Lors de son passage au Cercle Canadien de Montréal, le lundi 3 avril 2023, le président et chef de la direction d’iA Groupe financier, Denis Ricard, a dédié son allocution au leadership en assurance… un rôle qu’il compare à celui de musiciens interprétant en harmonie une partition difficile.

Dans la métaphore musicale qu’il a utilisée pour expliquer les bons coups d’iA, M. Ricard a démontré qu’il sait aussi bien faire résonner les chiffres que son saxophone, lui qui a étudié les deux. M. Ricard a expliqué que les accomplissements d’iA n’auraient pas été possibles sans le leadership de son équipe de direction. Le PDG d’iA a d’ailleurs surpris son auditoire en alternant entre acétates de résultats financiers et vidéo YouTube d’un quartet de virtuoses du jazz pour illustrer ses propos.

Musicien de la première heure 

Sa conférence intitulée « Le leadership en cinq temps » est un hommage à la pièce Take Five, que le saxophoniste Paul Desmond a composée en 1959 et interprétée dans les années soixante au sein d’un quartet formé par le pianiste Dave Brubeck. Pourquoi le leadership en cinq temps ? Cette pièce comporte cinq temps (notes) par mesure, explique M. Ricard. Une innovation à l’époque, alors que la musique populaire comporte généralement quatre ou trois temps par mesure.

Take Five n’en est que plus difficile à exécuter. « Cela a pris deux journées au quartet à la réussir », commente Denis Ricard, qui dit se tromper fréquemment lorsqu’il l’interprète cette pièce « le vendredi soir » avec un groupe composé de collègues. « Les quatre musiciens du quartet de Dave Brubeck transforment la complexité du jazz en un rythme et une mélodie. iA Groupe financier est aussi une organisation complexe », compare-t-il.

Le PDG d’iA n’a pas choisi cette métaphore au hasard. Il a étudié la musique avant l’actuariat. Alors qu’il fréquente le Cégep de Shawinigan, le jeune saxophoniste suit des cours au conservatoire de musique de Trois-Rivières. « J’hésitais entre la musique et l’actuariat. Dans son pragmatisme et sa grande sagesse, mon père m’a dit : ‘Si tu vas en actuariat, tu seras capable de payer tes factures.’ Je pense qu’il avait raison : je suis ici aujourd’hui et je pourrai vous parler de musique en même temps », a-t-il lancé devant un auditoire amusé. 

Donner un sens à l’organisation 

Denis Ricard estime que le leadership d’une entreprise doit se vivre à travers sa mission et ses valeurs. L’entreprise doit bâtir une équipe de direction solide, où chaque membre est un spécialiste qui joue sa partition tout en se coordonnant parfaitement avec les autres. Le rôle de cette équipe : rendre ces valeurs contagieuses à tous les échelons de l’entreprise. 

Avant d’en venir à ce niveau, tout dirigeant doit selon lui réfléchir à l’importance de bien jouer son rôle dans un monde qui se complexifie. La mission de l’entreprise émerge de cette réflexion : « iA existe pour que ses clients soient confiants et sécurisés face à leur avenir », a résumé Denis Ricard.

M. Ricard s’est imprégné de cette mission à la suite d’une première expérience avec son entreprise. « Au début de ma carrière, j’ai accompagné un conseiller financier qui allait remettre un chèque à une famille éprouvée par le décès de l’un de ses membres. Ce moment m’a procuré beaucoup de fierté, car j’ai compris que le sens de notre organisation est la protection. » 

Denis Ricard a amorcé sa carrière à iA Groupe financier en 1985 au poste d’analyste en actuariat, après avoir obtenu son bac en sciences actuarielles de l’Université Laval. En 2018, il a pris les rênes des mains de Yvon Charest, qui avait dirigé les destinées de l’assureur entre 2000 et 2018. 

Position dominante 

« Nous avons une position dominante au Canada », lance Denis Ricard. Il rappelle qu’iA Groupe financier trône au 4e rang du marché de l’assurance de personnes. « Et c’est parce que nous jouons dans les grandes ligues », renchérit M. Ricard en faisant allusion aux trois grands du secteur que sont Canada Vie, Sun Life et Manuvie.

L’assureur est toutefois premier dans plusieurs créneaux, fait valoir le PDG d’iA. « Nous sommes les champions de la famille. Nous avons la plus grande part du marché de l’assurance individuelle au Canada en termes de polices vendues, soit 27 %. » Il soutient qu’iA est aussi premier au Canada en termes de ventes de polices de fonds distincts, de garanties aux concessionnaires et d’assurance invalidité pour prêt auto. « Nous sommes numéro deux en gestion de patrimoine », ajoute-t-il. 

Réseaux de distribution 

iA Groupe financier a établi une stratégie de distribution fortement axée sur des réseaux vastes et diversifiés, « allant des plus dédiés aux plus indépendants », explique Denis Ricard. 

« Nous croyons fermement à la valeur du conseil. L’être humain est important dans notre domaine », souligne le PDG d’iA. Le conseil lui semble encore plus important, alors qu’il dit constater que « seuls 50 % des enfants ont un régime enregistré d’épargne-études (REÉÉ) », alors que les gouvernements offrent pourtant des subventions à ceux qui y contribuent.

« Pas plus de 50 % des Canadiens ont un plan de retraite », renchérit M. Ricard. Il se désole de voir « 50 % des Canadiens vivre sur la prochaine paie », ce qui témoigne selon lui de leur difficulté à établir un budget. 

