Les compagnies d’assurance ont connu de bonnes années récemment, portées par les hausses de primes en assurance de dommages et par les ventes de rentes stimulées par la montée des taux d’intérêt dans le secteur de l’assurance de personnes, selon un nouveau rapport de Bain & Company

Intitulé Bridging the Protection Gap : Affordability, Access, and Risk Prevention, le rapport souligne les défis majeurs qui se dessinent à l’horizon. Ses auteurs évoquent notamment les catastrophes naturelles, les cyberattaques et l’incapacité de l’industrie à aligner correctement prix et rentabilité en fonction des risques.

« Bien que plusieurs titres d’assurance aient bien performé récemment, les investisseurs se montrent désormais sceptiques quant aux perspectives de croissance future du secteur, tout en conservant une opinion favorable envers les assureurs de personnes, surtout dans les marchés émergents », écrivent-ils.

« Alors que de nombreux consommateurs jugent les primes d’assurance de dommages trop élevées et que l’assurance de personnes leur paraît peu pertinente, les assureurs doivent faire évoluer leurs produits, leurs canaux de distribution et leurs modèles d’affaires. » 

Les services de prévention en renfort 

Le rapport met en lumière un important écart de protection, qui représente une réelle occasion d’affaires pour les assureurs. Les auteurs estiment qu’en 2030, seulement de 25 % à 33 % des pertes liées aux catastrophes naturelles seront couvertes par l’assurance.

« En matière de mortalité, ce taux serait inférieur à 50 %. » Pour réduire cet écart, les meilleures stratégies passent par une amélioration de l’accessibilité financière en assurance de dommages et une redéfinition de la pertinence de l’assurance de personnes, notamment par un meilleur accès et une relation plus engageante avec les clients potentiels. Les services de prévention représentent également un levier important pour créer de la valeur, selon les auteurs du rapport. 

Ces services, qui encouragent de meilleures habitudes de conduite, un entretien plus rigoureux des biens et une gestion proactive de la santé, permettent aux assureurs de renforcer leurs relations avec les assurés. 

Une transformation à plusieurs niveaux 

Les auteurs examinent également les changements dans les besoins et les priorités des clients, l’émergence de nouveaux risques appelant de nouveaux produits et de meilleurs mécanismes de prévention, l’engagement client, l’exploitation des données non structurées et le recours à l’intelligence artificielle (IA). Ils abordent aussi la problématique du vieillissement de la main-d’œuvre dans l’industrie et l’émergence du capital alternatif au bilan des assureurs. 

Pour rester pertinents auprès des jeunes générations, les assureurs de personnes devront proposer des protections plus flexibles, transférables et adaptées à la réalité de la retraite d’aujourd’hui, afin de concurrencer les firmes de gestion de patrimoine.

Les auteurs soulignent aussi l’importance de mettre à profit les données et l’IA pour améliorer à la fois l’accessibilité et l’abordabilité des produits. « Des journaux d’appels aux critiques de produits en ligne, en passant par les vidéos captées par caméras de tableau de bord, une explosion de données en temps réel alimente des charges de travail analytiques propulsées par l’IA », écrivent-ils. L’IA peut également appuyer le rehaussement des compétences de la main-d’œuvre en place, notamment en utilisant des outils comme des copilotes ou des synthétiseurs intelligents. 

« Des fonctions névralgiques comme la souscription et le règlement des sinistres pourraient subir de fortes perturbations avec le départ à la retraite, au cours des prochaines années, de professionnels. Bon nombre de ces experts ont passé leur carrière à apprendre à reconnaître les schémas et à prendre des décisions éclairées — que ce soit pour détecter une fraude ou repérer une mauvaise tarification du risque », lit-on dans le rapport. Pour franchir ce « mur des retraites », les assureurs devront investir dans la littératie technologique, les compétences relationnelles et la pensée critique.