L’Autorité des marchés financiers a donné deux raisons pour avoir devancé au 12 février 2024 son rendez-vous annuel de novembre : entré en fonction en août 2023, son nouveau PDG, Yves Ouellet, était prêt pour une sortie publique ; et le régulateur fête ses 20 ans d’existence en 2024.

Robert Panet-Raymond

En présentant son nouveau PDG à l’auditoire, le président du conseil consultatif de régie administrative (CCRA) de l’Autorité, Robert Panet-Raymond, a vanté la collaboration et le leadership du régulateur avec ses pairs canadiens et ailleurs dans le monde. Il a dit que l’Autorité poursuivra dans la veine de l’harmonisation. « L’harmonisation des encadrements est devenue un levier important pour l’industrie et pour le bénéfice des consommateurs », croit M. Panet-Raymond. 

Parmi les principaux défis du secteur financier dans les 20 prochaines années, le président du conseil de l’Autorité a signalé les changements climatiques et l’intelligence artificielle. « L’éducation financière est aussi une grande préoccupation. Il nous fallait un leader visionnaire », a-t-il poursuivi avant d’inviter le PDG de l’Autorité à prendre la parole pour la première fois devant le public.  

Objectif de collaborer 

Dans son premier discours public à titre de président-directeur général de l’Autorité, Yves Ouellet a qualifié de record la participation d’environ 400 personnes à l’événement. Plusieurs dirigeants de l’industrie de l’assurance étaient présents, dont Denis Ricard, président et chef de la direction d’iA Groupe financier, Denis Dubois, premier vice-président en gestion de patrimoine et assurance de personnes au Mouvement Desjardins, Geneviève Fortier, cheffe de la direction de Promutuel Assurances et Christian Mercier, président-directeur général d’UV Assurance.

« Il faut prévoir, il faut se préparer, mais il faut aussi collaborer. Nous continuerons de collaborer avec vous de manière étroite. On pense que le régulateur doit être proche de ses partenaires », a enchaîné le PDG de l’Autorité. « Il faut protéger les consommateurs, mais également s’assurer qu’on ait des marchés financiers qui sont performants et innovants », a-t-il ajouté. 

Réflexion sur l’IA 

Yves Ouellet a souligné que son premier grand défi sera l’intelligence artificielle, dont il a qualifié la croissance d’exponentielle. Ce sera aussi son premier test de collaboration. L’Autorité a publié le même jour un document de réflexion et de discussion dans lequel elle propose 30 meilleures pratiques pour l’utilisation responsable de l’intelligence artificielle (IA) dans le secteur financier.

Utiliser l’IA dans l’intérêt du consommateur et en respectant leur vie privée arrivent en premier dans le document de l’Autorité. L’Autorité propose aussi que l’IA gère les conflits d’intérêts à l’avantage du consommateur et que l’industrie justifie chaque cas d’utilisation de l’IA. Les utilisateurs de système d’IA devront en porter la responsabilité, qu’ils soient leur créateur ou qu’ils utilisent le système d’un tiers.

Avant le 14 juin 

L’Autorité invite les parties intéressées à la rencontrer et lui soumettre leurs commentaires sur les pratiques. Elles sont aussi invitées à répondre à une liste de questions avant le 14 juin 2024. L’Autorité organisera des tables rondes et d’autres forums de discussion. Le régulateur dit vouloir obtenir des commentaires supplémentaires et approfondir sa compréhension de l’utilisation de l’IA. 

Parmi les questions qu’elle pose, l’Autorité demande aux participants quels seraient le rôle et la meilleure façon pour l’Autorité d’accompagner les intervenants financiers dans l’intégration de l’IA. L’Autorité veut aussi savoir quelles utilisations de l’IA en finance représentent le plus de risques. Elle demande en outre si la mise en œuvre de ses propositions pourrait freiner l’innovation. Et si oui, pour quelles raisons. 

Bénéfices et risques 

On voit déjà beaucoup de bénéfices. C’est en même temps une technologie pour laquelle on voit des risques – Yves Ouellet 

Yves Ouellet se fait optimiste… avec réserve. « C’est une nouvelle technologie pour laquelle on voit déjà beaucoup de bénéfices. C’est en même temps une technologie pour laquelle on voit des risques. »  

M. Ouellet a insisté sur la nécessité d’assurer une utilisation responsable de l’intelligence artificielle dans l’industrie. « On veut alimenter les discussions, tant sur les opportunités que sur les risques. L’objectif est de connaître les différentes positions, le savoir, le travail fait pour mettre tout en commun. Ce sera un intrant important pour les travaux que l’Autorité réalisera », a-t-il ajouté.