indemnisation et a formulé un certain nombre de suggestions.
Les sources du mal-être
L’une de ces causes pourrait être la hausse de l’isolement social, liée à la tendance croissante à vivre seul, à une dépendance plus forte à l’égard de la technologie et à l’urbanisation galopante.
Par ailleurs, de nos jours, bon nombre de personnes font du télétravail ou occupent un poste contractuel ou temporaire. Cela rend l’emploi plus incertain et précaire, selon le rapport. Jusqu’à 30 % des travailleurs actifs canadiens occupent actuellement un emploi « à la demande » — autrement dit, non permanent.
Notre environnement numérique et l’utilisation soutenue des médias sociaux seraient aussi liés à une augmentation du risque de souffrir d’anxiété, de dépression et de pensées suicidaires.
En outre, on aborde désormais plus fréquemment les problèmes de santé mentale, ce qui amène les gens à parler de leur situation et à chercher l’aide qu’il leur faut.
Il reste que l’un des principaux liens avec l’augmentation des demande d’indemnisation a trait à la santé de l’économie, souligne le rapport.
« Lorsque la santé économique s’améliore, le nombre de demandes ILD a tendance à augmenter, puis à diminuer en période de déclin. Cela peut sembler contre-intuitif, mais l’hypothèse est que, pendant une période économique difficile, les gens subissent un stress accru (en raison des emplois précaires et des soucis financiers, par exemple). Ce stress provoque de l’anxiété et la dépression, mais les employés arrivent à poursuivre leur activité à court terme. Lorsque la situation économique s’améliore, de nombreux employés sont exténués ou en état d’épuisement professionnel. »
Une situation économique plus florissante pourrait donner à la population un sentiment de « sécurité » professionnelle : les gens craignent moins de perdre leur emploi. Ils peuvent alors être plus enclins à recourir à leurs protections collectives pour améliorer leur santé mentale, notamment en demandant des prestations d’invalidité.
D'autres constats
Le document de la Sun Life révèle d’autres constats :
- Les femmes sont 1,5 fois plus susceptibles que les hommes de présenter une demande de règlement ILD et 2 fois plus susceptibles que celle-ci soit liée à la santé mentale.
- L’incidence des demandes ILD augmente avec l’âge, peut-être parce que l’incidence et la gravité des maladies chroniques font de même. La fréquence la plus élevée est chez les employés en milieu de carrière (qui ont entre 35 et 54 ans), soit lorsque la pression professionnelle, familiale et financière est la plus forte.
- Les employés de l’administration publique et du commerce de détail sont plus susceptibles de présenter une demande ILD liée à un problème de santé mentale ; les taux d’incidence pour ce secteur sont en effet supérieurs à la moyenne, soit de 30 % et de 20 % respectivement. C’est probablement parce que ces postes nécessitent des interactions fréquentes et parfois difficiles avec le public.
- Les employeurs qui ont 1 000 employés ou plus reçoivent deux fois plus de demandes de règlement liées à la santé mentale que ceux qui en comptent moins de 50.
- L’Est du Canada (Maritimes et Québec) est à l’origine de 42 % de toutes les demandes d’ILD liées à un problème de santé mentale, alors que 25 % proviennent de la région Centre et 20 %, de l’Ouest. Sun Life mentionne que l’une des raisons pour lesquelles il y aurait davantage de demandes dans l’Est pourrait être le fait que les employeurs du Québec sont plus susceptibles de proposer à leur personnel des séances de formation en santé mentale.
Trois stratégies
Sun Life propose trois stratégies phares visant à éliminer les obstacles à l’obtention d’un traitement efficace et d’un rétablissement.
1. La thérapie cognitivo-comportementale (TCC) virtuelle est une forme de traitement psychologique axé sur les pensées, les émotions et les comportements du sujet et sur la façon dont ces éléments sont interreliés. Elle a prouvé sa grande efficacité comme traitement de première ligne pour la dépression et l’anxiété.
2. La pharmacogénomique analyse la constitution génétique d’une personne pour déterminer dans quelle mesure elle répondra à un médicament en particulier. Elle raccourcit le traditionnel processus « essais et erreurs » en permettant de trouver rapidement le médicament qui parviendra à réduire le stress et l’anxiété.
3. Sun Life a mis à l’essai des examens médicaux indépendants grâce auxquels on peut réaliser une évaluation médicale à distance, au lieu d’imposer un déplacement — une source de stress — au sujet.