Alors que les 10 plus grands gestionnaires géraient à la fin de 2016 les trois quarts des actifs des Canadiens au sein des fonds communs, l’Autorité des marchés financiers se dit préoccupée par cette concentration grandissante. Le régulateur veut ainsi s’asseoir avec les représentants de ce secteur d’activité le 7 juin pour discuter entre autres des solutions à cet enjeu.

Entre 2000 et 2016, l’actif sous gestion des fonds communs est passé au Canada de 404 milliards de dollars (G$) à 1,4 trillion de dollars. Pendant ce temps, le nombre de gestionnaires indépendants au Québec est passé de 138 firmes à 115. De plus, 78 % des actifs sont désormais gérés par des groupes intégrés.

« La consolidation des gestionnaires de fonds communs n’a pas profité à la place d’affaires québécoise, et l’industrie me dit qu’elle n’est pas terminée. Qu’est-il possible de faire, quand on voit que l’actif des Québécois a plus que doublé dans la dernière décennie et que l’on assiste à l’érosion de notre gestion d’actifs vers Toronto? Une consolidation comme on a vécu est un peu l’ennemi de la compétitivité », a déclaré Hugo Lacroix, directeur principal des fonds d’investissement à l’Autorité, lors du colloque de conformité du Conseil des fonds d’investissement du Québec, qui s’est déroulé à Montréal ce mercredi 26 avril.

Trouver un créneau

Pour renverser la vapeur, il faut selon M. Lacroix « identifier la bonne niche » pour la gestion d’actifs au Québec. En regardant l’ensemble de la gestion d’actifs plutôt que la seule gestion de fonds communs, le Top 10 des gestionnaires ne contrôle plus que 50 % des actifs des Canadiens plutôt que 75 %, explique-t-il. Les banques, les assureurs et les grands fonds gèrent 60 % des actifs des Canadiens, et les gestionnaires indépendants 40%. « Ce qui est plus d’un trillion de dollars. Cela commence à faire une niche intéressante », a ajouté M. Lacroix.

Ouvrir le dialogue avec les gestionnaires d’actifs

L’Autorité veut s’assurer d’avoir le régime en place pour favoriser ce développement. « Nous ouvrirons un dialogue avec les gestionnaires d’actifs pour nous assurer qu’ils puissent développer leurs fonds dans un environnement réglementaire le plus efficace possible, et qui ne freine indûment l’émergence du gestionnaire », a annoncé Hugo Lacroix. Il s’agit d’un exercice délicat, qui commencera le 7 juin avec une table ronde, a précisé M. Lacroix.

Allègements à venir

L’événement sera l’occasion de discuter d’allègements pour les gestionnaires de fonds. « Lorsque la Caisse de dépôt et placement du Québec donne un mandat de 5 M$ à un gestionnaire et qu’il y a eu deux semaines de vérification diligente, a-t-elle besoin des états financiers intermédiaires, qui coutent une couple de milliers de dollars au gestionnaire », s’interroge M. Lacroix. C’est le genre de chose que le régulateur entend regarder, dit-il. L’Autorité s’interrogera également sur la façon de percevoir certains droits, notamment lors d’une inspection. Une facture de 25 000 $ à un petit gestionnaire émergent qui inscrit une perte à première année d’activité, cela a un effet, reconnait M. Lacroix.