Les assureurs sont sur la ligne de front des changements climatiques depuis des décennies, et l’industrie a l’habitude de se transformer pour survivre et croître malgré les défis, affirme Charles Brindamour, chef de la direction d’Intact Corporation financière et ancien président du conseil de l’Association de Genève

« Il y a 25 ans, notre capacité à protéger les maisons et les entreprises était déjà menacée par le fardeau croissant des catastrophes naturelles. L’industrie a dû se repenser en matière de données, d’outils de prévision, de produits, de modèles de service et de chaînes logistiques », a-t-il raconté à ceux qui s’étaient réunis pour une conférence virtuelle avec des chefs de la direction et des représentants du secteur des assurances, du secteur financier, du milieu de l’ingénierie, du gouvernement, des Nations Unies, de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), du Forum économique mondial et du World Business Council for Sustainable Development.

Grâce à cette expérience, l’industrie peut aider à alimenter et à façonner la transition vers un monde carboneutre. « Mais le défi est énorme », a-t-il déclaré aux participants à la présentation de l’Association de Genève, Future-Proofing Technological Innovations for a Resilient Net-Zero Economy. « Pour réussir, il sera essentiel de garder le cap sur les objectifs et d’harmoniser tous les piliers et toutes les couches de la société. » 

Saisir les occasions 

D’après M. Brindamour, les changements climatiques sont non seulement l’occasion d’aider la société, mais aussi de trouver de nouveaux débouchés sur le marché.

« Je pense que les assureurs ont une expertise fondamentale à offrir pour aider à relever les défis des changements climatiques. » – Charles Brindamour 

« Les dirigeants d’entreprises responsables devraient voir cette transition comme étant la plus importante occasion des décennies à venir », dit-il. « Je pense que les assureurs ont une expertise fondamentale à offrir pour aider à relever les défis des changements climatiques. Nous pouvons contribuer grandement à atténuer les risques liés à la transition vers un avenir durable, en tirant parti de nos forces et de notre expertise en analyse de données, en tarification, en gestion des risques et en prévention. » 

Des billions de dollars à investir 

Cette expertise – dont il a été longuement question à la suite des commentaires de M. Brindamour, lors de deux tables rondes sur le sujet – comporte trois volets. D’abord, l’industrie entretient des relations avec des milliards de clients à l’échelle mondiale et discute déjà de risques et de prévention avec eux. Ensuite, elle a des billions à investir dans les secteurs en transition. Et enfin, elle se spécialise déjà dans la gestion des risques, une expertise qui sera nécessaire pour commercialiser les technologies émergentes.

« C’est un changement sociétal majeur. Je pense qu’il est important de comprendre que sur la route de la carboneutralité, le gouvernement est le conducteur désigné », illustre M. Brindamour, en soulignant cependant que les assureurs ont un rôle à jouer pour définir le plan d’action et orienter les capitaux privés et les consommateurs dans la bonne direction. 

Établir les priorités 

Si le gouvernement est le conducteur, alors la feuille de route dont on a besoin doit également comporter trois éléments essentiels. Premièrement, il faut établir clairement les priorités. « Trop souvent, les discussions sur le climat auxquelles je participe sont pleines d’ambitions vagues et d’idées qui vont dans tous les sens », relate M. Brindamour. « Selon mon expérience, il a été extraordinairement difficile pour les gouvernements d’établir un programme ciblé sur lequel nous pouvons nous concentrer au fil du temps. Établir des priorités, c’est la clé du succès. »

Deuxièmement, M. Brindamour affirme que le gouvernement devrait agir conformément à ces priorités et intentions : dépenses législatives, approvisionnement, fiscalité, réglementation, mesures incitatives et pénalités devraient tous avoir un certain degré de cohérence, « sinon, les investisseurs privés seront perdus ».

Troisièmement, il est d’avis qu’il faut investir des capitaux publics afin de protéger les infrastructures essentielles.

« Le monde n’est pas à court de bonnes idées, conclut-il, mais il faut de la détermination, du dynamisme et de l’ardeur si l’on veut réussir aujourd’hui. » 

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