Ce mercredi 8 avril, le premier ministre Justin Trudeau a annoncé que la baisse des revenus engendrée par la pandémie de la COVID-19 et donnant accès à la subvention salariale d’urgence (SSU) a été réduite à 15 % en mars, au lieu de 30 % comme annoncé la semaine précédente.
M. Trudeau a expliqué que la majeure partie des entreprises ont subi le choc du ralentissement économique et du confinement obligatoire seulement à partir de la mi-mars. Le seuil de 30 % est maintenu pour les mois d’avril et de mai.
Pour avoir accès à la SSU en mars, avril et mai 2020, l’entreprise pourra comparer ses revenus avec ceux des mêmes mois de l’année précédente, ou alors avec le mois de janvier de février 2020. Ottawa accepte que les employeurs puissent utiliser la comptabilité de caisse aux fins de la comparaison.
De son côté, le Conseil du patronat du Québec souligne également son appui au changement touchant les charges salariales. Les employeurs pourront obtenir le remboursement de toutes les cotisations à l’assurance emploi, aux régimes publics de pensions (RPC ou RRQ) et au régime québécois d’assurance parentale (RQAP). Seront aussi remboursées les cotisations versées sur le salaire des employés en congé payé. Ceux-ci ne doivent accomplir aucune tâche durant une semaine complète tout en recevant leur salaire.
Les employeurs doivent continuer de percevoir et de verser les cotisations des employeurs et des employés à chaque programme. Ils pourront demander le remboursement en faisant leur demande pour la SSU.
La Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI) s’est réjouie des changements apportés à la SSU. Dans un communiqué publié lundi dernier où elle réclamait des correctifs, la FCEI notait que de nombreuses entreprises ne sont pas en mesure d’attendre de trois à six semaines avant de recevoir de l’aide pour le paiement des salaires.
Dans son allocution quotidienne mercredi, Justin Trudeau a promis que le gouvernement travaillait d’arrache-pied pour que les sommes associées à la SSU soient versées en trois semaines.
Endettement
Les factures mensuelles à payer et les dettes qui s’empilent sont en tête des préoccupations des propriétaires de PME. Selon le sondage commandé par la FCEI publié mardi 7 avril, plus de trois dirigeants sur quatre affirment être très préoccupés par les liquidités insuffisantes et l’état des finances de leur entreprise à long terme.
Dans la quatrième édition du sondage portant sur les impacts de la COVID-19 sur leur entreprise, à laquelle ont participé 10 550 répondants, quelque 31 % d’entre eux indiquent que leur entreprise est complètement fermée et 48 % indiquent avoir réduit leurs activités en raison des mesures imposées par la santé publique.
Quelque 30 % des répondants disent ne pas avoir assez de liquidités pour payer les factures d’avril (salaires, loyers et autres comptes).
Par ailleurs, si 44 % des propriétaires songent à faire une demande de prêt par l’entremise du compte d’urgence pour les entreprises canadiennes (CUEC). De plus, 20 % des entrepreneurs indiquent qu’ils aimeraient faire la demande tout en pensant que leur PME ne se qualifiera pas pour le prêt.
Ce mercredi, les six grandes institutions financières membres de l’Association des banquiers canadiens ont publié un communiqué pour annoncer qu’elles facilitaient l’accès au CUEC destiné aux PME. Le formulaire est déjà en ligne et les banques promettent de verser les fonds rapidement.
Pause prolongée
Le dimanche 5 avril, le gouvernement du Québec a annoncé que la fermeture des commerces allait se prolonger d’au moins trois semaines, jusqu’au 4 mai prochain. Selon la FCEI, sans soutien direct supplémentaire, plusieurs PME devront fermer définitivement, estime François Vincent.
Jusqu’ici, les mesures de soutien gouvernemental se sont essentiellement traduites par des prêts, souligne la FCEI. Au Québec, 35 % des propriétaires de PME affirment être incapables d’augmenter leur endettement.
Des changements ont aussi été apportés à la prestation canadienne d’urgence (PCU) pour que les pigistes, les travailleurs à temps partiel et les propriétaires de PME y aient accès. Ainsi, les entrepreneurs qui se versent des dividendes au lieu d'un salaire ont droit aussi aux prestations. En trois jours, plus de 2,2 millions de personnes avaient déposé leur demande pour la PCU à l’Agence du revenu du Canada.
De son côté, le gouvernement du Québec suspendra ce vendredi le programme d’aide temporaire aux travailleurs (PATT) qui avait été annoncé dès le 16 mars dernier. Le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale, Jean Boulet, a indiqué mercredi que le PATT avait permis de soutenir financièrement plus de 13 000 citoyens, forcés de s’isoler en raison du virus, et n’ayant pas accès à un autre programme de remplacement du revenu. Quelque 14,5 millions de dollars (M$) ont été versés par l’entremise de ce programme, devenu caduc depuis le lancement de la PCU par Ottawa.
Aide aux PME du Québec
Le vendredi 3 avril, le ministère de l’Économie et de l’Innovation (MEI) du Québec a modifié le programme « Aide d’urgence aux PME ». Deux semaines plus tôt, le gouvernement avait lancé le programme d’action concertée temporaire pour les entreprises (PACTE), par l’entremise duquel les entreprises ont droit à un prêt ou une garantie de prêt d’au moins 50 000 $ pour leur fonds de roulement.
Le nouveau programme cible les PME en accordant des montants inférieurs à 50 000 $. Une enveloppe de 150 MS a été mise à la disposition des MRC et des grandes villes. Des montants de 40 M$ et de 10 M$ seront respectivement octroyés aux villes de Montréal et de Québec pour qu’elles puissent venir en aide aux PME de leur territoire.
Selon Sévrine Lavelle, PDG de Femmessor, le changement apporté à ce programme est très bien vu par les entrepreneures. Les données de Statistique Canada révèlent que 51 % des entreprises détenues par des femmes sont des entreprises individuelles, tandis que 46 % d’entre elles comptent moins de 20 employés. « Ces entreprises possèdent généralement moins de liquidités et de moyens financiers pour faire face à la situation actuelle », indique Mme Labelle.
Le MEI a aussi annoncé de nouvelles mesures d’assouplissement des conditions de remboursement des prêts consentis par l’entremise des Fonds locaux d’intervention (FLI) implantés dans chaque MRC. Les entreprises auront un répit de six mois pour le remboursement de leur prêt (capital et intérêts). Le mandat des FLI a aussi été prolongé de deux ans, jusqu’au 31 décembre 2022.
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