Le Regroupement des cabinets de courtage d’assurance du Québec (RCCAQ) confirme avoir reçu une subvention du ministère de l’Économie et de l’Innovation (MEI) pour son projet de transition numérique des cabinets de courtage. L’aide pourrait atteindre 3 760 000 $.
Le RCCAQ est en train de finaliser l’entente avec des représentants du Ministère. Le projet pilote doit démarrer d’ici avril 2022 avec une douzaine de cabinets. Il sera ensuite déployé auprès de l’ensemble des membres du RCCAQ de même qu’auprès des cabinets qui ne le sont pas encore.
« Il est essentiel pour les entreprises de services, comme les cabinets de courtage en assurance de dommages, de pouvoir compter sur des outils technologiques à la fine pointe permettant une expérience enrichie aux consommateurs », indique Jean-Pierre Tardif, président du conseil d’administration, dans le communiqué du RCCAQ.
« Cette nouvelle arrive à point alors que la pandémie nous force à revoir nos méthodes de travail. Cette somme nous permettra d’appuyer et de soutenir les cabinets de courtage dans un environnement d’affaires de plus en plus compétitif », ajoute M. Tardif.
Pour la phase pilote, les cabinets retenus seront sélectionnés dans les prochaines semaines. Un plus grand nombre de cabinets ont déjà exprimé leur intérêt, confirme M. Tardif lors d’un entretien avec le Portail de l’assurance.
La sélection sera faite sur la base de la représentativité des cabinets en termes de taille, de spécialisation et de répartition géographique sur le territoire, souligne Éric Manseau, directeur général du RCCAQ.
Comité technologique
Dans l’édition de septembre 2021 du Journal de l’assurance, Mathieu Brunet, alors président du conseil du RCCAQ, avait parlé des efforts menés par le comité technologique. Dans la foulée de la planification stratégique menée en 2020, la mission du Regroupement a été revue. Le soutien aux projets ciblés par les cabinets était l’un de ces éléments, et la transition numérique était l’un de ces projets.
Le comité technologique a alors été renforcé et les réunions ont été plus fréquentes, rappelle M. Brunet. Alors que la feuille de route des travaux se précisait, le gouvernement a annoncé le programme « Offensive en transformation numérique » (OTN) dans son budget de mars 2021.
L’OTN dispose d’une enveloppe de 130 M$. Pour en savoir plus le programme, on peut consulter cette page dans le site du ministère de l’Économie et de l’Innovation.
Les efforts du comité ont par la suite inclus le montage d’un projet axé sur la transformation numérique. Le « cabinet numérique de demain » est l’un des projets financés par l’OTN. L’utilisation de l’intelligence artificielle suivra dans une phase subséquente de la feuille de route du RCCAQ.
Deux volets
Le RCCAQ veut créer une plateforme pour générer des opportunités (« leads ») dans le courtage. Cette plateforme ne fait pas partie du projet subventionné par le programme du MEI, précise M. Brunet.
Le ministre responsable du MEI, Pierre Fitzgibbon, indique que les fonds de l’OTN doivent servir à accompagner les PME dans leur transition vers le numérique, et non pas pour financer des solutions technologiques, selon Éric Manseau.
Le chantier du RCCAQ comprend un volet de sensibilisation auprès des cabinets afin qu’ils saisissent l’occasion de procéder à cette transformation de leur processus d’affaires. Tous les cabinets de courtage seront visés par ce volet, et non seulement les membres du Regroupement, précise M. Manseau.
Le deuxième volet est axé sur l’accompagnement individualisé des cabinets et la planification de la transformation. « On fera des analyses d’écart : où se situe le cabinet dans cette transition numérique ? Qu’est-ce que ça prend pour combler cet écart ? On prépare ensuite un plan pour réaliser la transformation », explique le directeur général du RCCAQ.
Toutefois, la formation qui permettra aux cabinets d’utiliser la nouvelle plateforme sera incluse dans le projet subventionné. On veut faciliter l’accès aux courtiers pour les particuliers qui ont un besoin d’assurance à combler. Certains assureurs directs offrent déjà un tel outil et les cabinets de courtage auront bientôt le leur, ajoute Mathieu Brunet.
Jean-Pierre Tardif souligne que cette plateforme permettra au réseau de courtage de développer son expertise en matière de développement des affaires dans l’espace numérique. « Ce n’est que la première phase d’un projet plus ambitieux », dit-il.
Éric Manseau ajoute que l’utilisation des données et l’intelligence d’affaires sont d’autres avantages qui découleront de cette plateforme.
Le projet pilote ne durera que quelques semaines et doit mener à l’ouverture du chantier à l’ensemble des cabinets, note M. Brunet. Les autres cabinets seront par la suite intégrés de façon graduelle à la plateforme, laquelle sera ouverte à tous.
La distribution
Le RCCAQ veut améliorer l’expérience client des consommateurs avec le réseau de courtage et améliorer la productivité des cabinets dans leur relation avec les assureurs.
Les médias sociaux seront largement utilisés pour aiguiller les consommateurs qui ont besoin d’assurance automobile ou habitation vers la plateforme du RCCAQ, souligne Mathieu Brunet. Les soumissions pourront être faites en ligne auprès de plusieurs assureurs, et si l’une des offres est jugée satisfaisante par le consommateur, le lead sera transféré à un cabinet. L’algorithme de distribution de ces leads sera raffiné en cours de route. « C’est notre intelligence d’affaires qui permettra de jumeler le client avec le bon courtier », poursuit M. Brunet.
La question de la distribution des contacts est importante. « Si j’envoie une demande à un cabinet qui répond en 15 minutes, comparativement à un autre où la réponse est immédiate, ou si j’ai un taux de succès très élevé à un endroit et très bas à un autre, ça soulève des enjeux réels », souligne Jean-Pierre Tardif.
Des cabinets ont déjà des systèmes qui permettent la vente en ligne, mais rien n’est aussi sophistiqué, affirme le président du RCCAQ.
« C’est un projet mené par des courtiers pour des courtiers, ajoute Éric Manseau. C’est un projet fédérateur qui nous mobilise. C’est une dimension qui m’allume beaucoup. »