Dans ses perspectives de répartition de l’actif du troisième trimestre de 2024, l’équipe de solutions multiactifs de Gestion privée Manuvie souligne que les États-Unis sont demeurés la figure de proue des marchés durant la première moitié de l’année.
Le gestionnaire croit que le portrait pourrait changer si la conjoncture économique continue de se détériorer, et que le cycle de réduction des taux s’accèlère. « Certains actifs dotés d’une bonne marge de sécurité offerte par leur valorisation surclasseront potentiellement leurs pairs », estime son équipe de solutions multiactifs.
Dans ses perspectives publiées en juillet 2024, Gestion privée Manuvie observait que les actions européennes ont vu leurs bénéfices dépasser les attentes. Il notait que la valorisation des actions d’entreprises américaines à petite capitalisation avoisinait son plus bas niveau historique par rapport à celle des titres d’entreprises à grande capitalisation.
Le gestionnaire avait aussi vanté les actions chinoises, aux valorisations attrayantes. Il voyait en outre un retour en grâce des obligations de première qualité, sous l’influence des baisses de taux aux États-Unis. Baisses qui profiteraient aussi aux actions de petites capitalisations, selon lui.
Hors des sentiers battus
On assiste à un retournement de situation en Europe – Empire Vie
Ces propos demeurent d’actualité, selon Perspectives semestrielles des marchés pour 2024 : Actions mondiales, publié par Empire Vie, le 6 septembre. L’assureur y constate que les marchés européens ont bénéficié de la baisse de l’inflation et des révisions positives du produit intérieur brut (PIB). « On assiste à un retournement de situation en Europe, dont le PIB a progressé de 0,3 % au deuxième trimestre de 2024, après un recul de 0,1 % au dernier trimestre de 2023 », avance l’assureur.
Comme l’indice S&P 500 a profité de l’impulsion des sept magnifiques (Alphabet, Amazon, Apple, Microsoft, Meta, NVIDIA et Tesla), l’indice STOXX Europe 600 bénéficie aussi de son groupe de meneurs : les « granolas ». Empire Vie précise qu’il s’agit d’un groupe de plusieurs grandes entreprises, plus diversifiées que les sept magnifiques.
Selon Empire Vie, ces entreprises européennes se concentrent sur les progrès de la médecine, des sciences de la santé et de la technologie, dit l’assureur. « À différents égards, ces entreprises touchent notre vie quotidienne et devraient contribuer aux rendements des marchés boursiers européens », affirme-t-il.
L’Asie attire aussi le regard d’Empire Vie. « L’augmentation des salaires et l’amélioration des normes de gouvernance d’entreprise sont quelques-unes des raisons pour lesquelles nous continuons d’avoir une vision positive du Japon alors que nous entamons le deuxième semestre de l’année », remarque l’assureur. Il explique que les plus grandes entreprises japonaises ont accordé des augmentations salariales de 5,28 % en 2024, soit la plus forte hausse en 33 ans.
Surpondérer les obligations
Dans Mensuel de Stratégie & Macroéconomie de septembre 2024, iA Gestion mondiale d’actifs (iAGAM) se demande si l’économie américaine serait soudainement devenue moins exceptionnelle. Les dernières années ont consacré l’expression « exceptionnalisme américain », selon le mensuel d’iAGAM.
IAGAM emploie cette expression pour refléter la capacité des États-Unis à gonfler leur dette publique et la forte valorisation de leur marché boursier. « Même les Jeux olympiques d’été ont semblé confirmer cet exceptionnalisme du marché boursier », écrivent les auteurs du mensuel. Au coude-à-coude avec la Chine au chapitre des médailles d’or, les États-Unis ont récolté au total 126 médailles aux Jeux de Paris 2024, contre 91 pour la Chine.
Le gestionnaire affilié à iA Groupe financier dit toutefois observer que le marché obligataire commence à douter de la capacité de l’économie américaine à rester aussi exceptionnelle pendant plusieurs années. Selon lui, ce sentiment a provoqué les soubresauts qui ont fait bondir l’indice de volatilité VIX pendant la semaine du 5 août. IAGAM note aussi avoir noté qu’au fil des mois, l’inflation a ralenti au gré de deux dynamiques : la désinflation des biens à un rythme soutenu, et le ralentissement de l’inflation dans le secteur des services.
Ces dynamiques l’ont amené à réduire sa sous-pondération dans les titres à revenu fixe. « Notre positionnement a changé au cours du mois. Entre autres, nous surpondérons maintenant les obligations, et nous avons augmenté le poids des actions canadiennes et réduit notre exposition au dollar américain », résume dans une note adressée au Portail de l’assurance Sébastien Mc Mahon, vice-président, répartition d’actifs, à iAGAM, et stratège en chef, économiste sénior et gestionnaire de portefeuilles d’iA Groupe financier.
M. Mc Mahon s’attend également à ce que la volatilité se poursuive. « Nous maintenons une position dans l’or, qui devrait continuer de bénéficier de l’environnement d’incertitude attendu cet automne », révèle-t-il dans une note adressée au Portail de l’assurance.
Faire fi du bruit
La volatilité récemment observée sur les marchés s’est accentuée après la publication de données économiques en baisse aux États-Unis, notamment le rapport sur le nombre d’emplois non agricoles du 2 août, relate pour sa part Fidelity dans ses perspectives intitulées Faire fi du bruit concernant la volatilité des marchés.
Les craintes de récession ont fait chuter les taux obligataires, ajoute Fidelity. Malgré tout, il croit que la volatilité n’est pas nécessairement un signe annonciateur de récession. Gestionnaires de portefeuille à Fidelity, David Wolf et David Tulk relèvent que la récente volatilité des marchés a probablement été exacerbée par un engouement marqué du marché pour les titres du secteur des technologies de l’information.
Le dénouement rapide des positions de change après l’affaiblissement prévu du yen japonais et une liquidité saisonnière limitée ont aussi intensifié la volatilité. « Ces événements ont inquiété les marchés », disent les deux gestionnaires. Ces événements rappellent selon eux l’importance de continuer de mettre l’accent sur leur cadre de placement « fondé sur la recherche à quatre piliers ».
Parmi ces piliers, la confiance dicte selon eux de tirer parti des craintes du marché plutôt que d’y céder. Les fonds sous-jacents que préfèrent les deux gestionnaires comme composantes de base font la même chose : « ils cherchent à saisir des occasions lorsque la confiance dans les titres de leurs fonds est au plus bas ».
MM. Wolf et Tulk ne sont pas convaincus que le risque de récession se soit fortement accentué depuis la semaine du 5 août. De son côté, iAGAM croit que le risque d’une récession américaine est faible au cours des 12 prochains mois, probablement de l’ordre de 25 % à 35 %. Le gestionnaire voit que le marché du travail américain se normalise, dans un vaste processus de stabilisation de l’économie.