Les pluies torrentielles s’étant abattues dans certaines régions du Québec le 13 juillet dernier ont établi de nouveaux records de précipitations, avec une quantité importante de réclamations en dommages auprès des assureurs. Mais cela n’est rien en comparaison des sinistres engendrés par le passage des restes de l’ouragan Debby l’année dernière.
Selon MétéoMédia, les orages ont déversé 57,5 millimètres (mm) de pluie en moins d’une heure à Montréal, pour atteindre un total dépassant 81 mm en une journée. C'est un record pour un mois de juillet dans la métropole. L’ancienne marque du 10 juillet 2024, lorsque les vestiges de l'ouragan Beryl avaient atteint la province, était de 79,2 mm.
Même si le cumul est loin du record historique du 9 août 2024 et ses 154 mm de pluie tombée en 24h après le passage des restes de Debby, Environnement Canada indique que le 13 juillet 2025 fait partie des journées les plus pluvieuses de Montréal depuis le début de la consignation de ces renseignements.
Dans la région métropolitaine, les averses étaient à ce point intenses que plusieurs rues ont été impraticables, des véhicules ayant été faits prisonniers des eaux.
Les infrastructures municipales étant débordées, de nombreux Montréalais ont été aux prises avec des refoulements d’égout. Puis, au fur et à mesure que le système se déplaçait vers l’Est, des résidents de Trois-Rivières et de Québec ont aussi goûté aux caprices de Dame Nature.
Rien à voir avec Debby
Bien que le bilan des pluies du 13 juillet et la valeur des dommages subis n’est pas encore disponible, le Bureau d’assurance du Canada (BAC) confirme déjà que cet épisode de précipitations est loin d’avoir été aussi dévastateur que le passage des restes de l’ouragan Debby.
Dans un courriel, le BAC a indiqué que « moins de 5000 » réclamations ont été effectuée, « alors qu’elles ont été de 84 000 pour le 9 août 2024 ».
« La raison est que Debby avait affecté plusieurs régions du Québec, alors que le 13 juillet, il semble que c’est surtout la grande région de Montréal qui a été touchée », ajoute-t-on.
C’est un constat similaire qu’on dresse chez Belairdirect et Intact Assurance, des filiales d’Intact Corporation financière, où le nombre de dossiers de réclamations ouverts représente « environ 5% » du volume de demandes générées par Debby.
« Bien que les inondations du 13 juillet à Montréal aient entraîné des réclamations, la résilience, l'efficacité et l'envergure de nos opérations et de notre équipe d’indemnisation nous ont permis de gérer les temps d’attente et remettre nos clients sur la bonne voie rapidement, avec un bon nombre de dossiers déjà fermés », affirme par courriel Caroline Audet, des relations médias et affaires publiques d’Intact Corporation financière.
De son côté, iA Groupe financier indique par courriel avoir reçu « peu de réclamations en lien avec les pluies diluviennes du 13 juillet ».
Même son de cloche de côté de Promutuel Assurance. Les membres-assurés « ont été en grande partie épargnés par les pluies du 13 juillet, de sorte que les dossiers de sinistres ont pu être traités via nos opérations régulières », mentionne-t-on dans un message.
Prêts pour l’avenir
Chez Desjardins Assurances, on indique avoir tiré des leçons du déluge Debby. « On était vraiment prêts cette fois-ci, souligne Kareen Gaudreault, vice-présidente, Indemnisation. On savait qu’il y aurait des pluies importantes, alors on a pu réagir rapidement en utilisant la force de notre grand groupe. On était prêts à prendre les [sinistrés] en charge. »
En plus de recruter du personnel pour accueillir les demandes de renseignements et d’indemnisation de la clientèle, des courriels informatifs ont été envoyés aux assurés pour leur prodiguer des conseils sur la procédure de réclamation et pour limiter les dégâts causés à leur propriété.
« Beaucoup de gens sont allés sur notre site pour savoir comment réagir et prévenir l’aggravation des dommages », indique Mme Gaudreault lors d’un entretien téléphonique avec le Portail de l’assurance.
Des « processus accélérés » pour faciliter l’obtention de fonds ont aussi été mis en place.
L’assureur est conscient que les épisodes de pluie intense – et les dégâts qui s’en suivent – seront plus fréquents en raison des changements climatiques, relève la vice-présidente.
« Il faut agir sur deux niveaux : on est prêts pour la prise en charge avec nos partenaires quand le sinistre se produit, mais il faut aussi travailler la résilience, autant sur les maisons actuelles que ce qui peut être fait pour éviter ou limiter les dommages futurs », ajoute Mme Gaudreault, qui cite en exemple un incitatif financier de 1000$ offert par Desjardins à ses membres pour l’installation d’un clapet anti-refoulement ou d’une pompe submersible.
« En assurance, on a toujours eu l’habitude de reconstruire à l’identique, poursuit-elle. Maintenant qu’on sait que les assurés peuvent être exposés à de nouveaux sinistres plus fréquemment, on s’interroge sur la manière de les accompagner et de les sensibiliser. »
Intact et Belairdirect vont dans la même direction, confirme Caroline Audet. « Face à l’augmentation de la fréquence et de la gravité des phénomènes météorologiques extrêmes, il est essentiel de s’adapter ; c’est pourquoi nous avons lancé Toujours Intact, une plateforme proposant des outils pratiques pour aider les Québécois à protéger leur habitation et à s’adapter au climat changeant », écrit-elle.
Des assurés moins patients
Les leçons de Debby ont aussi été appliquées par les experts en sinistre.
« L’an dernier, ça a été tellement difficile et démesuré en termes de quantité de dossiers et d’ampleur, note Christine Dufour, présidente de Sinisco. Mais l’épisode Debby nous a permis de mettre en œuvre notre plan catastrophe, qui était bien rodé, mais peu utilisé. Et ça a tellement bien été dans notre cas pour la gestion de Debby, que cette année, ça a été très simple à régler. »
Le directeur provincial de l’entreprise, Sylvain Kirouak, abonde en ce sens. « Les demandes étaient plus localisées et plus faciles à gérer. Ça a été une bonne catastrophe, mais avec l’expérience qu’on a eue, ça s’est bien passé. On a du monde d’expérience : on a tous mis la main à la pâte et tout le monde savait quoi faire. »
La communication avec les assureurs s’est grandement améliorée, poursuit Mme Dufour. « C’est de plus en plus facile, et ça nous facilite la tâche », dit-elle.
Or, la patience des assurés s’est pour sa part étiolée, dans certains cas, témoignent les dirigeants de Sinisco.