Selon les données tirées de son plus récent sondage en ligne lancé vendredi 20 mars, la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI) constate que plus de la moitié des PME sont en partie ou complètement fermées.

Les mesures de confinement supplémentaires annoncées le lundi 23 mars au Québec et ailleurs au Canada, du fait de la propagation de la COVID-19, finiront de « mettre en péril » la santé financière des entrepreneurs. Seule une intervention énergique des gouvernements permettra de reprendre la vie normale quand la crise sanitaire sera passée, estime la FCEI.

« Les gouvernements sont largement occupés par la crise sanitaire actuelle. Ils doivent travailler en même temps pour répondre à l’urgence économique provoquée par la pandémie. Il est essentiel que les gouvernements agissent rapidement pour préserver les emplois locaux et l’économie en mettant en place des mesures qui permettront aux entreprises de survivre à cette crise sans précédent et d’être présentes lorsque le virus sera derrière nous », indique François Vincent, vice-président de la FCEI au Québec.

La semaine dernière, le quart des entrepreneurs affirmait qu’il ne survivrait pas plus d’un mois dans les conditions actuelles. Cette réponse a été faite par 30 % des répondants dans le plus récent sondage. Or, les restrictions en cours se poursuivront au moins jusqu’au 13 avril au Québec. Les premières mesures de confinement ont été annoncées le 12 mars. En plus, quelque 41 % des répondants disent qu’ils ne survivront pas si la crise dure entre un et trois mois.

Revenus en baisse

Quelque 60 % des PME ont vu leurs ventes fondre de façon significative. Quelque 38 % des PME rapportent une baisse du chiffre d’affaires supérieure à 75 %. Plus de la moitié des propriétaires de PME ont déjà mis à pied des employés, et le quart de tous les répondants ont envoyé au chômage la totalité de leurs effectifs. Quelque 53 % des répondants disent qu’ils vont faire d’autres mises à pied au cours des deux prochaines semaines.

Les propriétaires de PME doivent mettre à pied leurs salariés, et produire des relevés d’emploi est compliqué, surtout pour ceux qui sont forcés de mettre au chômage tous leurs employés d’un seul coup, souligne la FCEI. « Certains chefs de PME cherchent des moyens de garder leurs travailleurs tout en réduisant leurs couts d’exploitation afin de traverser la crise », ajoute M. Vincent. Les entrepreneurs sont nombreux à téléphoner à la Fédération pour obtenir des conseils, car les lignes des services gouvernementaux sont engorgées.

Mesures supplémentaires

Les mesures économiques annoncées par le gouvernement fédéral la semaine dernière étaient « un premier pas dans la bonne direction », selon la FCEI. À propos de la subvention salariale de 10 % proposée par Ottawa, quelque 34 % des répondants disent qu’elle ne sera pas du tout utile. Près de six entrepreneurs sur dix pensent qu’elle sera plutôt utile (38 %), voire très utile (20 %).

La FCEI suggère de créer un programme de rétention des employés qui offrirait une subvention salariale afin que les employeurs retiennent leur personnel. Pour être réellement efficace, le programme devrait couvrir au moins 75 % des salaires, pour tous les employeurs, jusqu’à concurrence de 5 000 $ par mois par travailleur, estime la Fédération. Il devrait inclure également les travailleurs autonomes et les propriétaires de PME.

Protéger le lien d’emploi entre les employeurs et les travailleurs permettra d’accélérer la reprise des affaires lorsque la pandémie sera terminée, ajoute la Fédération dans son communiqué, qui demande de:

  • simplifier le programme de travail partagé de l’assurance emploi et y donner accès immédiatement à tous les employeurs;
  • s’assurer que les travailleurs autonomes reçoivent un soutien financier;
  • accorder un allègement fiscal aux employeurs en reportant les versements de taxes de vente, en renonçant aux paiements de l’impôt sur le revenu, des taxes de vente et des taxes sur la masse salariale pour les trois prochains mois pour les employeurs les plus lourdement frappés.
  • reporter toutes les échéances de production de déclarations de revenus, ainsi que la taxe sur le carbone et les hausses des cotisations aux régimes publics de pensions (RPC et RRQ).

Quelque 11 283 répondants ont participé à ce sondage en ligne. À titre de comparaison, pour un échantillon probabiliste ayant un nombre égal de répondants, la marge d’erreur serait de 0,9 %, 19 fois sur 20.

Ça allait bien

Ce mardi, l’Institut de la statistique du Québec (ISQ) lance les « Comptes économiques du Québec, 4e trimestre 2019 ». Le produit intérieur brut réel (PIB) a progressé de 0,1 % par rapport au trimestre précédent, soit une croissance annualisée de 0,5 %.

Le PIB réel au prix courant a augmenté de 2,7 % en 2019, comparativement à 2,5 % en 2018. Le 28 février, Statistique Canada annonçait que le PIB réel du pays avait grimpé de 1,6 %, suivant une croissance de 2,0 % en 2018. Là aussi, on avait noté la même croissance du PIB au Canada, au quatrième trimestre, que celle notée au Québec.

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