Selon une compilation publiée par le Bureau d’assurance du Canada (BAC) le 7 décembre dernier, les événements météorologiques qui ont frappé le Québec en 2023 ont entraîné des dommages assurés de 680 millions de dollars (M$).
En 2022, ce montant était estimé à 580 M$. L’année 2023 est la plus coûteuse pour les assureurs au Québec depuis 1998, année de la crise du verglas qui a paralysé une bonne partie du Québec habité.
C’est d’ailleurs un autre épisode de verglas survenu le 5 avril dernier qui a été le sinistre le plus coûteux en 2023 au Québec, avec une estimation de 213 M$. Cet épisode a forcé l’Autorité des marchés financiers à assouplir temporairement ses règles concernant l’utilisation des surnuméraires pour exercer les activités d’expert en sinistre.
La journée du 13 juillet, avec le vent, la pluie et la foudre, a aussi été à l’origine de dommages assurés évalués à 200 M$.
Les feux
Les feux de forêt de l’été 2022 ont entraîné des dommages assurés de plus de 22 M$, selon un sondage interne mené par le BAC-Québec.
Au Québec seulement, ce sont plus de 4,5 millions d’hectares (ou 45 000 km2) qui ont été rasés par le feu, selon les estimations de la Société de protection des forêts contre le feu (SOPFEU). Quelque 1,2 million d’hectares (M ha) de ces territoires brûlés sont dans la zone de protection intensive, soit au sud de la limite de la forêt publique en exploitation. On ne déplore aucune perte de vie humaine.
La saison 2023 a été exceptionnelle au Québec, mais les feux ont aussi fait des dommages élevés ailleurs au pays, notamment en Colombie-Britannique et dans les Territoires du Nord-Ouest.
D’un océan à l’autre, selon la compilation récente faite par ICI Radio-Canada, ce sont 18,5 M ha qui ont été frappés par des brasiers. Le précédent record de 1989, avec 7,6 M ha, a été largement dépassé.
Plusieurs municipalités ont été touchées par un ordre d’évacuation, tant en raison de la proximité des flammes que de la mauvaise qualité de l’air.
Le 3 octobre, selon l’Indice d’estimation des catastrophes (CatIQ), le BAC rapportait des dommages assurés de plus de 720 M$ pour les feux ayant frappé la Colombie-Britannique. Ce sinistre apparaît déjà au 10e rang des catastrophes naturelles les plus coûteuses de l’histoire du pays.
Le 20 novembre, toujours selon les estimations de CatIQ, le BAC rapportait que deux feux majeurs ayant frappé les Territoires-du-Nord-Ouest ont causé des dommages assurés d’au moins 60 M$. Plus de 20 000 personnes ont dû évacuer leur domicile dans les communautés de Yellowknife et de Hay River.
Inondations
Toujours dans son communiqué du 7 décembre, le BAC a réitéré son souhait de « voir un engagement financier encore plus grand du gouvernement fédéral pour accélérer la mise en place du programme national d’assurance inondation ».
Une annonce a eu lieu à cet égard dans le budget fédéral soumis le 28 mars dernier. Les sommes annoncées demeurent modestes. À cet égard, les travaux menés par un chercheur bien connu dans le monde de l’assurance montrent que les programmes d’aide qui visent les sinistrés devraient aussi être financés par le monde municipal.
Il y a eu des inondations un peu partout au pays encore une fois en 2023. Deux mois après avoir été frappé par des feux de forêt qui ont causé des dommages à plusieurs centaines de maisons près de Halifax, la Nouvelle-Écosse a été frappée par des inondations majeures.
Dans le cas du feu de Tantallon, qui a sévi du 28 mai au 4 juin, le BAC indiquait que les dommages assurés étaient estimés à plus de 165 M$, selon le communiqué publié le 5 juillet. Quelque 200 propriétés, dont 151 résidences, ont subi des dommages.
Un mois après les inondations survenues le 23 juillet, toujours en Nouvelle-Écosse, le BAC rapportait que les dommages assurés étaient évalués à plus de 170 M$.
Les événements météorologiques extrêmes avaient déjà lourdement pesé sur le volume de sinistres en 2022, comme on pouvait le voir dans notre tableau sur le ratio combiné des principaux assureurs de dommages en mai dernier.
