Depuis l’automne 2009, SSQ Groupe financier a fait le saut en gestion fondamentale, une philosophie axée sur la valeur qui cherche à éliminer l’effet Nortel des portefeuilles d’investissement. SSQ a conclu en ce sens une entente avec Pro-Financial Asset Management, firme spécialisée dans cette philosophie en provenance des États-Unis.

SSQ a tâté pour la première fois de la gestion fondamentale avec le lancement à la fin de 2009 de neufs fonds distincts PRO SSQ et quatre Portefeuilles de placement garanti PRO SSQ. Ces portefeuilles sont admissibles au produit de garantie de retraits minimums Revenu garanti ASTRA.

La particularité des fonds et des portefeuilles PRO SSQ : l’indice qu’ils reproduisent élimine le danger de surpondérer un titre surévalué. Fini, donc, ce que plusieurs nomment l’effet Nortel. Ce titre avait acquis un poids démesuré dans les indices boursiers canadiens à la fin de 2000 en raison d’une bulle spéculative.

Portefeuilles et fonds PRO SSQ reproduisent l’indice FTSE RAFI, net de frais. L’approche RAFI est en instance de brevet aux États-Unis (RAFI pour Research Affiliate Fundamental Index, au nom de la firme spécialisée en répartition de l’actif Research Affiliates, fondée en 2002 par Rob Arnott).

L’approche mathématique du RAFI vise à éliminer les biais sectoriels, régionaux et de gestionnaires. Plutôt que de se fier à la capitalisation pour décider de la pondération d’un titre, le gestionnaire qui adopte RAFI mesurera plutôt l’importance économique d’une entreprise selon la valeur de ses flux monétaires, ses ventes totales, sa valeur au livre et ses dividendes bruts. Les portefeuilles PRO SSQ sont rééquilibrés annuellement en fonction de ces quatre principes. Chacun est pris en compte pour 25 % de l’indice total pour éviter tout biais sur l’un plutôt que l’autre.

Vice-président, développement des affaires aux bureaux torontois de SSQ, Martin Leclair croit que le produit connaitra du succès. Après dix ans chez TAL et 4 ans chez Natcan, cet analyste financier agréé (CFA) a d’ailleurs fait son entrée chez SSQ en septembre 2008 entre autres pour paver la voie vers l’adoption de cette nouvelle philosophie qu’il connaissait déjà deux ans avant.

« Comment peut-on justifier qu’un ou deux titres puissent prendre tout un indice en otage », a-t-il lancé d’emblée en entrevue au Journal de l’assurance. En février 2001, Nortel se transigeait de 50 à 60 fois ses bénéfices et valait 30% du S&P/TSX 60. Aux États-Unis, le titre de CISCO se transigeait à 80 fois ses bénéfices. Après ces excès, le chercheur Rob Arnott s’est demandé comment bâtir un indice où le poids des titres n’est pas déterminé par des critères subjectifs comme le ratio cours-bénéfices », a expliqué M. Leclair.

Les facteurs fondamentaux sont plus fiables, dit M. Leclair, parce qu’ils ne sont pas influencés par le facteur humain et ne laissent pas de place à l’interprétation. « L’indice RAFI est une formule mathématique simple et sans émotion avec quatre fondamentaux vérifiables par des firmes comptables. La gestion fondamentale permet de retirer du poids d’un titre l’effet du prix et de l’émotivité des investisseurs. Si on avait appliqué cette approche à Nortel, son titre aurait pesé 8 % dans l’indice plutôt que 30 % », dit-il.

Ainsi, on obtient un indice beaucoup plus stable qui évite le « bruit », ajoute M. Leclair. Le bruit, c’est la volatilité, les mouvements spéculatifs, les bulles… Et ce bruit peut avoir un effet dévastateur sur un portefeuille. Selon Research Affiliates, surpondérer ou sous-pondérer régulièrement des titres en se basant simplement sur leur prix peut diminuer la performance d’un portefeuille d’investissement de 2% à 3% annuellement.

Les  analyses de Research Affiliates remontent jusqu’en 1900. Elles montrent que sur une longue période, l’approche RAFI bat régulièrement les indices et offre des performances que Martin Leclair qualifie d’extraordinaire. Même pris individuellement, chacun des quatre fondamentaux battent l’indice de référence, précise-t-il. Déjà 30 milliards de dollars sont gérés sous la philosophie RAFI mais Martin Leclair observe que cette nouvelle méthode pénètre très lentement le Canada. « Nous sommes souvent lent à adopter de nouvelles idées », dit-il.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Structure de frais des Portefeuilles de placement garanti PRO SSQ
Nom Répartition revenu fixe/actions (%) Frais de garantie (%)
  Revenu fixe Actions Ratio des frais de gestion Garantie supérieure Garantie de retrait minimum (RGA)
Fondamental sécuritaire 65 35 2,47 0,62 0,45
Fondamental équilibré 40 60 2,52 0,62 0,55
Fondamental croissance 30 70 2,57 0,62 0,75
Fondamental audacieux 20 70 2,63 0,75 0,85

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Andrew Rickard