Parmi les participants des régimes collectifs de RBC Assurances, 49 % des demandes de prestations d’assurance invalidité de longue durée soumises par les 18 à 35 ans émanent de problèmes de santé mentale. RBC a divulgué en octobre 2021 cette statistique qu’il tire d’une analyse globale des réclamations de ses affaires collectives en 2021.

Julie Gaudry

L’assureur signale que la tendance est à la hausse depuis 2019. Appelé à commenter par le Portail de l’assuranceJulie Gaudry, directrice générale principale, assurance collective de RBC Assurances, a révélé d’autres statistiques en ce sens. « Dans l’ensemble, environ le tiers des réclamations d’invalidité de longue durée sont liées à la santé mentale, ce qui n’est pas significativement à la hausse. Mais chez les 18 à 35 ans, les réclamations en invalidité de longue durée liées à la santé mentale sont passées d’une proportion de 40 % en 2019 à 45 % en 2020, et à 49 % en 2021 », signale Mme Gaudry. 

En manque de socialisation 

Selon Julie Gaudry, voilà un signe qu’il faut porter une attention particulière aux besoins en soutien mental de cette jeune cohorte de travailleurs. Dans un sondage réalisé par IPSOS auprès de 1 001 travailleurs canadiens en avril 2021, près de la moitié des jeunes sondés ont d’ailleurs indiqué que leur régime collectif n’a pas suffisamment pris en charge leurs besoins de santé et bien-être dans la dernière année. 

Les travailleurs sondés ont aussi été appelés à évaluer leur santé mentale, précise Julie Gaudry. Elle révèle que les jeunes travailleurs sont 20 % à la qualifier de mauvaise, comparativement à 3 % chez les travailleurs plus âgés. 

« Les jeunes travailleurs ont mentionné que les facteurs ayant le plus grand impact sur leur santé mentale sont le fait de ne pouvoir socialiser avec des amis ou la famille, le stress lié au travail, ainsi que la fermeture des gymnases et des centres sportifs ou l'incapacité d'accéder à une thérapie », ajoute Mme Gaudry. 

Besoin de soutien personnalisé 

Julie Gaudry estime que les jeunes Canadiens ont été affectés de manière disproportionnée par la pandémie de COVID-19, « surtout en ce qui touche leur bien-être mental ». « C’est particulièrement le cas des personnes des collectivités rurales et éloignées, qui n’ont peut-être pas accès en personne à des services de soutien en santé mentale. » 

Citant le sondage de RBC Assurances, Mme Gaudry a en outre révélé que les jeunes personnes préfèrent une approche plus personnalisée à leurs garanties collectives. Elle ajoute qu’ils veulent pouvoir tirer parti des soins virtuels. « En fait, nous avons constaté que les personnes âgées de 18 à 34 ans montrent la préférence la plus marquée pour utiliser les options de soins virtuels, soit 42 %, contre 33 % chez les 35 à 54 ans », dit-elle. 

Selon le sondage de RBC Assurances, les jeunes travailleurs sont aussi plus susceptibles de signaler qu’ils ont un problème de santé ou une invalidité, soit 22 %, comparativement à 13 % chez les travailleurs âgés de 35 à 54 ans, et 10 % chez ceux de 55 ans et plus. « Cela peut accroître le désir ou le besoin de régimes d’assurance collective flexibles, de programmes de bien-être ou d’accès à des soins virtuels », pense Julie Gaudry. 

Difficile de prédire la suite 

Mme Gaudry s’attend à ce que la santé mentale demeure une préoccupation importante pour les employeurs. Il lui apparaît toutefois difficile de prédire jusqu’à quel point la situation s’améliorera ou s’empirera après la pandémie. « En plus des facteurs de stress collectifs que nous avons tous vécus avec la pandémie et les restrictions de la santé publique, certains travailleurs sont maintenant confrontés à de nouveaux facteurs de stress. »

Elle parle ainsi des travailleurs qui doivent se préparer à revenir sur leur lieu de travail, après avoir travaillé à distance pendant la pandémie. « Il reste à voir comment la situation affectera les employés, mais elle pourrait accroître le besoin de l’employeur de rendre accessible aux employés du soutien en santé mentale alors qu’ils navigueront dans le nouveau monde du travail. » 

Les propos de Julie Gaudry ont été recueillis avant l’arrivée du variant Omicron, qui a forcé depuis un resserrement des mesures sanitaires dans plusieurs provinces canadiennes. Au Québec le 14 décembre 2021, le ministre de la Santé, Christian Dubé, a appelé les employeurs à préconiser le télétravail.