La reprise économique est bien installée au Canada, confirme la ministre des Finances Chrystia Freeland dans sa mise à jour économique et budgétaire. Le Canada a déjà récupéré 106 % des emplois perdus au plus fort de la pandémie, alors que les États-Unis sont à un taux de récupération des emplois perdus de 83 %.
Présentée le 14 décembre, la mise à jour économique et budgétaire du gouvernement fédéral comporte peu de surprises. La campagne de vaccination a permis au Canada de relancer rapidement son économie.
L’impôt sur le revenu des particuliers devrait augmenter de 6,2 % en 2021-2022 comparativement à l’an dernier. Pour les cinq années suivantes, la croissance des revenus des particuliers devrait revenir à une moyenne de 4,6 %.
Durant la campagne électorale, le Parti libéral du premier ministre Trudeau avait promis de « faire payer les riches » en majorant le taux d’imposition des banques et des compagnies d’assurance. À la mi-novembre, les rumeurs circulaient à l’effet que ce taux passerait de 15 à 18 % dès le 1er janvier 2022. La ministre Freeland n’a rien annoncé à cet égard.
Selon les projections de l’Organisation de coopération et de développement économique, la relance au Canada sera la deuxième parmi les plus rapides du G7 d’ici 2023, rapporte Mme Freeland.
Le nombre d’entreprises qui ont fait faillite en 2021 est moins élevé qu’en 2019, avant la pandémie. Il y a même 6 000 entreprises de plus en activité qu’il y a deux ans.
Inflation élevée
La vice-première ministre Freeland constate aussi les impacts de l’inflation élevée. Le lundi 13 décembre, elle a confirmé le renouvellement du mandat de la Banque du Canada et maintenu la cible d’inflation à 2 %. « Le Canada a fait figure de pionnier lorsqu’il a établi une cible d’inflation pour guider notre banque centrale dans l’établissement des taux d’intérêt », dit-elle.
Les frais de la dette publique devraient atteindre 40,9 G$ en 2026-2027, soit 1,3 % du PIB. Cette estimation est fondée sur la hausse de 150 points de base pour les bons du Trésor à trois mois et de 150 points de base pour le taux des obligations du gouvernement à 10 ans pour la durée de la période projetée.
Le gouvernement fédéral annonce l’indexation à l’inflation de nombreuses prestations et versera un montant unique aux bénéficiaires de l’Allocation canadienne pour enfants et du Supplément de revenu garanti afin d’atténuer les impacts de l’inflation élevée.
L’implantation du programme national de garderies, annoncé dans le budget d’avril 2021, se déroule bien. Neuf provinces ont déjà conclu une entente avec Ottawa. Des ententes restent à conclure avec les gouvernements de l’Ontario, des Territoires du Nord-Ouest et du Nunavut.
Les chaînes d’approvisionnement ont été bouleversées par la pandémie, laquelle a modifié les dépenses de consommation. La ministre Freeland lance un appel de propositions de 50 millions de dollars (M$) pour aider les ports canadiens à acquérir une capacité d’entreposage du fret et à mettre en place d’autres mesures pour diminuer la pression sur les chaînes d’approvisionnement.
Ottawa s’engage à accueillir 411 000 immigrants en 2022, un nombre record. Afin de réduire le temps de traitement des demandes de résidence et de citoyenneté, le gouvernement fédéral injecte 85 M$ dans le système d’immigration.
Le climat
Les changements climatiques contribuent à la volatilité de l’économie canadienne, souligne la ministre Freeland. Les inondations en Colombie-Britannique et les graves sécheresses de l’été dernier dans cette province et dans les Prairies ont contribué à l’augmentation du prix des aliments. Ottawa promet de parachever la première stratégie nationale d’adaptation au climat d’ici la fin de 2022.
Ottawa prévoit d’ailleurs 5 milliards de dollars (G$) pour aider au rétablissement des communautés et des infrastructures touchées par les sinistres naturels survenus en 2021 en Colombie-Britannique.
Dette et déficit
Les grandes agences de crédit ont réaffirmé la cote triple A du Canada. « Les Canadiens travaillent fort pour gagner leur vie et s’attendent à ce que nous fassions attention à leur argent, indique la ministre Freeland. Nous sommes bien conscients du fait que nous devons rembourser nos dettes. »
Le ratio de la dette nette au PIB du Canada était déjà le plus faible des pays du G7 au début de la pandémie et atteindra 48,0 % au 31 mars 2022. Le déficit budgétaire a été établi à 327,7 G$ en 2020-2021 et devrait être de 144,5 G$ pour la présente année financière. Dans les deux cas, les déficits sont moins élevés que prévu en avril dernier.
Les frais de la dette publique en pourcentage du PIB resteront les mêmes cette année et l’an prochain qu’en 2018-2019, souligne Mme Freeland.
Nouvelles dépenses
La mise à jour budgétaire comporte de nouvelles dépenses pour contrer le virus de la COVID-19. Ottawa prévoit 1,7 G$ pour accroître l’approvisionnement de tests de dépistage rapides, 2 G$ pour obtenir des produits thérapeutiques et des traitements contre la COVID-19.
Ottawa crée un nouveau crédit d’impôt pour aider les petites entreprises à améliorer la qualité de l’air dans leur établissement. Le crédit couvrira 25 % du coût de la mise à niveau, jusqu’à concurrence de 10 000 $ par emplacement.
Ottawa devrait remettre quelque 200 M$ provenant des recettes de la taxe sur le carbone aux PME touchées et aux agriculteurs en 2022-2023, une mesure qualifiée de bonne nouvelle par la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI).
Immigration et main-d’œuvre
La Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM), la Fédération des Chambres de commerce du Québec (FCCQ) et le Conseil du patronat du Québec (CPQ) ont applaudi l’injection de nouveaux fonds et la réduction des délais en immigration.
Au CPQ, on dit douter que les sommes annoncées soient suffisantes. « Alors que peu de mesures ont été annoncées pour l’économie, le prochain budget doit être l’occasion de répondre aux attentes des employeurs face à la pénurie de main-d’œuvre et de soutenir davantage l’innovation et la productivité de nos entreprises », note Karl Blackburn, PDG du Conseil.
« Le problème de la dette reste inquiétant, notamment avec un ratio dette brute/PIB très élevé, à 48 %. La baisse de ce ratio devrait être la priorité financière du gouvernement fédéral afin de garantir la viabilité à long terme des finances publiques », indique Charles Millard, PDG de la FCCQ.