Après les neuf premiers mois de 2025, au moins 86 % des sommes versées par les assureurs pour couvrir des dommages reliés à des catastrophes naturelles sont enregistrés aux États-Unis. Dans deux rapports récents, les auteurs observent une accalmie inhabituelle des pertes économiques associées à ce type d’événements au troisième trimestre de l’année.
Ces deux constats apparaissent dans le rapport Global Catastrophe Recap pour le troisième trimestre 2025 publié par la firme Aon, de même que dans le rapport Natural Catastrophe and Climate Report : Preliminary Overview produit par Gallagher Re.
Selon Aon, les pertes économiques du troisième trimestre sont estimées à 34 milliards de dollars (G$) américains. (Tous les montants qui suivent sont en dollars américains.) Cela représente une somme 76 % plus basse que la moyenne annuelle survenue dans le présent siècle.
Les dommages assurés de 12 G$ au troisième trimestre de 2025 sont aussi 72 % plus bas que la moyenne des vingt-cinq dernières années, et ils représentent le montant le plus bas depuis 2006.
Les événements suivants ont causé des pertes économiques dépassant le milliard de dollars américains durant le troisième trimestre, selon Aon, en l’occurrence :
- les inondations estivales en Chine (plus de 8 G$);
- la tempête tropicale Wipha dans l’est et le sud-est de l’Asie;
- les inondations dans la province du Punjab au Pakistan et l’État du Punjab, qui ont lieu entre le 27 août et le 5 septembre et qui ont forcé l’évacuation de 1,5 million de personnes;
- les inondations dans le centre du Texas en juillet;
- deux épisodes d’orages convectifs sévères (severe convective storms, ou SCS) dans les États du Midwest en août aux États-Unis.
Au dernier trimestre, quelque 88 % des dommages assurés sont reliés à des orages de type SCS, toujours selon Aon, et quelque 82 % de l’ensemble des pertes assurées sont enregistrés aux États-Unis.
À cette liste des événements dépassant la barre du milliard de dollars en pertes, Gallagher ajoute :
- des inondations survenues au Japon du 8 au 11 août;
- le typhon Ragasa, qui a frappé le Sud-est asiatique à la fin septembre, dont les pertes estimées dépassaient le milliard qui aurait causé au moins 29 morts;
- les feux en Espagne en août.
Gallagher Re inclut aussi les pertes associées aux sécheresses qui ont persisté durant la majeure partie de l’année en Europe, notamment en Espagne, en Italie et en Russie, estimées à plus de 8 G$, de même qu’aux États-Unis (3 G$) et au Brésil (2 G$).
L’événement le plus meurtrier du dernier trimestre demeure le séisme qui a frappé l’Afghanistan le 31 août dernier. Aon rapporte plus de 3 000 décès. L’estimation rapportée par Gallagher Re pour ce même tremblement de terre est inférieure, avec 2 217 décès.
Les nombreux épisodes de canicule qui ont touché plusieurs pays européens durant l’été auraient entrainé au moins 3 317 décès, selon le rapport de Gallagher Re.
Dans son rapport, Aon rapporte une estimation similaire, mais la distingue en deux grandes canicules qui ont touché l’Europe. La première, qui a eu lieu du 23 juin au 2 juillet, serait responsable de 2 308 décès, tandis que l’autre, survenue entre le 8 et le 17 août, aurait causé plus de 1 100 décès.
Les feux au Canada
Aon constate que les feux de forêt demeurent un péril très présent au Canada. Même si les superficies brûlées en 2025 n’ont pas été aussi importantes qu’il y a deux ans, il s’agit quand même de la deuxième pire année de l’histoire, avec 8,9 millions d’hectares, comparativement à 17,3 millions d’hectares en 2023.
Les dommages assurés étaient estimés à 350 millions de dollars (M$) américains (équivalent à 480 millions de dollars canadiens), dont plus de la moitié sont associés au feu qui a frappé dans les environs de Flin Flon, au Manitoba. L’estimation de Gallagher Re pour cet incendie est de 375 M$ en pertes économiques.