« Certains pensent que la technologie remplacera le conseil donné par un être humain. » Denis Ricard croit plutôt que la technologie ne fera que compléter le conseil. « Nous croyons que l’avenir sera la combinaison de la qualité humaine et du numérique. Nous y investissons énormément », insiste-t-il. 

Générer de la croissance 

Depuis l’entrée en bourse en 2000 d’iA Groupe financier (alors l’Industrielle Alliance) à la faveur de la démutualisation des grands assureurs, la valeur de son action a crû en moyenne de 13 % par année, rappelle M. Ricard. « Il s’agit de la meilleure performance au Canada parmi les assureurs », dit-il. Cette performance a été nourrie par la croissance organique et par plus de 65 acquisitions réalisées « avec prudence ». 

Depuis 2000, un sens entrepreneurial combiné à une saine gestion des risques et à une gouvernance exemplaire a permis à iA Groupe financier de créer de la valeur et se tailler une réputation enviable, estime M. Ricard. « Deux choses m’animent : faire croître l’organisation et bâtir une équipe de direction performante. » 

Les propos qu’a tenu Denis Ricard au Cercle Canadien de Montréal ont suivi de quelques jours ses déclarations lors de la journée des investisseurs diffusée par iA le 28 mars dernier. M. Ricard avait alors déclaré que le passage au nouveau régime comptable des normes des contrats d’assurance IFRS 17 et des instruments financiers IFRS 9 est très favorable à iA.

« La solidité financière d’iA est maintenant pleinement reconnue, avec un ratio de solvabilité de 154 %, qui se traduit par tout près de 2 milliards de dollars (G$) de capital disponible pour déploiement », avait-il déclaré. Le chiffre exact est 1,8 G$. 

Grosse acquisition en vue 

Au Cercle Canadien, le PDG d’iA est revenu sur cette performance, ajoutant que ses activités génèrent chaque année environ 600 millions de dollars (M$) de capital additionnel (estimation pour 2023, alors que le capital généré en 2022 a atteint 550 M$). « Nous pouvons aspirer à de plus grands projets », ajoute M. Ricard. « Nous viserons peut-être de plus gros poissons que ce que l’on visait il y a quelques années », annonce-t-il.

En mai 2020, iA Groupe financier a réalisé la plus importante acquisition de son histoire en mettant la main sur le spécialiste des garanties automobiles américain IAS Parent Holdings, pour la somme de 720 M$ US, soit près de 950 millions de dollars canadiens à l’époque.

Dans un point de presse en marge de l’événement, Denis Ricard a dit porter une attention particulière aux États-Unis pour d’éventuelles acquisitions, dans le secteur de l’assurance de personnes ou des garanties mécaniques. Il se dit prêt à déployer de 500 M$ à près de 1 G$ pour une acquisition.

Moins sensible aux taux d’intérêt 

Durant ce point de presse, il a expliqué qu’IFRS 17 a eu l’effet de gonfler les capitaux d’iA en libérant la marge prudentielle qui était retenue sous l’ancienne norme IFRS 4. Le passage à la norme des contrats d’assurance a également permis à iA Groupe financier de réduire sa sensibilité au risque de taux d’intérêt. Denis Ricard a précisé qu’iA a diminué sa sensibilité aux taux d’intérêt par un meilleur appariement entre son actif et son passif. Il a en revanche augmenté son risque de crédit, en achetant plus d’obligations corporatives.

Par le passé, Denis Ricard n’avait pas été tendre à l’égard de l’implantation d’IFRS 17, qu’il qualifiait de recul pour l’industrie. Maintenant, il fait contre mauvaise fortune bon cœur. « C’est moins pire que nous le pensions au départ, mais IFRS 17 amène quand même une volatilité du bénéfice publié aux états financiers. Il met une lentille à court terme sur des engagements à très long terme », indique M. Ricard. 

Transformer la complexité en valeur  

Pour illustrer l’ampleur de la tâche derrière le passage aux normes comptables IFRS, Denis Ricard a dit qu’elles avaient nécessité l’équivalent de 90 000 jours-personne. « Cela veut dire qu’une seule personne mettrait 400 ans à réaliser ce projet », a-t-il illustré. « Le lien avec le jazz me fait réfléchir à la complexité en termes d’agilité, de fluidité, de créativité. C’est ce dont nos organisations ont besoin pour réussir dans un environnement complexe. Dans le monde des affaires, nous pouvons transformer la complexité en création de valeur. » 

Bases partagées et improvisation 

Non seulement le partage des valeurs, mais aussi la complicité, la confiance, le respect et la bienveillance de l’un envers l’autre est selon Denis Ricard la base partagée qui a permis à iA de réaliser de « beaux résultats ». « Comme leader, j’ai la responsabilité de créer un environnement qui rendra nos équipes de direction agiles, fluides, capables d’innover et de créer de la valeur », ajoute-t-il. 

Le PDG d’iA croit également que l’improvisation est au jazz ce qu’est l’innovation à une équipe de direction performante. Elle se donne le droit à l’erreur et devient plus résiliente face aux défis. « C’est une culture qui se développe de façon inspirée. Elle n’arrive pas toute seule : elle demande du travail, des échanges. Une équipe de direction unie et solide a un effet de contagion dans l’organisation. C’est un avantage compétitif », soutient Denis Ricard.