En acquérant son principal concurrent au Canada dans le marché de l’assurance des frais juridiques, Barbara Haynes, PDG d’ARAG Canada, croit que son entreprise pourra réaliser plus rapidement ces objectifs, a-t-elle confié en entrevue au Portail de l’assurance.
Celle-ci n’est pas non plus en terrain inconnu, car elle avait contribué au lancement des activités canadiennes de DAS Canada, l’entreprise acquise, au tournant des années 2010. Après une semi-retraite, elle a joint ARAG en 2019, puis en a pris les destinées au début de 2020.
La clé de cette transaction ? La taille qu’atteint ARAG dans son segment de prédilection au Canada. Mme Haynes estime que sa compagnie en détient maintenant près de la moitié des primes, avec un volume avoisinant les 45 M$. Elle estime que le volume total de l’assurance des frais juridiques au Canada est d’environ 100 M$. Elle se dit convaincue que ce volume grandira au fur et à mesure que les Canadiens prendront conscience de l’importance de détenir une telle protection.
Comme dans toute intégration, aligner les cultures des deux entreprises sera le grand défi de cette transaction, estime Mme Haynes. Elle souligne toutefois que les deux entités présentent plusieurs similitudes, notamment au niveau de leur caractère entrepreneurial.
« DAS Canada, étant la propriété de Munich Re, se devait de réfléchir au rendement de ses actionnaires étant cotée en Bourse. Ce n’est pas le cas d’ARAG, qui est une entreprise à caractère familial. Ça nous permet d’avoir une vision à plus long terme sans avoir celle à considérer pour les actionnaires externes à l’entreprise », dit-elle.
D’ailleurs, ARAG traitera maintenant avec 200 distributeurs différents à travers le pays à la suite de cette transaction, la plupart étant des cabinets de courtage en assurance de dommages. Ce réseau sera utile aux ambitions d’ARAG au Canada, dit Mme Haynes, car l’entreprise a quelques autres concurrents dans le marché, dont des syndicats Lloyd’s, un joueur américain, Entrust, mais aussi d’autres tiers qui commercialisent un produit similaire. Elle dit s’attendre à ce que d’autres joueurs s’y greffent au fil des ans, vu le potentiel du produit.
« Il faut en augmenter la prise conscience, car donner accès aux conseils d’avocats peut s’avérer très utile. Plus cette conscientisation ira en grandissant, mieux ce sera pour nous », dit-elle.
Elle en compare la croissance à venir comme certains autres produits dont la conscientisation s’en va en grandissant, tels que la cyberassurance, l’assurance responsabilité pour les administrateurs et dirigeants ou encore l’assurance voyage, où des joueurs extérieurs à l’industrie, tels que WestJet et Air Canada, s’y greffent.
« Aux États-Unis, le produit d’assurance juridique connait une belle croissance en étant greffé aux avantages sociaux. C’est une approche que l’on regarde ici », dit Mme Haynes.
L’arme du numérique
L’innovation sera aussi clé pour faire connaitre davantage ce produit. Et qui dit innovation dit aussi numérique par les temps qui courent, alors qu’ARAG continue de déployer son dialogueur dans certains pays européens, qui s’ajoute à ses services téléphoniques. Ce fut d’ailleurs l’une des clés de la transaction avec DAS Canada, relate Mme Haynes.
« DAS Canada n’était pas dans une position d’investir en TI pour améliorer ses perspectives. Chez ARAG, on croit beaucoup aux solutions numériques, qui apportent de l’efficience à nos clients. La transaction nous donne aussi la taille pour réaliser des économies d’échelle dans nos investissements », dit-elle.
La pandémie de COVID-19 a aussi rehaussé l’attrait du produit, dit Mme Haynes, alors que l’entreprise a vu une hausse du nombre d’appels pour des gens ayant perdu leur emploi. Le soutien des différents paliers de gouvernement a toutefois facilité les choses pour nombre de gens.
Néanmoins, plusieurs propriétaires de petites entreprises ont joint les avocats d’ARAG pour bien se faire guider dans les conseils à prodiguer à leurs employés. L’interprétation de diverses clauses de contrats a aussi généré son lot d’appels, dit Mme Haynes.
En rappel
Dans l’édition du Journal de l’assurance de juin 2020, Barbara Haynes a partagé sa vision stratégique des mois à venir. On peut relire cet entretien en cliquant ici.