Les assureurs vie nord-américains font face à une augmentation importante des risques en raison de la pandémie de la COVID-19. C’est ce qu’affirme S&P Global Ratings dans son dernier rapport nommé Assessing The Top Risks COVID-19 Poses To North American Life Insurers.

« La pandémie a augmenté les risques pour les assureurs de personnes nord-américains. Plus précisément, les risques liés aux actifs sont plus élevés, les marchés boursiers sont volatils, les taux d’intérêt se situent maintenant près de zéro et le risque de mortalité est en augmentation », peut-on lire dans le rapport.

Néanmoins, d’après S&P, les perspectives de développement des assureurs de personnes demeurent stables.

« Nous pensons que la majorité des assureurs de personnes nord-américains sont bien placés pour faire face à l’impact immédiat de la COVID-19. Ils sont notamment prêts à faire face à l’augmentation des déclassements d’obligations de sociétés et du risque pandémique modéré, compte tenu de leur capital solide et de leurs liquidités », dit S&P.

La firme de notation affirme toutefois que certaines entreprises ont plus de chances d’être frappées par les impacts économiques de la pandémie. Les notes de celles-ci et des autres compagnies qui éprouvaient déjà des difficultés avant l’arrivée du coronavirus pourraient ainsi être abaissées.

Une « tempête parfaite »

La même chose se produit en assurance de dommages, a affirmé Tracy Dolin-Benguigui, directrice et leadeur régional pour S&P Global Ratings, lors d’un webinaire tenu le 30 mars.

Cette dernière dit que les perspectives de développement des assureurs demeurent stables en Amérique du Nord, mais que certains facteurs pourraient facilement engendrer une révision des notes attribuées.

Une « tempête parfaite », composée d’importants évènements climatiques, d’un taux d’inflation élevé, de « couvertures silencieuses » qui pourraient venir changer la manière de percevoir les risques et d’une volatilité importante des marchés boursiers, causerait une revue à la baisse des assureurs, a dit Mme Dolin-Benguigui.

Paiements hypothécaires au ralenti

Taoufik Gharib, directeur et leadeur régional pour S&P, a de son côté affirmé que les perspectives de développement du marché de l’assurance hypothécaire aux États-Unis sont négatives.

Ce dernier expliquait notamment que les probabilités que plusieurs personnes ne puissent pas payer leur hypothèque en raison des conditions économiques engendrées par la crise sont plus élevées. « Nous pensons que le chômage sera supérieur à 10 % au deuxième trimestre et qu’il sera de 7,1 % pour 2020, ce qui augmentera les impayés hypothécaires », a-t-il dit.

Amérique du Sud au négatif

Alfredo Calvo, directeur et leadeur régional pour S&P Global Ratings, a expliqué lors du webinaire que les perspectives de développement des assureurs sud-américains avaient été revues à la baisse. Elles sont maintenant négatives.

Ce dernier a affirmé que l’économie en récession aura un impact négatif sur la demande d’assurance sur le continent. De plus, il explique que l’aversion aux risques liés aux marchés émergents causée par la COVID-19 et la volatilité des prix des matières premières a eu un effet sur la valeur des monnaies locales. « Cela pourrait augmenter le coût des réclamations pour les assureurs de dommages », dit-il.

Les taux d’intérêt bas pourraient également affecter la profitabilité des assureurs, ajoute M. Calvo.

Plus de problèmes au niveau des finances que de l’assurance

Un autre rapport publié par S&P Global Ratings le 25 mars nommé COVID-19 Will Test InsurersResilience souligne que la situation économique actuelle pourrait mettre en lumière certaines faiblesses des assureurs et ainsi causer des révisions de notes.

Toutefois, la « position de capital solide et l’exposition limitée aux secteurs d’activité affectés par les pertes permettront à la plupart des assureurs d’absorber l’impact de la volatilité des marchés financiers et de gérer l’augmentation marginale des sinistres », explique la firme de notation, qui ajoute que ce sont les assureurs de personnes qui sont les plus à risque.

Dennis Sugrue, directeur et responsable du Moyen-Orient, de l’Europe et de l’Afrique (EMEA), soutient que les risques liés aux marchés financiers sont plus importants que ceux liés à l’assurance.

« Les positions en capital pourraient être érodées en raison de la volatilité des prix des actifs et de l’augmentation des défauts de paiement des sociétés. Les produits d’assurance vie qui offrent des rendements garantis amplifient les pertes des souscripteurs, car ils présentent un risque à la baisse. Des problèmes de liquidité pourraient également survenir si les assureurs sont obligés de céder des actifs pour honorer leurs obligations », dit-il.

Ce dernier explique que les réclamations en assurance pourront être maitrisées par les assureurs. « La plupart des lignes affectées par les pertes ne contribuent pas de manière significative aux primes globales. De plus, certains types de réclamations seront moins importants à cause des mesures prises, par exemple les accidents d’automobile, et les polices qui couvrent l’interruption des activités d’une entreprise n’incluent généralement pas les pandémies », ajoute M. Sugrue.

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