Par son déménagement dans de nouveaux locaux, le cabinet d’experts en sinistre indépendants Déry Barrette a voulu casser l’image vétuste que certains attribuent parfois à ce segment. L’entreprise a ainsi voulu moderniser son image, à l’instar de celle des assureurs.

Et cette mise à niveau était nécessaire, dit son PDG Jacques Fortier, que le Journal de l’assurance a rencontré dans ses nouveaux bureaux, sur la rue Prospect, à Sherbrooke. De nombreux assureurs et cabinets de courtage ont suivi ce chemin, fait-il remarquer. Il est donc logique pour lui que les experts en sinistre indépendants le suivent.

« On l’a fait non seulement pour offrir un environnement plus propice à assurer la confidentialité de nos clients, mais aussi pour notre personnel. Nos anciens locaux étaient plus exigus. C’était donc important de le faire, mais aussi pour montrer à notre relève qu’on prépare bien la suite des choses. Et pour la préparer, il faut y travailler. »

M. Fortier a préféré garder confidentiel le montant exact de la modernisation des locaux de Déry Barrette, qui totalisent 4 500 pieds carrés. Il a toutefois révélé que ce montant se situait dans la basse fourchette des six chiffres.

« C’est un gros investissement. Ça amène une nouvelle dynamique au sein de l’entreprise. Ça envoie un message corporatif de professionnalisme. Nous voulons être à l’image de ce que les assureurs sont et de ce qu’ils souhaitent. Ce n’est pas un accident de parcours si notre entreprise existe depuis 42 ans ! »

Outre sa présence à Sherbrooke, Déry Barrette emploie aussi des experts en sinistre à Granby, Victoriaville, Drummondville et Thetford Mines. Au cours des huit dernières années, l’entreprise a agrandi son territoire et a aussi augmenté son offre de services. Trois-Rivières s’est ajouté il y a quelque mois, par le biais de la filiale Déry Barrette Harnois.

Grand virage

Mais son grand virage s’est amorcé il y a dix ans, alors que M. Fortier s’est adjoint deux avocats comme associés au sein de son entreprise en les personnes de Philippe Bureau et Francis Corriveau. Pour M. Fortier, ce geste lui permettait de traiter des dossiers de sinistre plus spécialisé. C’est d’ailleurs là qu’il voit l’avenir des indépendants en expertise de règlement de sinistre.

« Tout ce qui touche à la fraude, aux enquêtes plus approfondies ou encore à la responsabilité civile de biens et d’indemnités, ou encore de responsabilité professionnelle, sont des dossiers que nous recherchons. Et le changement a été positif pour notre entreprise. »

Est ensuite venue l’embauche d’un directeur des opérations, poste qui est occupé par Bertrand Duclos, et qui agit à titre de responsable de la qualité. À ce titre, il révise tous les grands dossiers de sinistre que traite Déry Barrette.

« Il faut en venir à trouver des solutions pour l’assureur, mais aussi pour l’assuré. Nous en étions rendus là dans notre positionnement d’entreprise. Et pour offrir ce service de qualité, nous avons décidé de répondre aux appels 24 heures sur 24, ce qui veut dire qu’il est toujours possible de parler à un humain si on nous appelle. Cette personne le mettra rapidement en lien avec un expert en sinistre. Pour se coordonner ainsi, il faut de la détermination. Quand les assureurs sont heureux, le reste fait boule de neige. »

Même si garder tous ses employés occupés lorsqu’il y a peu de sinistres demeure un défi, M. Fortier affirme qu’il ne faut pas hésiter à investir financièrement dans ses installations, comme il l’a fait. Il en va de même pour le choix du personnel. « Il ne faut pas faire d’économies de bout d’échelle. Aussi, comme nous sommes en région, il est plus difficile de nous faire valoir, étant donné que nous sommes plus loin des grands centres. »

Pour M. Fortier, la valeur ajoutée d’un expert en sinistre indépendant se mesure par le fait qu’il devient un bras allongé d’un assureur lors d’une réclamation. « C’est notre signature qui est en dessous de la sienne lorsqu’il règle un sinistre. Je suis convaincu que nous présentons une valeur ajoutée. Il faut se distinguer et se différencier en faisant bien son travail. Il ne faut pas juste regarder les honoraires. Il faut voir comment l’assuré a été servi, mais aussi à quelle rapidité le sinistre a été réglé. »

Ne pas attendre les catastrophes

Il lance aussi un message aux assureurs. Il souligne qu’ils ne doivent pas seulement faire appel aux experts en sinistre indépendants lors de catastrophes. Une récurrence de dossiers doit leur être donnée. « C’est ce qui nous permet de faire nos virages dans nos entreprises, dit celui qui est aussi président du regroupement Les Experts en sinistre Trans-Québec. Il y a des assureurs qui nous appuient. Mais on ne peut être là uniquement parce qu’ils n’ont pas d’autre solution. »

Il dit noter une diminution des dossiers réglés dans certains segments, notamment pour le vol de véhicules ou dans des maisons. « Les assureurs traitent plus ces dossiers à l’interne, car ils ont agrandi leurs équipes. Les fusions d’assureurs ont aussi accentué ce phénomène. Comme expert indépendant, il nous faut trouver notre niche, d’où la nécessité de développer d’autres spécialités. »