Les assureurs de dommages des entreprises auront leur rôle à jouer dans la relance qui suivra la fin des mesures de confinement liée à la COVID-19, affirme le Regroupement des cabinets de courtage d’assurance du Québec (RCCAQ).

Après avoir demandé une réponse concertée des assureurs aux particuliers et aux entreprises du Québec, le syndicat des courtiers souhaitent maintenant que les compagnies d’assurance contribuent à la relance économique en soutenant les entrepreneurs.

Or, fait remarquer le Regroupement, les assureurs adoptent de mesures correctives pour rehausser leur rentabilité depuis 12 à 18 mois. Poursuivre dans cette veine serait contre-productif, ont indiqué Sylvain Turgeon et Éric Manseau, respectivement président du conseil d’administration et directeur général du Regroupement, en entrevue au Portail de l’assurance.

Une coordination difficile à établir

M. Turgeon soulignent que des discussions ont cours avec diverses parties prenantes en ce moment. Il sera toutefois difficile d’obtenir une réponse concertée des assureurs comme l’a demandé le RCCAQ à la fin mars.

« Certains assureurs proviennent de l’extérieur du pays, ce qui complexifie les choses pour eux. Il y a aussi les différents modèles d’affaires des assureurs qui entrent en compte, tout comme les secrets d’entreprise qu’ont chacune », explique M. Turgeon.

Le RCCAQ reconnait que beaucoup de choses se sont faites du côté de l’assurance des particuliers. L’assurance des entreprises n’a pas encore eu la même attention, mais ça viendra, prévoit le syndicat des courtiers. « Une deuxième vague d’annonces s’en vient », dit M. Turgeon.

Le danger de hausser les primes de nouveau

Le Regroupement craint toutefois que des assureurs présentent à nouveau des hausses de primes à leurs clients entrepreneurs lors du renouvellement de leurs protections d’assurance.

Un courtier a d’ailleurs joint le Portail de l’assurance sous le couvert de l’anonymat pour signifier que des assureurs refusaient de renouveler les contrats d’entreprises qui ont fermé leurs portes le temps du confinement. Une situation que M. Turgeon dit aussi avoir personnellement vécu avec des clients à titre de vice-président du cabinet Verrier & Associés, mais à laquelle des solutions ont été trouvées.

Le RCCAQ souhaite ainsi que les assureurs mettent carrément de côté leurs mesures de correction de la tarification en assurance des entreprises le temps de la relance. Le Regroupement a d’ailleurs mené un sondage auprès de ses membres pour mesurer l’intérêt vis-à-vis d’une telle mesure. Ce sont 70 % des répondants au sondage qui ont indiqué qu’il s’agissait d’une mesure essentielle pour eux, a révélé M. Turgeon.

Cette position joint aussi celle de Louis-Thomas Labbé, président et chef de la direction de GPL Risque et Assurance, une entreprise Gallagher. Il demandait aux assureurs de geler leurs primes de 2020 au prix de celles de 2019.

Une lettre aux assureurs

M. Turgeon a révélé au Portail de l’assurance que le RCCAQ a envoyé une lettre aux assureurs du Québec, le 24 mars, pour leur demander de mettre de côté leurs mesures correctives. Le président du RCCAQ souligne que les assureurs ont eu une ouverture aux doléances des courtiers.

« On veut maintenant s’assurer que des choses se fassent. C’est pourquoi on demande ce report. Dans les renouvellements actuels, on voit des hausses de primes terribles qu’on ne voyait pas il y a encore deux, trois ou quatre semaines. On considère que l’on doit monter au front pour les courtiers », dit M. Turgeon.

Monter au front à ce moment est important, car le RCCAQ pressent que la relance économique s’amorcera bientôt au Québec. Et ce, même si cette relance se fera de façon graduelle, anticipe aussi le syndicat des courtiers.

« On craint que les mesures de redressement des assureurs impactent cette relance au Québec, dit M. Turgeon. On veut aider nos clients à se battre durant celle-ci. On aura besoin d’aide ! Ce n’est pas donc pas le temps d’imposer à nouveau des mesures de redressement. Laissons le temps à la relance de se faire ! ».

En faire un peu plus

Le RCCAQ demande même aux assureurs d’en faire un peu plus dans les circonstances. « On leur demande d’accepter des risques qu’ils n’auraient pas nécessairement accepté avant, pour aider dans le contexte que l’on est, dit M. Turgeon.

Il y a déjà des assureurs qui démontrent cette souplesse, révèle M. Turgeon. D’autres se font toutefois tirer l’oreille, dit-il.

« Les courtiers vont continuer à se battre. On veut la relance la plus efficace et la plus agréable possible pour tous nos clients », a affirmé le président du RCCAQ en guise de conclusion.

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