Pour s’assurer de combler les besoins en main-d’œuvre de l’industrie, la Coalition pour la promotion des professions en assurance de dommages s’adressera à de nouveaux publics. Outre les jeunes du secondaire et du cégep, elle souhaite recruter les jeunes retraités du Québec et les nouveaux arrivants, sans oublier les gens en réorientation de carrière.
Quelques statistiques publiées par Emploi-Québec font bondir Robert LaGarde, président des opérations de la Coalition. D’ici 2020, les nouveaux arrivants représenteront 17 % de la main-d’œuvre disponible au Québec. Un autre 7 % viendront des gens de 65 ans et plus, souvent nouvellement retraités. Et encore, 40 % de la croissance de la main-d’œuvre au Québec viendront de ce segment de la population.

Pour M. Lagarde, il faut agir dès maintenant et établir des stratégies pour attirer ce segment de la population vers le domaine de l’assurance. « Il est certain que nous allons avoir un volet international. Si on se fie à ces chiffres, il faudrait qu’en 2020, 17% des employés des cabinets d’assureurs soient originaires de l’étranger. Ça peut faire peur à du monde, mais un bon chef de direction doit prévoir les coups quatre ou cinq ans à l’avance. »

Il note que certains cabinets emploient déjà des immigrants, comme Dale Parizeau Morris Mackenzie (DPMM), où il est président du conseil d’administration, qui en compte 27, ou encore Assurances Banque Nationale, qui en compte une vingtaine.

La Coalition fait déjà affaire avec Montréal International, un organisme sans but lucratif dont le but est de contribuer au développement économique de Montréal et d’accroitre son rayonnement à l’International.

« Ils sont allés quatre fois en France pour trouver des candidats potentiels. Environ 5 000 Français se sont montrés intéressés à les rencontrer. Ils ont finalement eu 1 000 rendez-vous et approché 400 candidats. Les grands cabinets doivent être prêts à faire ce virage », dit M. LaGarde.

En ce moment, ce sont plus de 50 % des membres de la Chambre de l’assurance de dommages qui sont âgés de 45 ans et plus. Cela signifie que les besoins de main-d’œuvre deviendront de plus en plus criants au cours des prochaines années, dit M. LaGarde. Selon lui, il faudra ratisser large pour pallier le problème.

« Si les assureurs s’attendent à ce que ce soit seulement les jeunes qui viennent combler le manque de relève, ils font fausse route! », lance-t-il. C’est pourquoi en plus des nouveaux arrivants, la Coalition considère le potentiel des retraités actifs, dont le nombre devrait croitre rapidement dans le futur.

Sensibiliser les cabinets

« Plusieurs personnes vivront jusqu’à 90 ans et plus et n’auront pas les moyens de prendre leur retraite. Il faut aussi que les cabinets se sensibilisent à ça. Quand on leur en parle, ils sont très peu au courant », dit-il.

M. LaGarde lance ainsi un appel aux futurs retraités de l’industrie. Il leur conseille de conserver leur droit de pratique une fois à la retraite pour se rendre disponibles deux ou trois jours par semaine, ou encore pour agir comme mentor pour les plus jeunes. « Qu’ils continuent à lire FlashFinance.ca et le Journal de l’assurance! Qu’ils se tiennent informés! Ils représentent une richesse en termes d’expérience pour les assureurs », dit le président de la Coalition.

Il ajoute que la technologie ne suffira pas à pallier les besoins en main-d’œuvre de l’industrie. « Le nombre de risques augmente sans cesse. Ça prend un conseiller quelque part! La technologie sera au service des humains. Ça voudra dire moins de paperasse, mais il faudra créer des humains dans l’industrie pour permettre au client d’évaluer ces différents risques et produits », dit M. LaGarde.

Les mythes demeurent

La Coalition a récemment publié les résultats d’un sondage commandé à Léger Marketing, réalisé en juillet 2013. Les données démontrent que de nombreux mythes sur la profession demeurent bien vivants chez certains Québécois. Néanmoins, M. LaGarde croit que le travail de la Coalition se fait sentir.

Ainsi, 9% des gens sondés croient toujours que les professionnels en assurance de dommages sont des vendeurs qui font du porte-à-porte. En 2010, ils étaient 14% à le croire.

Il en va de même pour l’opinion selon laquelle les professions en assurance sont routinières et ennuyantes. En 2010, elle était partagée par 21 % de la population. En 2013, ce chiffre est passé à 15 %. Malgré une demande accrue pour de la relève, la perception que le domaine offre peu de débouchés a augmenté : 5% en 2010, contre 8% cette année.

M. LaGarde constate donc qu’il y a des progrès, mais qu’il y a encore du chemin à faire, surtout en ce qui a trait à l’éducation. « C’est quand même incroyable qu’il y ait cinq-millions de voitures au Québec, mais que 25 % des gens soient incapables de se prononcer sur l’assurance de dommages! », dit-il.

