Avec des résultats explosifs aux six premiers mois de 2007, les ventes nettes de fonds distincts promettent des résultats fulgurants d’ici la fin de l’année pour l’ensemble des compagnies de fonds au Canada.
Les ventes nettes totales pour l’ensemble de l’industrie ont atteint 2,8 milliards de dollars (G$) au 30 juin 2007. Elles dépassent ainsi les 2,1 G$ de ventes nettes réalisées pour la même période en 2006. Une croissance de plus de 33,3%! C’est ce que révèlent les plus récentes données d’Investor Economics au moment de mettre sous presse. Il s’agit de l’une des hausses les plus importantes observées depuis le début des années 1990.

Les bons résultats se poursuivent au-delà du premier semestre. « Dès le début du mois de juillet dernier, les ventes nettes ont dépassé celles de l’année dernière [à la même période], ce qui laisse présager qu’elles seront supérieures à celles de 2006 à la fin de 2007 », explique Iassen Tonkovski, analyste chez Investor Economics. Les ventes nettes totales de 2006 pour l’industrie canadienne se sont soldées à 3,4 G$.

Hausse des actifs

Les actifs sous gestion de l’industrie sont aussi à la hausse. Ils ont crû de 8,8%, passant de 68 G$ à 74 G$ entre le 31 décembre 2006 et le 30 juin 2007, indiquent les données d’Investor Economics.

La locomotive qui pousse cette croissance? De gros joueurs qui ont connu des ventes retentissantes avec de nouveaux produits vedettes. Parmi ceux-ci, Investissements Manuvie a déjà vu ses ventes nettes faire un bond de 206% entre le premier semestre 2006 et le premier semestre de 2007, terminé le 30 juin dernier, rapportent des données de Investor Economics. Selon la firme de recherche financière, Investissements Manuvie a vu ses ventes nettes bondir de 203 millions de dollars (M$) à 622 M$ durant cette période de référence.

Pourquoi sont-ils devenus si populaires cette année? L’attrait exercé depuis le début de 2007 par la nouvelle série de fonds distincts FPG Sélect de Manuvie, auxquels se greffent son nouveau produit de rente variable, RevenuPlus, explique en grande partie la croissance effrénée des ventes cette année, répond M. Tonkovski.

Un concept importé

Lancé à la fin de 2006, ce produit dont Manuvie a importé le concept des États-Unis (rentes variables) a connu un succès immédiat. Il a d’ailleurs vu ses ventes franchir la barre de deux milliards$ au 30 juin 2007, a indiqué Manuvie dans un communiqué publié à la fin du mois d’août.

Dès son lancement aux États-Unis, ce produit s’est accaparé plus du tiers du marché des rentes variables, soutient J. Roy Firth, vice-président directeur chez Investissements Manuvie. « Nous avons donc conclu qu’il connaîtrait un succès similaire au Canada », a expliqué M. Firth au Journal de l’assurance. La garantie de retrait minimum propre à ce produit procure aux investisseurs une valeur ajoutée, la paix d’esprit, a-t-il ajouté.

À la retraite, ce fonds distinct se transforme en rente assortie d’une garantie de versements minimums pendant au moins 20 ans. Cela procure aux investisseurs un revenu continu et garanti pendant la retraite, en plus de la possibilité que le revenu garanti connaisse une croissance. Les versements pourront en effet dépasser la garantie de base si le rendement des fonds le permet.

Selon M. Firth, les ventes de RevenuPlus continueront d’être propulsées par le nombre sans cesse grandissant d’investisseurs qui approchent du seuil de la retraite et qui craignent de survivre à leurs épargnes.

« Nous avons haussé nos ventes, mais nous ne l’avons pas fait au détriment de nos concurrents. La demande pour des fonds distincts va croître. La tarte va grandir et nous en voulons une part significative », dit-il.

Adaptation

Au fil du temps, Manuvie entend adapter RevenuPlus à mesure que les besoins des investisseurs changeront, affirme M. Firth.

Les frais de gestion d’un tel produit sont toutefois de 3,0 % à 3,5 % plus élevés que ceux d’un fonds distincts régulier, affirme M. Firth.

Première au Canada au moment du lancement de Manuvie, le produit a depuis fait des émules. Par exemple, CI Investissements a lancé en partenariat avec Financière Sun Life un produit similaire du nom de Sun Wise Elite Plus, en avril dernier.

