Comme Montréal se positionne avantageusement comme une plaque tournante des nouvelles technologies, l’open banking est un concept avec lequel il faudra se familiariser.
Un panel de discussion y a été consacré lors du Forum Fintech, tenu fin octobre à Montréal. Janos Barberis, fondateur de l’accélérateur de fintechs SuperCharger et Alessandro Di Lullo, directeur academia et entrepreneuriat au Centre pour finance, technologie et entrepreneuriat (CFTE), ont énoncé une crainte : comme l’open banking repose sur le partage des données bancaires, comment pallier une éventuelle brèche de sécurité la pratique n’a pas d’encadrement règlementaire ?
Leur constat : les régulateurs devraient mettre en place un système de vérification et de collaboration. M. Barberis dit que les données, les interfaces de programmation applicative (API) et la sécurité reposent sur la gouvernance et l’encadrement mis en place par les régulateurs. « Il est primordial qu’il y ait un système de règlementation adéquat dans un système de banque ouverte », ajoute-t-il.
Les panélistes ont aussi soulevé la possibilité de l’arrivée d’une nouvelle concurrence qui pourrait naitre avec l’ouverture des services bancaires qui pourrait profiter aux consommateurs. Un tel système ouvrirait la porte à de nouveaux produits, de nouveaux choix, ce qui améliorait la concurrence entre les fournisseurs de services traditionnels et non traditionnels.
« Depuis la crise de 2008, bien des choses ont changé. Les régulateurs favorisent la concurrence au sein du marché. Celle-ci serait mise en valeur avec l’open banking », dit M. Barberis.
Redonner les données aux clients
Dans un système bancaire ouvert, le client est au centre des activités et c’est lui qui décide où il place son argent, comment il épargne et avec qui. Pour le client, open banking rime avec personnalisation des produits financiers et possibilité de comparer divers produits financiers plus facilement. En adoptant un modèle ouvert, le consommateur peut investir auprès d’une institution financière traditionnelle ou utiliser des applications qui ne sont pas affiliées aux banques, mais qui leur permettent de faire les mêmes actions et parfois, en faire plus pour moins cher.
L’open banking est utile pour les petites entreprises, car elle permet des ajustements plus rapides des prêts, de souscrire à une hypothèque avec de faibles taux, de réduire et de mieux gérer la masse salariale et les audits, en plus d’avoir une vision opérationnelle plus simple et plus approfondie. Le modèle ouvert permet aussi d’automatiser la trésorerie, les factures et les actifs, souligne M. Barberis.
Ce système offre l’occasion de développer un meilleur service numérique, plus personnalisé tout en réduisant les couts. Il représente toutefois un défi de modernisation, de conformité avec les régulateurs qui devront parvenir à s’entendre sur certaines règles pour que le système ouvert fonctionne vraiment.
Nouveau modèle, nouveau risque ?
Avec l’ouverture des systèmes bancaires et financiers, des brèches dans la cybersécurité restent probables. « Les violations de données dues à une sécurité insuffisante, au piratage informatique ou à des menaces internes qui sont relativement répandues à l’ère moderne, y compris dans les institutions financières, resteraient des préoccupations », peut-on lire sur le portail Web Investopedia.
Car le système repose sur l’ouverture et le partage des données bancaires, des données sur les transactions et autres données financières des consommateurs, traditionnellement détenues par les banques, à une tierce partie qui fournit des services financiers et qui peut être une institution financière non bancaire. Les banques autorisent donc l’accès et le contrôle des données personnelles et financières des clients à des fournisseurs de services en ligne, qui sont bien souvent des fintechs ou des assurtechs.
Les clients peuvent ainsi avoir un compte-chèques dans une banque traditionnelle et avoir un compte épargne libre d’impôt grâce à une fintech qui s’occupe elle-même des prélèvements bancaires. Le nombre de comptes peut par ailleurs être illimité. Les clients doivent cependant consentir au partage de leurs données.
La communication de chaque partie se fait via des interfaces de programmation appelées API. Ce sont ces dernières qui sont au cœur du modèle ouvert et qui permettent à chaque partie d’intégrer les données et les services financiers au même endroit pour ainsi unifier les comptes du consommateur.
L’open banking raccourcit ainsi les délais de mise en marché et les couts de livraison des applications, ce qui facilite l’intégration de technologies avec les fournisseurs traditionnels.