AGA assurances collectives (AGA) hérite d’un nouvel actionnaire majoritaire. Ce changement résulte d’une transaction au terme de laquelle Novacap a vendu ses parts dans AGA à TA Associates (TA), une firme d’investissement privé américaine. TA a levé des capitaux de 65 milliards de dollars (G$) depuis le début de ses activités en 1968. 

La direction d’AGA dit avoir reçu un investissement important de la part de TA. Elle ajoute que cet investissement se fait en collaboration avec l’équipe de direction d’AGA, laquelle demeure en place à titre d’actionnaire majeur d’AGA. 

Novacap avait investi dans l’entreprise en 2020, à partir de son premier fonds dédié aux services financiers. Firme canadienne présente en Amérique du Nord avec plus de 8 G$ d’actifs sous gestion, Novacap a transféré sa position de propriétaire dans le cadre de la transaction qui s’est conclue le 1er mars 2024.

Inscrite sous le nom de Groupe financier AGA inc. dans le Registre des entreprises du Québec, AGA a comme premier actionnaire et actionnaire majoritaire Gestion financière AGA inc. Martin Papillon en est le PDG et l’administrateur. Chantal Dufresne en est vice-présidente principale, finance et opérations, et trésorière.

Aux États-Unis, TA a des bureaux à Boston, Austin au Texas et à Menlo Park en Californie. TA est premier actionnaire et actionnaire majoritaire de Gestion financière AGA par sa société de portefeuille ABS Bidco Holdings, sise à Menlo Park, selon le registre. Ailleurs dans le monde, TA est présente à Londres, à Bombay et à Hong Kong.

TA se présente comme une firme d’investissement privé axée sur l’accélération de la croissance des entreprises rentables. Elle dit compter plus de 150 professionnels de l’investissement. TA a investi dans quelque 560 entreprises à travers cinq secteurs cibles : technologie, santé, services financiers, consommation et services aux entreprises. 

100 M$ pour acheter 

En entrevue exclusive avec le Portail de l’assurance, Martin Papillon président-directeur général (PDG) d’AGA, n’a pas voulu divulguer les détails de la transaction. Il a toutefois divulgué l’ampleur de l’investissement reçu de la part de TA. « Nous aurons accès à 100 millions de dollars (M$) », révèle-t-il.

TA prend ainsi pied au Canada en investissant dans un courtier qui agit aussi comme un tiers administrateur et payeur dans ses régimes d’assurance collective. AGA dit posséder huit emplacements à travers le Canada et employer plus de 300 personnes. Le portefeuille d’AGA représente plus de 2 700 clients et 200 000 membres de régime, soit plus de 1 G$ en primes d’assurance et actifs de retraite collectifs.

Vif intérêt américain 

Lors de l’entrevue, le PDG d’AGA a insisté sur l’appétit qu’ont les firmes d’investissement privé américaines pour le secteur de la distribution et de la technologie en assurance collective.

C’est aussi le cas en assurance de dommages, secteur dans lequel de grands courtiers consolidateurs tels que NFP, Westland et Hub International alimentent l’intérêt. L’apport de capitaux privés américains est de plus en plus fréquent. Parmi d’autres consolidateurs canadiens, Synex Performance d’affaires a accueilli un investissement privé de 100 M$ de la firme américaine BBH Capital Partners, en mars 2022.

Martin Papillon a révélé que TA lui a récemment manifesté son intérêt d’investir dans AGA. La firme s’est ensuite tournée vers Novacap pour lui faire une offre.

Le PDG d’AGA a souligné l’apport de Novacap, « qui nous a permis de quadrupler de taille en trois ans et demi ». Depuis 2020, AGA a réalisé cinq acquisitions. « Ça a attiré l’attention d’un autre fonds privé plus gros, qui a dit vouloir prendre la balle à partir d’ici et continuer le projet de croissance avec AGA », relate-t-il. 

Accès à la dette signée USA 

M. Papillon gagne un accès à un marché de la dette convoité grâce à son nouvel actionnaire.

L’arrivée de TA nous donne accès au marché de la dette américain – Martin Papillon 

« L’arrivée de TA nous donne accès au marché de la dette américain, plus vaste et plus flexible. Au Canada, le financement d’entreprises passe par une poignée de banques qui imposent leurs termes. Le marché de la dette américain est complètement différent. Les institutions ont beaucoup d’appétit pour financer les entreprises », dit-il. 

D’après Martin Papillon, le délai de remboursement sera beaucoup plus court aux États-Unis qu’au Canada. « Au Canada, il faut avoir tout remboursé dans un horizon de 5 à 6 ans, soit entre 60 à 72 mois. Aux États-Unis, j’ai vu des structures de prêt où tu rembourses 1 % du capital par année pendant sept ans », rapporte le PDG d’AGA. 

Cette période permet de redéployer la presque totalité du capital pour des acquisitions qui produiront éventuellement des flux de revenu, ajoute M. Papillon. « Ça ouvre des portes », dit-il.