Le fait que nombre de foyers canadiens approchent de la retraite d’année en année explique aussi, en partie, l’appétit croissant des investisseurs pour les fonds distincts, ajoute M. Tonkovski. « Ces produits offrent un faible risque et une protection élevée. Il s’agit du secret le mieux gardé dans l’industrie canadienne des fonds », explique-t-il.

Dans son analyse du marché des fonds distincts, Investor Economics divise les épargnants en trois catégories : les individus principalement épargnants, les individus épargnants ordinaires et les individus emprunteurs. Les babyboomers qui entrent dans la phase de cinq à dix ans avant leur retraite se classent dans la première catégorie. Ils sont donc particulièrement intéressés par ce genre d’outils.

« Ils approchent du moment où leur portefeuille est le plus à risque à la volatilité des marchés boursiers. Ils deviennent principalement des épargnants, explique M. Tonkovski. La première vague de babyboomers est désormais composée d’individus de cette catégorie. »

Pour préserver leurs actifs et dans le but de continuer à accumuler du capital, ces individus de la première catégorie se tournent donc vers la gestion intégrée d’actifs. Ce mode de gestion comprend les comptes de gestion intégrés (wrap accounts), les services de gestion à honoraires (fee-based) et les services de gestion discrétionnaire… et aussi les fonds distincts.

Il s’agit ainsi d’une autre raison qui explique la popularité croissante des fonds distincts. Ces produits constituent en effet un excellent outil de gestion des risques de volatilité. La plupart du temps, les fonds distincts se trouvent intégrés à un programme dans lequel la répartition d’actifs est faite périodiquement et automatiquement, de façon à maximiser le rendement du portefeuille, dit-il. Cette approche minimise aussi les risques de pertes.

Rattrapage

Avec un recul de 51% de ses ventes nettes de fonds distincts entre les premiers semestres de 2006 et de 2007, Standard Life est celui des 10 plus gros vendeurs de l’industrie canadienne qui affiche le plus grand écart de performance. L’assureur affichait des ventes nettes de 132 M$ au premier semestre de 2006. Celles-ci n’étaient plus que de 64 M$ au premier semestre de 2007.Plusieurs facteurs expliquent cette chute des ventes nettes, constate Denis Berthiaume, premier vice-président, marché individuel, chez Standard Life. « Nous avons connu des ventes records l’année dernière. Ça n’a pas été le cas cette année », explique M. Berthiaume.

Il ajoute que les actifs sous gestion en fonds distincts de Standard Life ont toutefois continué de progresser malgré la baisse des ventes nettes dans ce secteur. Ce que confirment les données d’Investor Economics. Entre décembre et juin derniers, ces actifs ont légèrement progressé, passant de 3,2 à 3,3 G$.

« Nous ne sommes pas satisfaits de notre performance », lance ensuite M. Berthiaume. Un autre facteur qui a contribué au recul des ventes nettes chez Standard Life est un manque de visibilité auprès de son réseau de distribution de fonds distincts, estime-t-il.

« Notre réseau de distribution se dit satisfait de la qualité de nos produits et de notre marque de commerce. Mais ils nous ont dit qu’ils ne nous voient pas assez (…) C’est certainement une des autres raisons qui explique la baisse de nos ventes ?», reconnaît le gestionnaire.

Il ajoute néanmoins que Standard Life travaille activement afin de renverser la vapeur. « Notre plan de match pour la fin de 2007 et l’année 2008 sera d’accroître notre présence auprès de notre réseau de distribution », révèle M. Berthiaume.

« Nous entendons embaucher [une équipe] au cours des prochains mois, pour faire la promotion de nos produits auprès des membres de notre réseau de distribution, pour les aider et assurer le suivi après vente. »

M. Berthiaume n’exclut pas la possibilité que Standard Life lance un fonds distinct permettant des retraits minimums, similaire à RevenuPlus de Manuvie. « Pour le moment, nous étudions cette possibilité. Rien n’a été décidé, puisque nous avons aussi des produits concurrentiels, comme Rente Performance. Nous travaillons présentement sur une planification stratégique pour déterminer quelle sera la meilleure solution pour relancer nos ventes », dit-il.