Après une année record en matière de dommages assurés en 2024, le Canada a été relativement épargné en 2025. Cependant, les événements météorologiques extrêmes et les séismes ont continué de faire des ravages partout dans le monde.

Au début du printemps, plusieurs régions du Québec et de l’Ontario ont été touchées par une tempête de pluie verglaçante. La première estimation rapportée un mois plus tard atteignait 342 millions de dollars (M$) en dommages assurés. Le 30 septembre dernier, Catastrophe Indices and Quantification (CatIQ) augmentait cette estimation à 490 M$.

À Montréal à la mi-juillet, des pluies diluviennes ont causé des dommages estimés à près de 120 M$. Quelque 81 mm de pluie sont tombés en moins de 24 heures.

Des assureurs ont rapporté au Portail de l’assurance que les leçons apprises à la suite de la tempête Debby en août 2024 ont été utiles dans le traitement des réclamations découlant de cet événement.

Feux de forêt

Les superficies affectées par les feux de forêt au Canada ont encore été très importantes en 2025, la deuxième plus importante du siècle après 2023. Quelque 8,9 millions d’hectares ont ainsi été ravagés par les brasiers, selon l’estimation faite par le gouvernement fédéral à la mi-novembre.

Dès la fin du mois de mai, le nord du Manitoba et de la Saskatchewan a été particulièrement touché l’été dernier, forçant l’évacuation de plusieurs communautés autochtones. Plus de 5 millions d’hectares brûlés l’ont été dans ces deux provinces. Les dommages assurés étaient estimés à environ 300 M$ par le Bureau d’assurance du Canada (BAC).

Avec les feux de 2024, quelque 30 millions d’hectares ont ainsi été brûlés en trois ans, du jamais vu selon le chercheur Yan Boulanger, qui déclare que le Canada est entré dans l’ère du pyrocène. Ce phénomène contribue d’ailleurs à l’inflation des primes d’assurance habitation au pays.

Les feux de végétation ont causé les dommages les plus importants de l’année dès le mois de janvier dans la région de Los Angeles en Californie. Les feux dans les comtés d’Eaton et de Pacific Palisades ont causé des pertes d’au moins 65 milliards de dollars (G$) américains, dont 40 G$ US en pertes assurées.

Il y a également eu des feux majeurs au Chili en février, en Corée du Sud à la fin de mars et dans plusieurs pays européens en juillet et août, notamment au Portugal, en Espagne, en Italie et en Turquie. En Espagne, les dommages dépassaient 1,1 G$ US, selon Gallagher Re.

Séismes

Le tremblement de terre qui a touché le Myanmar le 28 mars 2025 demeure le sinistre le plus mortel de l’année, avec un nombre de décès variant entre 4 521 et 5 500 selon les différents rapports des firmes spécialisées. Les secousses ont été ressenties dans la Thaïlande voisine. Un autre séisme important a touché l’Afghanistan le 31 août dernier, causant quelque 2 217 décès, selon Gallagher Re.

La préoccupation pour le risque systémique associé à un séisme majeur préoccupe l’industrie canadienne de l’assurance de dommages depuis plusieurs années. La découverte d’une ligne de faille au Yukon a été rapportée dans un rapport d’AM Best sur l’industrie canadienne de l’assurance de dommages.

Des gestes ont été posés ces derniers mois par les autorités canadiennes afin de mieux s’y préparer. En déposant son premier budget en novembre dernier, le gouvernement de Mark Carney a annoncé son intention d’améliorer la résilience du secteur canadien de l’assurance en cas de catastrophe majeure.

Le gouvernement fédéral avait déjà fait un premier pas en ce sens en annonçant, le 21 juillet dernier, la création d’un assureur-relais en cas de faillite d’une compagnie d’assurance de dommages.

Par ailleurs, le 27 novembre dernier, le gouvernement canadien annonçait que le système d’alerte sismique précoce, déjà fonctionnel en Colombie-Britannique, était désormais activé au Québec et en Ontario.

Canicule et sécheresse

Le réchauffement du climat provoque aussi de nouveaux épisodes de canicule et de sécheresse, lesquels finissent parfois par créer des feux de végétation. De longs épisodes de sécheresse ont été observés dans plusieurs pays européens l’été dernier, de même qu’en Chine, aux États-Unis, au Canada et au Brésil. La fonte d’un glacier en Suisse le 28 mai dernier a aussi coûté cher aux assureurs.

