Les sinistres catastrophiques de l’été 2024 ont fait mal aux résultats d’assurance et à son taux de sinistres, confirme Intact Corporation financière. La société a tout de même enregistré un bénéfice net de 212 millions de dollars (M$) au troisième trimestre de 2024, en hausse de 30 % comparativement au bénéfice de 163 M$ annoncés un an plus tôt.
Sur les quelque 50 000 réclamations reçues par les différentes filiales d’assurance de la société au Canada, près de 60 % ont déjà été l’objet d’un règlement, précise Charles Brindamour, président et chef de la direction de la société.
« Les effets dévastateurs des événements météorologiques intenses survenus au cours du trimestre ont bouleversé la vie de dizaines de milliers de clients. Nos employés ont été sur place dès les premières heures qui ont suivi ces événements pour apporter une aide immédiate aux communautés touchées. Nous tirons parti de nos avantages concurrentiels, parmi lesquels On Side Après-Sinistre et les centres de service Intact, pour réduire au minimum les pertes subies par nos clients », souligne M. Brindamour.
Lors de la conférence téléphonique avec les analystes financiers tenue le 6 novembre, à laquelle le Portail de l’assurance a assisté, M. Brindamour affirme que les trois quarts des clients ont été mesure d’ouvrir leur dossier de réclamation en quelques secondes.
En Alberta, quelque cinq centres de service ont été créés temporairement pour traiter les bris liés à la tempête de grêle qui a touché Calgary, et près de 11 000 véhicules ont été remis en état.
Au total, la facture des sinistres catastrophiques de l’été, ce qui comprend la tempête Boris en Europe et l’ouragan Helene en Floride, a atteint 1,4 G$ au dernier trimestre, indique Louis Marcotte, chef de la direction financière. Sur les quatre sinistres majeurs survenus au Canada, qui ont coûté 1,2 G$ à l’assureur, trois d’entre eux ont frappé d’importantes agglomérations urbaines, rappelle-t-il.
Primes
Pour l’ensemble de la société, les primes directes souscrites (PDS) se chiffrent à 6,2 milliards de dollars (G$) au troisième trimestre de 2024, comparativement à 5,9 G$ à la même période de 2023. Cela représente une hausse de 282 M$ ou de 4 %.
Au Canada, le volume est en hausse de 8 % pour atteindre 4,3 G$ au troisième trimestre de 2024, comparativement à 3,9 G$ au troisième trimestre de 2023. Cela représente un volume supplémentaire de 318 M$.
En assurance automobile des particuliers, la progression du volume a même atteint 12 % sur 12 mois, souligne Charles Brindamour. La croissance des PDS au Canada a été de 8 % en assurance des biens des particuliers et de 2 % en assurance des entreprises.
Concernant ce segment au Canada, la société note des progrès du côté des petites et moyennes entreprises, mais que la concurrence est de plus en plus féroce du côté des grands comptes commerciaux.
Dans le marché Royaume-Uni et International, la société rapporte une augmentation de 28 % des primes directes souscrites, en raison principalement de l’acquisition des activités d’assurance des entreprises par courtage dans Direct Line Group (DLG). Il s’agit d’un résultat pro forma qui tient compte de l’abandon de l’assurance aux particuliers au Royaume-Uni. L’acquisition de DLG a été clôturée le 23 octobre 2023.
Le volume de primes est en hausse de 4 % aux États-Unis, sur une période de 12 mois, en devises constantes. Comme c’était le cas au deuxième trimestre, la société rapporte que l’impact des hausses tarifaires a été contrebalancé par l’incidence de mesures correctives prises dans certains secteurs d’activité.
Ratio combiné
Le ratio combiné de la société a grimpé de 5,6 points de pourcentage au troisième trimestre de 2024 pour atteindre 103,9 %, ce qui comprend 22 points attribuables aux sinistres catastrophiques. Cela dépasse de 17 points le pourcentage prévu lié aux sinistres catastrophiques.
La tempête de grêle qui a touché Calgary a eu un impact notable sur la sinistralité dans le segment de l’assurance automobile des particuliers. Le ratio combiné s’est chiffré à 97,6 %, incluant sept points de pourcentage liés aux sinistres catastrophiques, souligne la société.
En assurance habitation au Canada, le ratio combiné a atteint 147,5 % au troisième trimestre, ce qui comprend 72 points de pourcentage découlant des sinistres catastrophiques.
