Les régimes collectifs devront analyser leur profil de réclamations pour savoir où agir pour mieux contrer la hausse des couts. Des spécialistes proposent de regrouper les garanties pour en limiter les couts et inciter les participants à magasiner les médicaments.
Premier vice-président, assurance collective de SSQ Groupe financier, Carl Laflamme recommande de regrouper différentes classes de professionnels de la santé sous un même maximum d’utilisation. Par exemple, l’ensemble des soins reçus de chiropraticiens et massothérapeutes pourrait faire l’objet d’un seul maximum.
M. Laflamme suggère aussi de regrouper certaines garanties sous des comptes de gestion de santé. Ce compte individuel prévoit le remboursement à l’employé de soins déterminés à l’avance, par exemple les soins dentaires et de la vue. L’employeur dépose dans le compte de chaque employé un montant fixe, tel 500 $. Le régime peut prévoir que les montants inutilisés par l’employé soient reportés à l’année suivante.
Selon M. Laflamme, l’employeur peut aussi couper dans le gras sans mécontenter les employés. Il suffit de limiter une garantie plutôt que de la retirer du régime.
« Est-il toujours approprié de couvrir l’hospitalisation en chambre simple alors que le virage ambulatoire fait que nous restons de moins en moins longtemps à l’hôpital? Une chambre double suffirait. La couverture du salaire en cas d’invalidité de courte durée peut-elle être réduite à moins de 60 % du salaire? Mettez des limites! » Autre exemple, un régime pourra limiter les remboursements de massothérapie à 50 $ par séance plutôt que d’assumer les luxueux massages d’hôtels à 140 $ la séance.
Le conseiller doit faire ces remises en question et plusieurs autres avec son client. Il en va de la viabilité des régimes, insiste M. Laflamme. « Les meilleurs conseillers en assurance collective sont ceux qui discutent avec les clients de ce qui les préoccupe, qui suggèrent de modifier le design de leur régime, offre des conseils de fiscalité, etc. Ils savent expliquer que ce n’est pas l’assureur qui paie les réclamations de l’employé, mais plutôt l’employeur et ses collègues », dit-il.
Modeler selon le profil des participants
Les comptes de gestion de santé peuvent contribuer à freiner la hausse en permettant de se modeler aux divers profils de participants, dit Martin Papillon, PDG de Groupe financier AGA. « Des participants utiliseront le maximum permis à leur régime pour les frais paramédicaux et les soins de la vue alors que d’autres ne les utiliseront pas. Pourquoi ne pas enlever ces couvertures et les remplacer par une enveloppe budgétaire dont l’employé a le contrôle? » Il indique que tout soin non couvert par le régime de base pourrait alors être assumé passé par le compte de gestion de santé.
C’est surtout le secteur privé qui écope de ces écarts de prix. Dans un mémoire qu’ils ont soumis conjointement à la Commission des finances publiques du Québec en janvier, l’Association canadienne des compagnies d’assurance de personnes et le Regroupement des assureurs à charte du Québec (RACQ) en font état.
« Aujourd’hui, un employé qui gagne 45 000 $ annuellement devra débourser 17 % plus cher en moyenne pour le même médicament à la même pharmacie qu’un travailleur autonome assuré par le régime public et dont le salaire dépasse 150 000 $. On note aussi que les montants moyens réclamés aux assureurs privés sont 12 % plus élevés au Québec qu’en Ontario pour les gens âgés de moins de 65 ans », peut-on lire dans le document.
Discuter avec le client
Directrice des ventes d’assurances collectives de Financière Manuvie pour la région du Québec, Paola Pasquale invite les conseillers à parler de gestion des médicaments avec leurs clients. « Les employeurs doivent analyser leurs réclamations adéquatement », plaide-t-elle. Un médicament au cout exorbitant pour une maladie chronique peut apparaitre une meilleure solution à l’employeur qu’un arrêt de travail prolongé. Mais du point de vue de l’assureur, c’est une dépense importante, explique la directrice.
« Des solutions existent du côté de la substitution thérapeutique, lorsqu’un produit générique existe. On peut aussi travailler sur les niveaux de franchises et de coassurance. Tout cela fait partie de l’éducation que doit dispenser le conseiller à son client », croit Mme Pasquale.