Bon an mal an, assureurs et courtiers sont plus ouverts aux solutions technologiques qui leur sont offertes, disent divers fournisseurs technologiques. Changer les vieilles habitudes demande toutefois encore du temps.Karl Greenlaw, PDG de Brovada, dit voir une amélioration. « Ils n’utilisent pas les outils que nous leur offrons comme ils le devraient, mais en les poussant et en les formant, ils comprennent le bien-fondé de la chose. Il n’est d’ailleurs pas logique de continuer à réaliser une opération pendant 20 minutes, alors qu’elle peut être faite autrement en 1 minute. Si les courtiers sont coupables d’une chose, c’est de ne pas vouloir changer leurs habitudes. Notre principal obstacle est de les inciter à se désancrer du passé. Quant aux assureurs, ils ne veulent pas dépenser de fortes sommes tant qu’ils ne sont pas obligés de le faire », dit-il.
Jeff Sutton, directeur national d’iClarify, de RMS, dit aussi voir une nette amélioration depuis douze mois. « On voit une plus grande volonté d’utiliser nos outils. Néanmoins, chez certains assureurs, il y a encore du travail à faire. Beaucoup de chemin a été franchi au cours de la dernière année et ça devrait être encore mieux dans douze mois. Ce ne sont pas tous les assureurs qui ont toutes les données pour bien faire leur travail et c’est là qu’on entre en jeu. En assurance, travailler en technologie n’a jamais été aussi excitant que maintenant. L’industrie a les yeux grands ouverts sur le besoin de changer ses façons de faire. Ils veulent aller chercher des données analytiques pour bien faire leur travail », dit-il.
Reid French, PDG d’Applied Systems, souligne que l’industrie change rapidement et que les gens embrassent les nouvelles façons de vendre, comme les médias sociaux. « Ils veulent comprendre les nouvelles façons d’interagir. Ça permettra aux assurés de mettre à jour leur profil et leurs données, de télécharger leur police d’assurance ou encore leur certificat d’assurance. Il faut aller dans cette direction, autant nous, en tant qu’entreprise, que l’industrie dans son ensemble », dit-il.
Aller vers les applications mobiles
La mobilité est aussi un aspect qui attire les courtiers, dit M. French. « Ils ont finalement pris le contrôle d’Internet. Maintenant, ils doivent aller vers les applications mobiles. Il y a cinq ans, réaliser une transaction bancaire sur un appareil mobile était impensable. C’est devenu chose courante. La même chose va se produire en assurance », dit-il.
Philippe Joassin, vice-président des ventes et du développement des affaires de Compu-Quote au Québec, dit que les courtiers tirent bien profit des outils qu’ils ont, mais que la formation est essentielle à cet égard. « Il y a des cabinets qui font appel à nous pour qu’on leur donne de la formation dans leur cabinet et s’assurer que tout le personnel possède bien le logiciel sur le bout des doigts. On organise aussi des formations aux quatre coins de la province. On offre aussi de la formation par vidéo, mais le modèle traditionnel est encore très fort », dit-il.
Michel Vigeant, vice-président, développement des affaires, de Policy Works, abonde dans le même sens. Il ajoute toutefois que la formation seule ne suffit pas. Encadrer le courtier pour qu’il tire profit des avantages d’une solution technologique est selon lui primordial.
« La percée des assureurs directs a habitué les courtiers à être compétitifs. Un courtier qui ne s’adapterait pas serait appelé à disparaitre. Il y a toujours de la résistance à tout, mais nous avons identifié les points de résistance. C’est pourquoi l’encadrement de nos clients est aussi important. Livrer une solution est une chose, mais l’encadrement continu est la clé », dit-il.
Pat Durepos, PDG de Technologie Keal, dit qu’en tant que fournisseur technologique, il « mange » de la technologie au quotidien. Il souligne que courtiers et assureurs n’iront jamais assez vite à son gout pour implanter les nouvelles avancées technologiques dans leurs pratiques.
Il se dit toutefois encouragé de voir des courtiers particulièrement proactifs. Il cite le cas d’un propriétaire de cabinet de courtage qui, à partir du BMS que Keal lui fournit, a fait une étude complète de ses prospects. Celui-ci collecte aussi le plus de données possibles sur la profession de ses clients et des associations dont il fait partie. Il prépare aussi des campagnes de courriels et fait des communiqués à l’intention de ses clients. Le tout sans papier. « Ces courtiers sont ceux qui vont obliger les autres à changer pour rester en affaires », dit-il.