Le ratio combiné non actualisé a évolué de la manière suivante dans les différents marchés entre le troisième trimestre de 2024 et la même période en 2023 :
- Au Canada, le ratio combiné a atteint 109,5 % en 2024, contre 101,8 % en 2023, une différence de 7,7 points ;
- Pour RSA (Royaume-Uni et International), le ratio combiné pro forma, c’est-à-dire en comparant les résultats de 2024 en fonction de l’abandon de l’assurance aux particuliers au Royaume-Uni, s’est établi à 91,9 % en 2024, comparativement à 92,5 % l’année dernière, un écart de 0,6 point ;
- Aux États-Unis, le ratio combiné a glissé de 1,1 point pour atteindre 87,4 % en 2024, comparativement à 88,5 % en 2023.
Produit de souscription
Du côté des résultats en matière de souscription, la société rapporte une perte nette de 215 M$ au dernier trimestre, comparativement à un produit net de 88 M$ à la même période en 2023.
Intact rapporte les résultats suivants au troisième trimestre de 2024 dans ses différents marchés en comparaison de la même période en 2023 :
- Au Canada, le résultat de souscription s’est traduit par une perte nette de 368 M$ en 2024, comparativement à une perte nette de 66 M$ en 2023. En assurance des biens des particuliers, la perte nette s’est chiffrée à 478 M$ en 2023, comparativement à une perte nette de 218 M$ en 2024 ;
- Aux États-Unis, le produit net de souscription a atteint 72 M$ en 2024, comparativement à 62 M$ l’année dernière ;
- Pour RSA (Royaume-Uni et International), le produit net de souscription s’est établi à 86 M$ en 2024, alors qu’il était de 82 M$ un an plus tôt.
Placements
Le produit net des placements s’est chiffré à 394 M$ au troisième trimestre de 2024, alors qu’il atteignait 359 M$ un an plus tôt. Cela représente une hausse de 13 %.
Après les neuf premiers mois de 2024, les revenus de placements totalisent 1,2 G$, en hausse de 16,5 % sur l’année précédente.
Autres faits saillants
La société souligne une augmentation de 14 % du produit tiré de la distribution, qui s’est établi à 132 M$ au troisième trimestre de 2024. Ce résultat est attribuable aux activités de fusion et d’acquisition menées par la filiale BrokerLink, laquelle a également amélioré ses marges.
La société rappelle que les revenus tirés de l’exploitation d’On Side Après-Sinistre apparaissent dans ce résultat.
Durant la conférence téléphonique, Charles Brindamour a indiqué que les primes directes souscrites issues du mode numérique ont atteint 327 M$ après les neuf premiers mois de l’exercice courant.
Sur une période de 12 mois, le nombre de soumissions faites en mode numérique est en hausse de 83 %, précise-t-il. À propos des 50 000 réclamations découlant des quatre sinistres majeurs de l’été 2024, il ajoute que 40 % ont été faites par le web ou l’application mobile.
En raison de l’impact de ces pertes majeures liées au climat et qui sont survenues en 2023 et 2024, M. Brindamour prévoit que les conditions du marché de l’assurance habitation resteront difficiles pour les 12 prochains mois et une augmentation de taux d’au moins 10 %.
Louis Marcotte confirme que, ces cinq dernières années, la société a très rarement atteint ses limites de rétention au-delà desquelles elle doit céder des primes aux réassureurs. C’est arrivé l’été dernier.
Intact doit recourir à la réassurance pour les risques extrêmes et ne le fait jamais pour couvrir des variations saisonnières. Cela lui permet d’obtenir des conditions avantageuses et qui ont peu d’impact sur la tarification, insiste M. Marcotte.
Sur les trois sinistres majeurs survenus dans les grandes villes du Canada, deux événements ont forcé l’assureur à recourir à la réassurance, précise Guillaume Lamy, premier vice-président en assurance des particuliers,
« Notre historique de ratio combiné est à 90 % en assurance des biens des particuliers, au cours des 5, voire des 10 dernières années », indique M. L. Lamy.
Même dans le pire scénario de réchauffement du climat, la société estime que les pertes reliées aux changements climatiques passeront de 40 % à l’heure actuelle à 50 % en 2040. La tarification sera ajustée en conséquence, dit-il.