Tout comme la télémédecine ou les biosimilaires, la médecine centrée sur l’individu est l’un des enjeux qui entourent le futur des régimes d’assurance et d’avantage sociaux collectifs. C’est ce qu’a défendu Étienne P. Crevier, directeur et fondateur de BiogeniQ, laboratoire de génétique acquis par Biron Groupe Santé en 2018. Il s’exprimait dans le cadre du Congrès Collectif 2019, organisé par Segic, à Montréal, le 25 septembre.

« Le patient sera le dossier médical »

Ainsi, l’avenir passera par la médecine dite des « 4 P » : personnalisée, préventive, prédictive et participative. La médecine est personnalisée quand elle est ciblée, tournée vers la personne, son histoire et ses besoins.

Elle est préventive quand elle mise sur l’éducation à la santé. Le but ici étant de réduire les risques de maladie, de favoriser le dépistage précoce de certaines affections ou encore d’améliorer la qualité de vie de la personne déjà malade.

Elle est prédictive lorsqu’elle calcule le risque encouru par une personne de développer un jour une maladie.

Enfin, elle est participative lorsqu’elle fait de l’individu l’acteur de sa santé. « Il viendra accompagner de ses informations pour dire au médecin qui il est, données à l’appui. Le patient sera le dossier médical », projette Étienne P. Crevier.

La génétique au service de la santé

La difficulté d’obtenir le bon diagnostic, le bon traitement ou le bon suivi entrave le plan de rétablissement et retarde ainsi le retour au travail, dit Étienne P. Crevier. La médecine des « 4 P » pourrait aider à pallier ses trois obstacles.

Cette nouvelle ère médicale passera notamment par la pharmacogénétique, croit Étienne P. Crevier, dont c’est le domaine d’activité. Cette pratique consiste à étudier les gènes d’une personne afin de mieux cibler les médicaments qui lui conviennent.

Le 1er octobre dernier, SSQ Assurance a annoncé que les tests pharmacogénétiques seraient désormais couverts dans le cadre de certaines de ses polices d’assurance collective. Financière Sun Life, Manuvie ou encore Croix Bleue Medavie se sont eux aussi engagés dans cette voie. Bien que la pharmacogénétique aide notamment à réduire le temps d’invalidité en santé mentale, y avoir recours reste encore marginal.

« En 2019, on attend encore d’être malade avant d’aller voir un médecin. On devrait y aller quand on est en bonne santé pour connaitre notre génétique et savoir ce qui nous convient pour rester en forme », avance Étienne P. Crevier. « Personne n’accepterait de recevoir du sang qui n’est pas compatible avec son groupe sanguin. Bientôt, il sera tout aussi normal de vouloir recevoir un traitement compatible à sa génétique », illustre-t-il.