Le Centre interservices des feux de forêt du Canada (CIFCC) évalue le niveau de préparation national, selon un indice entre 1 et 5. Le niveau 5 signifie que toutes les ressources humaines et matérielles vouées à l’extinction des feux sont utilisées dans toutes les juridictions canadiennes et que l’aide internationale est requise. L’indice a atteint le niveau 5 durant 89 jours en 2025, comparativement à 120 jours en 2023.
En consultant le site web du CFICC, le Portail de l’assurance, constate d’ailleurs que l’indice est toujours au niveau 3 en Nouvelle-Écosse en date du 22 octobre, ce qui veut dire que la province a toujours besoin d’une certaine assistance de l’extérieur.
Les chercheurs de Gallagher Re font observer que la sécheresse a particulièrement affecté la région de l’Atlantique au troisième trimestre. Ils soulignent notamment la sécheresse inhabituelle qui a touché l’Île-du-Prince-Édouard en août. Ils notent aussi les 200 bâtiments et structures brûlés par le feu de Kingston à Terre-Neuve-et-Labrador, en août également.
Bilan de neuf mois
Après les neuf premiers mois de l’année, Gallagher Re estime les pertes économiques à 214 G$, dont 105 G$ sont des dommages assurés. Le marché des États-Unis représente 86 % de ces sinistres couverts. La firme rapporte 37 événements ayant dépassé le seuil du milliard de dollars en pertes économiques, soit le plus petit nombre enregistré depuis 2015 (35). Seize de ces sinistres ont dépassé la barre du milliard de dollars en dommages assurés, le plus petit nombre depuis 2017 (16 aussi).
De son côté, Aon évalue les pertes économiques découlant des catastrophes à 203 G$, dont 114 G$ sont assurés. La moyenne annuelle des neuf premiers mois de l’année est de 298 G$ depuis le début du siècle. Sur ce volume de pertes assurées, 88 % sont associées à des événements survenus aux États-Unis.
Comme on le constatait déjà après les six premiers mois, les deux grands incendies qui ont frappé en janvier 2025 les municipalités de Pacific Palisades et d’Eaton, dans la région de Los Angeles, demeurent les sinistres les plus coûteux, tant en matière de pertes économiques qu’en dommages assurés.
Au sommet de sa liste des 10 pires événements de 2025, Gallagher Re évalue que ces deux incendies ont causé des dommages totalisant 65 G$, dont 40 G$ en dommages assurés. L’évaluation faite par Aon pour ces deux sinistres est légèrement inférieure à 57 G$.
Aon souligne qu’en juillet, selon les chiffres du Département de l’assurance de la Californie, ces feux avaient entraîné quelque 49 500 réclamations en assurance automobile, en assurance habitation et assurance aux entreprises. Près de 92 % d’entre elles ont été l’objet de règlements qui totalisent 20,6 G$.
Au moins 18 000 personnes ont perdu la vie en raison de désastres naturels au cours des neuf premiers mois de 2025, ce qui est inférieur à la moyenne des 25 dernières années, qui est de 53 100 personnes.
Le séisme au Myanmar du 28 mars 2025 aurait causé 4 521 décès, selon Gallagher Re. De son côté, Aon estime plutôt à 5 456 le nombre de pertes de vies lors de ce tremblement de terre qui a aussi secoué la Thaïlande.
Gallagher Re ajoute que le volume de capital dédié à la réassurance a atteint 804 G$ au 30 juin 2025, en hausse de 4,8 % comparativement au capital enregistré à la fin de 2024. Le quatrième trimestre est généralement celui où les pertes économiques et les dommages assurés sont les moins coûteux, ce qui devrait permettre d’augmenter les capacités de réassurance.
Les auteurs du rapport indiquent qu’il faudrait un sinistre accompagné d’une facture en dommages assurés dépassant les 115 G$ d’ici le 31 décembre pour constater un impact notable sur l’industrie de la réassurance.