Une tempête de verglas qui frapperait aujourd’hui le Québec et le nord-est de l’Amérique du Nord comme en 1998 pourrait coûter aux assureurs le double de ce qu’ils ont dû débourser il y a dix ans. C’est la conclusion d’une étude de la firme de gestion de risques catastrophiques Risk Management Solutions (RMS).Même si de nombreux changements et améliorations ont été effectués dans les régions touchées par le verglas en 1998, RMS estime que les dommages causés par une tempête de même intensité couteraient de 1 à 3 G$ aux assureurs. En 1998, les assureurs avaient dû débourser 1,6 G$ pour couvrir les 792 514 réclamations causées par la tempête de verglas.

« La tempête de 1998 a pris les assureurs et les réassureurs par surprise. Ils n’avaient pas prévu l’étendue des pertes associées à une tempête hivernale dans cette région. L’augmentation du nombre et de la valeur des propriétés au nord des États-Unis et au sud du Canada pourrait amener des pertes plus élevées lors de la prochaine tempête hivernale », explique RMS.

Trois types de dommages

Les dommages après le passage d’une nouvelle tempête de verglas se diviseraient en trois catégories selon RMS : les dommages directs causés aux automobiles et aux maisons, les dépenses supplémentaires pour subvenir aux besoins des sinistrés et les pertes de nourriture dans les réfrigérateurs et les congélateurs causées par une panne d’électricité.

RMS a comparé deux méthodes de calcul pour évaluer l’étendue des dommages d’une nouvelle tempête. La première méthode est de calculer les dommages de 1998 en dollars de 2008, en considérant les changements survenus au niveau de l’inflation, de la richesse et de l’augmentation de la population. En calculant ainsi, le coût des dommages serait en hausse de 95% et résulterait en des réclamations de 3,1 G$ au Canada et de 400 M$ aux États-Unis.

La deuxième méthode est plus complexe, mais tient compte des changements effectués pour faire face à la prochaine tempête du genre. Selon cette méthode de calcul, les dommages causés par une tempête de verglas coûteraient entre 1 et 3 G$, et ce, malgré les améliorations apportées au réseau d’Hydro-Québec.

RMS croit qu’il y aurait moins de pannes de courant généralisées qu’en 1998 si une tempête de verglas frappait aujourd’hui. Les centres urbains seraient moins touchés, mais les milieux ruraux devraient vivre avec les mêmes problèmes qu’en 1998, et ce, en fonction des plans d’urgence mis en place par les municipalités.

RMS croit aussi qu’une plus grande proportion de gens serait capable de rester à la maison puisqu’ils se sont maintenant procurés des génératrices ou des systèmes de chauffage d’appoint. La firme ajoute aussi que ces systèmes n’ont peut-être pas été maintenus à jour depuis 1998.

Nouveau modèle d’intervention

RMS indique dans son étude que cette catastrophe a poussé les assureurs à revoir leurs modèles d’intervention en cas de catastrophe, puisque que les dommages directs infligés par la tempête de verglas de 1998 ne sont qu’une infime partie des dommages qui ont été couverts. Il s’agit là d’une caractéristique des catastrophes de grande amplitude selon RMS. La firme ajoute que le même phénomène s’est répété au sud de la frontière lors des attentats du 11 septembre 2001 et du passage de l’ouragan Katrina en Nouvelle-Orléans en 2005.

Les assureurs ont aussi dû revoir certaines clauses comprises dans leurs contrats. Après la tempête, les assureurs ont dû payer certaines réclamations pour lesquelles les termes étaient ambigus, ce qui s’est traduit dans plusieurs cas par le remboursement des dépenses additionnelles de survivance et des pertes de nourriture dans les réfrigérateurs et les congélateurs.

Les assureurs de dommages ont donc modifié leurs contrats et les ont rendus plus clairs depuis 1998. Ces contrats spécifient maintenant que les pertes de nourriture causées par une panne électrique ne sont plus couvertes dans leurs polices habitations et qu’il faut acheter une protection supplémentaire pour qu’elles le soient. Ainsi, il y aurait moins de réclamations après une nouvelle tempête selon RMS. Cependant, la firme estime que de nombreux restaurateurs et épiciers se seront dotés de cette protection.

RMS ajoute que les poursuites judicaires en cours au Québec présentement visent aussi à étendre les couvertures des assureurs. Celles-ci risquent cependant d’être réglées après le passage d’une autre catastrophe, ce qui rendra compliquera la résolution des réclamations.

Du 4 au 10 janvier 1998, une série de tempêtes avait laissé jusqu’à quatre pouces de verglas sur les régions situées entre le nord de l’État de New-York et la vallée du fleuve Saint-Laurent. La tempête avait causé de nombreux dommages, de longues pannes d’électricité touchant 4,7 millions de personnes et 45 décès. La tempête de verglas de 1998 est considérée comme le désastre naturel le plus coûteux ayant touché le Canada depuis 1920.