Professions mieux connues dans les cégeps

Le président de la Coalition dit avoir observé des conséquences concrètes du travail de son organisme. Selon lui, l’augmentation de 33 % des inscriptions dans les cégeps sur les territoires où la Coalition a fait des offensives publicitaires démontre le succès de celles-ci.

« On a utilisé l’aspect ludique pour rejoindre les jeunes. On a donné des fiches de données à la sortie de l’école à des élèves du secondaire avec des équipes déguisées, dans le cadre de la campagne de promotion appelée TakTik. On a créé un buzz avec des écrans tactiles et des prix à gagner », rappelle M. Lagarde.

D’ailleurs, la Coalition vient de lancer une page Facebook qui s’adresse exclusivement aux jeunes de 14 à 18 ans. C’est un exemple de la segmentation que veut implanter la Coalition, dit M. LaGarde.

La Coalition continue d’ailleurs de miser sur cette approche accrocheuse pour attirer les jeunes. Sa campagne de terrain se poursuivra cet automne dans les cinémas et les salons d’emploi.

Le concept des « pros de l’assurance » passera ainsi du papier à la réalité. Des comédiens personnifiant une vedette du rock, une vedette de cinéma et un superhéros, tous suivis de près par un paparazzi, visiteront différentes régions du Québec.

Ils iront à la rencontre des jeunes pour démystifier les professions en assurance de dommages. Ils leur feront ainsi connaitre le diplôme d’études collégiales (DEC) en Conseil en assurances et en services financiers, offert dans sept cégeps au Québec, le Cégep de Saint-Hyacinthe étant le plus récent à l’offrir.

Les parents défont le travail

« Un des problèmes que nous avons, c’est que même si nous réussissons à améliorer la perception des jeunes, souvent, les parents viennent défaire notre travail », dit M. LaGarde.

Tout de même, il considère que la formule actuelle est gagnante, ce qui permettra à la Coalition d’entreprendre d’autres batailles, notamment amener les étudiants du DEC vers le baccalauréat. « Les dirigeants de PME sont de mieux en mieux formés. Si les courtiers et agents veulent faire affaire avec eux, il faut qu’ils aient une formation équivalente à celle de ces interlocuteurs », dit M. LaGarde.

Il relate que lorsqu’il était à la tête de DPMM, il allait lui-même dans les facultés d’administration pour aller chercher des professionnels, à qui il enseignait ensuite les subtilités du marché de l’assurance. « Au départ, ils voyaient ça comme une rétrogradation, mais je leur expliquais ensuite les opportunités qui s’offraient à eux », dit-il.

Un gros travail doit aussi être fait auprès des conseillers en orientation pour qu’ils fassent connaitre les professions en assurance de dommages. Depuis 2005, 1 500 trousses pédagogiques de 195 pages ont été distribuées dans des écoles. Les enseignants peuvent ainsi l’intégrer dans leurs cours pour familiariser les jeunes aux termes et aux lois sur l’assurance automobile, par exemple.

Autre problématique : le financement des programmes collégiaux. Le financement des DEC est assuré par le ministère de l’Éducation du Québec, mais ce n’est pas le cas des AEC, dont le financement provient en partie d’Emploi Québec. L’agence gouvernementale ne subvient pas toujours à la demande.

La Coalition tente de trouver des solutions à ce problème et souhaite ainsi faire obtenir du financement de la part du gouvernement provincial. M. LaGarde a même été obligé d’obtenir un statut de lobbyiste pour faire valoir ses arguments auprès des élus. « On a réussi à faire avancer les choses. Toutefois, avec l’élection d’un nouveau gouvernement à l’automne 2012, nous avons dû recommencer à zéro », dit-il.

S’unir pour la cause

M. LaGarde affirme qu’il est important pour les membres de l’industrie d’accorder leurs violons s’ils veulent faire avancer leur cause. Il dit avoir lutté contre ceux qui allaient à contrecourant en adoptant des pratiques discutables.

« On sait par exemple que certains assureurs allaient chercher des étudiants en autobus le jour pour les convaincre de venir travailler chez eux tout de suite et de ne pas terminer leur formation. Nous avons donné une directive interdisant ces tactiques contreproductives. Lorsqu’il y a des pratiques abusives, nous tentons d’intervenir. »

Il avoue que ce genre de situation se produit encore parfois. « C’est important que personne ne défasse le noyau de l’industrie. Nous présentons un taux de croissance supérieur à celui du PIB du Québec. Ça démontre le dynamisme de notre industrie. »

Pour atteindre ses objectifs, la Coalition a revu à la hausse son budget de gestion. Elle a ainsi besoin de 450 000 $ pour financer les projets de l’année en cours. Elle a obtenu 405 000 $ jusqu’à maintenant. Elle amorce une relance pour obtenir la différence.

« Nous avons toujours promis à l’industrie que nous resterions en place si nous avions 80 % de financement dans chacun des piliers que nous couvrons. Or, en ce moment, cette marque n’est pas atteinte dans les cabinets de courtage et chez les experts en sinistre. Nous les solliciterons donc à cet effet », dit-il.