Les plus récents états financiers du troisième trimestre publiés par les assureurs de dommages ont montré que la tendance s’est poursuivie en 2023, particulièrement en raison des feux de forêt, les pluies torrentielles et les crues soudaines. Cela a été le cas notamment pour les assureurs Intact Corporation financière, Société financière Definity et Co-operators.
Le bilan des catastrophes des neuf premiers mois de l’année fait par Aon confirme la tendance à la hausse des catastrophes naturelles. Quelque 47 événements avaient déjà dépassé la barre du milliard de dollars en dommages, dont 32 surpassaient le milliard en pertes assurées.
Séismes et ouragans
Le puissant séisme qui a frappé la Turquie et la Syrie le 6 février dernier a été la catastrophe la plus meurtrière en 2023. Munich Re faisait le même constat dans son bilan du premier semestre.
Dans la foulée de cet important sinistre, on pouvait constater que le risque de séisme était méconnu et peu couvert au Québec.
Le 18 décembre, un autre séisme d’une magnitude 6.2 à l’échelle Richter a frappé la province du Gansu, au nord de la République populaire de Chine. Le bilan préliminaire des autorités rapporte au moins 135 décès, 980 blessés et des dommages à plus de 207 000 immeubles. Les efforts des secouristes sont rendus plus ardus en raison du froid mordant (-20 °C) qui sévit dans les régions montagneuses où le tremblement de terre a eu lieu.
L’ouragan Otis qui a frappé la province mexicaine du Guerrero et la station balnéaire d’Acapulco, le 24 octobre dernier, a été l’un des plus dévastateurs de l’année. Trois jours auparavant, l’agence DBRS Morningstar publiait une note où elle constatait que les assureurs étaient de plus en plus nombreux à fuir les régions côtières les plus vulnérables.
La montée des eaux cause aussi des préoccupations constantes pour les communautés côtières, notamment en raison des problèmes liés à l’érosion des berges. Quelque 67 M$ ont ainsi été annoncés pour appuyer six projets distincts en cours dans l’est du Québec à la fin de mars dernier.
À la fin avril, la Commissaire au développement durable du Québec publiait un chapitre, dans son rapport annuel, qui touchait particulièrement les menaces posées par l’érosion et la submersion côtières.
Selon le chercheur Arthur Charpentier, professeur de mathématiques spécialisé en actuariat à l’Université du Québec à Montréal (UQAM), le modèle de mutualisation des risques est mis à mal par la hausse des catastrophes naturelles.
Orages et pluies diluviennes
Aux États-Unis, où sont concentrées la majeure partie des réclamations couvertes par l’assurance, on constate que les orages convectifs majeurs sont responsables de la plupart des pires sinistres. Le terme convectif désigne les mouvements d’air verticaux en météorologie.
Au Canada, les estimations faites par CatIQ pour ces orages montrent des dommages importants. Le 19 septembre, le BAC estimait à plus de 300 M$ en dommages assurés les tempêtes ayant frappé l’Alberta et les autres provinces des Prairies durant l’été.
Quatre événements distincts survenus en juin et juillet ont causé la quasi-totalité de ces réclamations. Le 1er juillet, une dépression a traversé l’Alberta et la Saskatchewan. Une tornade de catégorie EF-4 a été détectée à Didsbury (Alberta). Les dommages assurés dépassent les 100 M$. Par ailleurs, le 15 juillet à Calgary, la grêle a causé des dommages estimés à plus de 110 M$.
En Ontario, cinq événements distincts ont dépassé la barre des 30 M$ en dommages assurés entre le 20 juillet et le 25 août. Dans son communiqué du 16 octobre, toujours selon CatIQ, le BAC rapportait que les dommages assurés étaient d’au moins 340 M$.
Chaleur et canicule
La chaleur et la sécheresse ont été responsables de plusieurs épisodes de canicule et des nombreux feux de forêt qui ont marqué l’année 2023.
À la fin du printemps, le Centre Intact d’adaptation au climat de l’Université de Waterloo (CIAC) publiait des lignes directrices de protection contre la chaleur extrême.
Le CIAC a aussi participé à la publication d’un rapport sur la gestion des inondations, le printemps dernier.