Les résultats financiers de LEDOR Assurances en ont pris pour leur rhume au cours des dernières années. La mutuelle et La Capitale comptent sur leur projet de fusion pour redresser la situation.
Plusieurs actions ont été prises en 2015 pour faire le ménage dans les finances de LEDOR, notamment de se replier de la région de Montréal, de raffiner sa stratégie de marchés de niches, de resserrer les critères de sélection dans le réseau de courtage et d’améliorer son positionnement dans le réseau de distribution direct.
Selon Micheline Nadeau, directrice générale de LEDOR Assurances, l’assureur récolte actuellement les fruits de ces mesures. « Nous avons connu une croissance assez importante en 2018 et nous avons conclu des partenariats tant dans le réseau du courtage que dans le réseau direct. C’est le travail de tous qui a permis d’afficher cette croissance-là. »
Durant l’exercice précédent, les primes de la mutuelle sont passées de 60,5 millions de dollars (M$) à 67,3 M$. Et depuis le début de l’année, la croissance se chiffre à 30 %, a révélé Mme Nadeau en entrevue à FlashFinance.ca.
Selon les données recueillies dans le Rapport sur les institutions financières 2017 de l’Autorité des marchés financiers, LEDOR Assurances présentait une perte de 1,2 M$ avec un ratio de sinistres de 74,8 %, un ratio de frais d’exploitation de 43 % et un ratio combiné de 117,8 %. Les données pour 2018 n’ont pas encore été rendues publiques par le régulateur.
La Capitale croit également que l’intégration de LEDOR peut l’aider. « C’est certain que de par la taille de La Capitale, ça va régler par soi-même certains défis qu’un plus petit groupe peut avoir, a expliqué Jean-Pascal Lavoie, porte-parole de l’assureur, à FlashFinance.ca. Nous sommes en développement de nos systèmes informatiques. Nous avons un paquet d’avantages, qu’il s’agisse de notre volume ou de notre échelle, qui nous permettent d’avoir des couts moindres. Nous sommes surs que le projet serait bénéfique pour nos membres. »
La Capitale a une certaine expérience pour redresser la rentabilité d’assureurs déficitaires. Au milieu des années 2000, elle avait acquis York & Fire, filiale de Kingway, qui présentait des pertes depuis quelques années. L’assureur l’a renommée Unica, lui a fait retrouver sa rentabilité et s’en sert pour développer le marché ontarien.
Structure transitoire
D’ici à la conclusion du regroupement, soit à la fin de 2019 ou au début 2020, Ledor Assurances sera une filiale de La Capitale, a révélé Micheline Nadeau. La mutuelle continuera ses activités de la même façon. Le volume de son réseau de courtage sera transféré à L’Unique assurances générales. Il n’a pas été précisé comment sera réparti le volume de son réseau direct.
Jean-Pascal Lavoie a toutefois affirmé que les mutualistes de Ledor Assurances deviendraient, si la fusion est acceptée, de facto des membres de La Capitale dès le 12 juin.
Il a également souligné qu’un comité de transition sera mis sur pied afin de préciser davantage ces questions. « Nous avons sans doute des pistes d’idées qui seront discutées durant la transition. »
De nouveaux marchés
La fusion entre LEDOR et La Capitale permet à cette dernière d’accéder à de nouveaux marchés. En effet, LEDOR détient une spécialité dans l’assurance agricole et une bonne présence dans les milieux ruraux. « Ils ont un savoir-faire de longue date que nous voulons mettre à profit », a ajouté M. Lavoie.
Tous deux souhaitent que le projet soit adopté lors de la réunion extraordinaire des membres, qui se déroule demain. « C’est un beau projet qui est porteur, autant pour les membres que pour les employés. Il permettrait de conserver 150 emplois en région. Nous pourrons aussi offrir une plus grande gamme de produits », résume Mme Nadeau.
Urgence d’agir
Lors de cette réunion, les membres devront aussi voter pour transformer Ledor Assurances en société par actions, une étape cruciale pour procéder à la fusion. « Si ce n’est pas adopté le 11 juin, le processus pour devenir une société par actions sera plus compliqué avec la mise en place de la Loi sur les assureurs le 13 juin », a-t-elle soutenu.
Elle dit toutefois avoir bon espoir que les membres donnent l’aval à Ledor. « Les membres sont très positifs face au projet, les employés aussi. Je pense que c’est encourageant pour eux de pouvoir continuer à pratiquer leur métier chez La Capitale. »
« On souhaite que ça se réalise. C’est très bien accueilli de notre côté. Nous attendons avec enthousiasme la confirmation », a ajouté M. Lavoie.