Cette chaleur a aussi un impact sur la santé humaine. Les chercheurs spécialisés en santé publique en faisaient le constat dès le début de 2025.

Un autre rapport publié par Swiss Re arrivait au même constat au début de l’été dernier et confirmait que la chaleur extrême causait plus de décès que les autres périls associés aux événements météorologiques.

Le rapport d’une compagnie d’assurance de personnes allait dans le même sens en soulignant les impacts de la canicule sur la productivité au travail et les coûts des régimes collectifs.

Inondations et tempêtes tropicales

Les inondations saisonnières qui frappent la République de Chine durant les mois de juin à septembre auraient causé au moins 12 000 pertes de vies, selon l’estimation faite par Gallagher Re, et 11 700 morts selon Aon.

Fin novembre, des tempêtes tropicales majeures ont causé beaucoup de dommages en Thaïlande, en Malaisie, en Indonésie et au Vietnam, au Sri Lanka et en Inde. Le cyclone Senyar a notamment provoqué des précipitations de 630 mm de pluie en trois jours dans le sud de la Thaïlande, une sévérité ayant une récurrence de 300 ans. L’estimation des dommages rapportée par Aon le 5 décembre atteignait 15,6 G$ US. Au moins 1 269 personnes ont perdu la vie. Le typhon Koto frappait les Philippines dans la même semaine.

Le bassin Atlantique a produit son volume habituel de tempêtes tropicales dont certaines sont devenues des ouragans, mais aucune d’elle n’a touché les États-Unis. Toutefois, plusieurs îles des Caraïbes, notamment l’ouest de la Jamaïque, ont été durement touchées par l’ouragan Melissa.

Le 26 octobre en moins de 24 heures, Melissa est passée de la catégorie 1 à 5 sur l’échelle de Saffir-Simpson. Un creux barométrique de 892 kilopascals a été atteint le 28 octobre, avec des vents de près de 300 km/h. Dans son rapport hebdomadaire du 7 novembre, Aon rapportait au moins 79 décès et des pertes économiques de plusieurs milliards de dollars américains.

Le gouvernement de la Jamaïque pourra utiliser des obligations catastrophes d’une valeur de 150 M$ US qu’il a souscrites en 2024 pour financer les coûts de remise en état. Ces obligations pourraient gagner en popularité, selon les conférenciers présents l’automne dernier à Toronto à l’invitation de Morningstar DBRS.

Prévention

Même si les cibles de réduction des émissions de GES sont atteintes d’ici 2050, ce qui semble de moins en moins certain selon l’Institut climatique du Canada, les gouvernements constatent la nécessité d’investir dans la prévention, la mitigation et la résilience aux changements climatiques. L’industrie de l’assurance presse d’ailleurs les gouvernements de mieux coordonner leurs efforts

Au début de l’année, le gouvernement canadien annonçait un investissement dans la surveillance par satellite des incendies en milieu forestier.

Par ailleurs, on a aussi annoncé en septembre la création du Centre canadien pour le rétablissement et la résilience (CCFRR) grâce au partenariat de Sécurité publique Canada et de l’Institut de prévention des sinistres catastrophiques (IPSC).

En juillet, le Portail de l’assurance faisait le point sur le programme national d’assurance contre les inondations, qui se fait toujours attendre. Une députée du Parti libéral du Canada a d’ailleurs déposé le projet de loi C-241 aux Communes le 22 septembre 2025 pour presser le gouvernement d’adopter une stratégie nationale de prévision des inondations et des sécheresses.

D’ici à ce que les gouvernements et l’industrie concrétisent ce partenariat, des chercheurs continuent de se préoccuper de ce péril, lequel est le plus coûteux pour l’industrie de l’assurance de dommages.

L’ancien directeur d’une mutuelle d’assurance a ainsi déposé sa thèse de doctorat sur le rôle des instances municipales en matière de mitigation du risque d’inondation. Les efforts en matière d’adaptation aux changements climatiques ont aussi été l’objet d’un séminaire à l’Université Laval à la fin d’octobre.