Avec la montée de l’exploitation des données et des effets du changement climatique, l’industrie a intérêt à se remettre en question. Charles Brindamour en appelle la société et les individus qui la composent à faire de même.
Le PDG d’Intact Corporation financière a livré ce message devant le Cercle canadien de Montréal, le 16 janvier, alors que 2017 marque le 10e anniversaire des balbutiements de la société de portefeuilles. En 2007, le Groupe ING éprouvait des difficultés et a décidé de vendre ses activités canadiennes. Intact a vu le jour deux ans plus tard, en 2009, après que ses dirigeants, menés par M. Brindamour, ont contribué à créer un groupe d’assurance canadien racheté à ING.
Sur un plan plus personnel, 2017 marque aussi un cap important dans la carrière de M. Brindamour. Entré au Groupe Commerce en 1992, il travaille dans l’univers d’Intact depuis un quart de siècle.
Après 25 ans dans l’industrie de l’assurance, il estime que la technologie ne suffira pas à transformer l’industrie. Pas plus que la recherche et le développement. Pour M. Brindamour, le changement passe avant tout par la mobilisation de ses équipes. C’est pourquoi il dit qu’Intact a créé un environnement qui remet en question le statu quo.
« L’intelligence artificielle : ça se passe maintenant ! »
Lors de son allocution, il a ajouté que l’intelligence artificielle prend de plus en plus de place dans notre quotidien. « Il faut s’y préparer dès maintenant ! »
Il a aussi affirmé que l’économie de partage serait l’une des grandes tendances qu’on observera au cours des prochaines années. « Ça va redéfinir le risque. Il est essentiel de se remettre en question. Les questions que cela apporte sont vraiment importantes. Ce n’est pas négatif, mais ça amène une remise en question. »
M. Brindamour a d’ailleurs souligné que c’est pour cette raison qu’Intact a doublé ses investissements en technologie. Ils sont maintenant de l’ordre de 100 millions de dollars (M$) par année, dont 70 M$ sont dépensés par ses équipes du Québec. « Le Québec n’est pas une simple succursale au sein d’Intact », a-t-il tenu à rappeler.
Il juge aussi important de considérer la façon dont Intact aborde son développement. « Ça ne consiste pas à générer plus de logiciels. Il faut en venir à créer des solutions. En améliorant notre expérience numérique, il sera plus difficile de nous concurrencer. Je veux qu’Intact soit l’une des meilleures sociétés au monde à ce chapitre. »
Il souligne que les assureurs en sont au point d’essayer d’évaluer le cout de sinistralité d’un client. « C’est pour cela que l’on tente de mieux comprendre leurs comportements. On investit ainsi du capital de risque dans des startups, comme nous l’avons fait dans un réseau de distribution au Brésil ou encore dans Metromile aux États-Unis. On investit aussi en économie de partage. Il faut mettre l’emphase sur la remise en question. »
La quantité de données à traiter a explosé, fait remarquer M. Brindamour. Il fait toutefois remarquer que les assureurs ont déjà une forte capacité à recueillir ces données, car ils l’ont toujours fait au fil de leur existence pour analyser les risques qu’ils assurent. « La propriété de ces données est toutefois remise en question. Il faut y voir. »
L’enjeu des changements climatiques
M. Brindamour a aussi abordé la menace que pose le changement climatique. Il a relaté qu’en septembre, il a navigué à bord d’un brise-glace au travers des Terres de Baffin, au nord du pays. Le couvert de glace y a fondu de 30 % au cours des dernières années.
« Comme assureur, nous avons la chance d’être en première ligne des changements climatiques et des catastrophes naturelles. Comment s’en prémunir ? Il faut tout d’abord mieux planifier nos investissements en infrastructures. Nos décideurs prennent des décisions à cet égard qui auront des impacts durant les 30, 40, voire 50 prochaines années. En plus, la population est très peu éduquée à cet effet. Le Canada est plusieurs années en arrière comparé à d’autres pays sur ce plan. »
Le PDG d’Intact souligne qu’il se fait du développement immobilier dans le moment sans souci à l’égard du risque d’inondations. « Certaines résidences ne seront plus assurées si elles sont dans des zones qui sont inondées chaque année. Il faut s’en soucier. »
M. Brindamour a conclu son allocution en soulignant que les leadeurs d’aujourd’hui devaient investir en considérant qu’ils font des sacrifices à court terme. « Ils doivent comprendre qu’ils doivent investir maintenant. Ça ne rapportera pas instantanément. C’est sur le long terme qu’ils enregistreront des gains. »