Les pertes assurées causées par les catastrophes naturelles au premier semestre de 2020 ont totalisé entre 27 milliards de dollars (G$ US) et 31 G$ US. C’est ce qu’indiquent les rapports d’Aon, de Munich Re et de Swiss Re sur les évènements climatiques des six premiers mois de 2020.
Les dommages assurés sont supérieurs à ceux de l’an dernier à la même période, affirme Swiss Re, pour qui les dommages assurés estimés pour le premier semestre de 2019 étaient de 23 G$ US.
Des « lacunes en matière de protection »
D’après les trois entreprises, les dommages assurés comptaient pour environ 40 % des dommages économiques enregistrés, qui totalisaient entre 68 G$ US et 75 G$ US.
« Environ 60 % des sinistres dus aux catastrophes naturelles au cours du premier semestre 2020 n’étaient pas assurés. La gravité des risques secondaires augmentant probablement dans les années à venir, il est très clair que le secteur de l’assurance doit combler les lacunes en matière de protection contre les catastrophes naturelles. Le changement climatique est un risque systémique et contrairement à la COVID-19, il n’a pas de date d’expiration », dit Jérôme Jean Haegeli, économiste en chef de Swiss Re.
Nombre élevé de catastrophes
Quelque 207 évènements climatiques ont été enregistrés par Aon. Ce nombre, d’après le cabinet, est « supérieur à la moyenne sur 20 ans de 184 et à la médiane de 189 ». Environ 2 200 personnes ont perdu la vie et 60 % des décès ont été causés par des inondations, dit l’entreprise.
Il y a eu au moins 20 évènements ayant causé des dommages économiques de 1 G$ US. Quelque 10 d’entre eux sont survenus aux États-Unis, 5 en Asie-Pacifique et 3 pour la région de l’Europe, du Moyen-Orient et de l’Afrique (EMEA).
Les Amériques, excluant les États-Unis, ont été touchées à deux reprises. La tempête de grêle du mois de juin dernier survenue à Calgary, en Alberta, en est un exemple. Cette dernière a engendré près de 1 G$ US en dommages assurés.
L’Amérique du Nord fortement touchée
82 %. C’est la part des dommages assurés survenus en Amérique du Nord par rapport au reste du monde, indique Munich Re dans son rapport.
Le continent a été touché par des tempêtes, des tornades et des inondations, qui ont couté 21 G$ US en dommages assurés, note le réassureur. Le total des dommages assurés a été d’environ 22 G$ US sur le continent.
« Les orages violents en Amérique du Nord dominent les chiffres des pertes ; cela démontre la nécessité de renforcer la résilience pour atténuer celles-ci. Cela est particulièrement pertinent parce que les changements climatiques sont susceptibles de jouer un rôle dans l’augmentation du risque d’orage en Amérique du Nord à long terme. Le monde doit enfin prendre des mesures rigoureuses pour réduire les émissions de gaz à effet de serre afin de prévenir les pertes et s’assurer que nous ne sommes pas pris au dépourvu par les conséquences des changements climatiques », dit Torsten Jeworrek, PDG réassurance chez Munich Re.
Swiss Re affirme que le total de dommages assurés au premier semestre est le plus élevé depuis celui de 2011, lors duquel 30 G$ US avaient été remboursés par les assureurs.
Au niveau des dommages économiques, l’Amérique du Nord compte pour 47 % du total, dit Munich Re.
La plus importante tempête
L’évènement climatique qui a couté le plus cher est l’ouragan Amphan, qui a fait des ravages en Inde et au Bangladesh au mois de mai. Des vents allant jusqu’à une vitesse de 260 km/h ont été enregistrés. Aon indique que 133 personnes sont décédées en Inde.
Les pertes se situent entre 11,5 G$ US et 15 G$ US, d’après les trois entreprises.
« Les dommages assurés n’ont pas encore été déterminés, mais représenteront probablement une proportion relativement faible de l’ensemble des sinistres », souligne toutefois Munich Re.
D’autres catastrophes naturelles
Voici deux autres évènements importants survenus lors de la première moitié de l’année 2020 :
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Des inondations causées par des pluies importantes en Chine ont causé la mort d’environ 100 personnes au mois de juin. Les dommages économiques n’ont pas été déterminés, note Aon.
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La tempête hivernale Ciara, caractérisée par des vents allant jusqu’à 200 km/h, a causé des dommages de 1,8 G$ US. Environ 1,2 G$ US ont été remboursés par les assureurs, estime Munich Re. La tempête, survenue au mois de février, est la tempête la plus couteuse survenue en Europe lors du premier semestre de 2020.
Prévision pour le reste de 2020
Selon Munich Re, le deuxième semestre de l’année connaitra une saison des ouragans importante. « Le cycle climatique naturel connu sous le nom d’El Niño - Oscillation australe sera probablement un facteur influent dans l’activité des ouragans dans l’Atlantique Nord au cours de la seconde moitié de l’année. »
De plus, d’après le réassureur, lors de la saison des ouragans, le phénomène climatique nommé La Niña pourrait se développer, « ce qui peut favoriser le développement et l’intensification des cyclones tropicaux sur l’Atlantique tropical », peut-on lire dans le rapport du réassureur.
La Niña, selon Environnement Canada, est « caractérisé par des températures océaniques anormalement froides dans le Pacifique équatorial ». Le phénomène apparait à tous les trois à cinq ans.
Munich Re indique que « même la saison des feux de forêt en Californie, en particulier dans la partie nord de l’État, pourrait être plus importante cette année, car les conditions de type La Niña créent généralement des conditions anormalement sèches dans la région en automne, retardant les pluies hivernales habituelles ».