L’Autorité des marchés financiers vient de publier un document de réflexion qui expose les avantages et risques associés à la numérisation des services financiers.

Le document, intitulé « Perspectives sur les risques et bénéfices des services financiers numériques pour les consommateurs », a été rendu public à l’occasion de la 17e édition du Rendez-vous de l’Autorité, tenu le 22 novembre dernier à Montréal. 

Le document de plus 60 pages met notamment en perspective l’impact de la pandémie de COVID-19, qui a entraîné l’accélération de l’offre de services numériques, tous secteurs confondus. Même si les consommateurs se considèrent comme étant autonomes dans leur prise de décisions financières, certains des produits qui leur sont offerts sont complexes et présentent des divulgations incomplètes ou sont trop risqués pour eux. 

L’Autorité propose d’utiliser les innovations technologiques pour accroître la littératie financière et numérique des consommateurs, l’innovation responsable chez les fournisseurs et l’examen des enjeux nouveaux qui découlent de la transformation numérique du secteur financier. 

La consommation autonome de produits financiers par l’entremise des canaux numériques s’impose de plus en plus au détriment de l’approche classique où les consommateurs sont accompagnés dans leur démarche d’achat par des intermédiaires : conseiller, courtier ou banquier. En s’exposant à des risques dont il ne mesure pas toujours la gravité, le consommateur augmente le potentiel de préjudice qu’il peut subir. 

Le document de réflexion comprend trois grands chapitres. Le premier traite des grandes tendances de fond reliées à la connectivité, aux changements démographiques et des nouvelles habitudes de consommation. 

Le second chapitre énumère des constats et observations sur les services bancaires et de crédit, les valeurs mobilières, les assurances et l’écosystème des cryptoactifs. 

Le troisième chapitre présente les enjeux nouveaux associés à la numérisation de la finance, notamment les fraudes, la protection de la vie privée et des renseignements personnels, la cybersécurité, etc. 

Allocution 

Dans la préface du document de réflexion, le PDG de l’Autorité, Louis Morisset, rappelle que l’organisme a créé un groupe de travail en 2016 pour faire la vigie des innovations technologiques. Le rapport « L’intelligence artificielle en finance — Recommandations pour une utilisation responsable » a d’ailleurs été publié par ce groupe en 2021. 

L’élimination des intermédiaires dans certains marchés, notamment dans le cas des cryptoactifs, représente un des nombreux défis associés à la numérisation des activités financières, ajoute le PDG de l’Autorité. 

Lors de son allocution présentée au Rendez-vous, M. Morisset a résumé l’importance du changement qui découle de la numérisation des activités commerciales, incluant les services financiers. Cette transformation n’est pas sans risque, selon lui.

Les téléphones intelligents nous donnent accès au monde, ce qui inclut les services financiers. « Ces services nous suivent où que nous soyons. Ils sont personnalisés, disponibles de jour comme de nuit, et de plus en plus diversifiés », dit-il. 

Les consommateurs qui naviguent en ligne ont accès aux services financiers, mais aussi à l’offre d’autres fournisseurs, dont certains sont établis ailleurs dans le monde et qui ne sont pas encadrés de manière aussi serrée qu’au Québec. 

« Les bénéfices de la transformation numérique des produits et services financiers sont multiples et bien réels, mais les risques le sont tout autant. Plus que jamais, nous devons travailler ensemble, intervenants du secteur financier et régulateur, pour rehausser la vigilance des consommateurs et contribuer à une meilleure littératie financière et numérique au Québec », ajoute M. Morisset. 

À cet égard, il rappelle que les consommateurs sont plus réceptifs aux messages d’éducation financière lorsqu’ils sont déjà engagés dans une démarche d’achat. « Je vous encourage donc à toujours tenter d’intégrer davantage d’éléments de littératie dans vos communications avec vos clients, spécialement les plus jeunes », souligne Louis Morisset lors de son allocution. 

Deux grandes conclusions 

L’Autorité tire deux grandes conclusions de sa réflexion. Premièrement, l’industrie financière repose de manière importante sur la confiance des consommateurs québécois. La concertation est requise pour augmenter la vigilance de ces derniers à l’égard des nouveaux risques qui se présentent à eux. 

Cette vigilance constitue la première ligne de défense face à la fraude et aux diverses pratiques abusives qui ont cours dans les canaux numériques, insiste-t-on. 

Deuxièmement, la littératie financière classique ne suffit plus. Les consommateurs doivent développer les compétences requises pour naviguer de manière sécuritaire dans cet environnement numérique.

Ces consommateurs bien informés doivent reconnaître les tentatives d’hameçonnage, protéger leurs renseignements personnels, consentir à leur partage de façon éclairée, discerner la fiabilité des sources d’information et comprendre les conditions d’utilisation des services financiers numériques. 

L’Autorité entend continuer de collaborer avec les intervenants du secteur financier par l’entremise de son Programme de partenariats stratégiques en éducation financière, sensibilisation et recherche. Sept axes de recherche sont privilégiés dans le cadre de ce programme, dont les lignes directrices sont présentées dans l’onglet « À propos de l’Autorité » de son site Internet. 

Nouvelle dénomination 

Par ailleurs, le 22 novembre, l’Autorité a aussi annoncé que la surintendance de l’encadrement de la solvabilité deviendra, à partir du 5 décembre prochain, la surintendance des institutions financières. 

Ce changement dans le cadre de la réalisation du plan stratégique 2021-2025 de l’Autorité, lequel vise à renforcer les capacités opérationnelles de l’organisation afin d’appuyer sa mission et de veiller à ce que son travail d’organisme réglementaire soit toujours plus pertinent face aux défis complexes du marché.