Le coût annuel des piluliers remboursés par la Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ) s’accélère depuis deux ans. La facture totale a dépassé pour la première fois les 600 millions de dollars lors de la seule année 2021, une hausse 43 millions par rapport à l’année précédente et de 72 millions en comparaison avec 2019, montrent des chiffres obtenus auprès de la RAMQ.

Entre 2017 et 2021, le coût de ce service payé par le régime public a augmenté de 111 millions et a presque atteint les 3 milliards de dollars en cinq ans. La hausse enregistrée l’an dernier est principalement attribuable à une augmentation du nombre total de services et du nombre de bénéficiaires. Depuis 2016, indiquent les statistiques obtenues par le Journal de l’assurance auprès de la Régie, le nombre de bénéficiaires distincts qui se voient remettre un pilulier (aussi appelé dispill) en pharmacie a bondi de 43 000 et se situait en 2021 à 384 116.

Il n’y a pas de coût moyen unitaire d’un pilulier, précise-t-on à la RAMQ. Le paiement concerne uniquement le coût du service. Il est facturé pour chacun des médicaments fournis avec le pilulier.

Un autre facteur explique l’escalade des coûts : la hausse des honoraires des pharmaciens. La RAMQ rembourse la facturation du service de pilulier selon le tarif et le libellé de l’entente négociée entre l’Association québécoise des pharmaciens propriétaires (AQPP) et le ministère de la Santé. Dans l’entente 2015-2020, le montant qui leur était alloué était de 4,39 $. Dans l’entente 2020-2021, il était passé à 4,49 $ et à 4,57 $ en 2021-2022.

La diminution du nombre des services observée en 2020 (109 387 149) par rapport à 2019 (117 462 368) s’explique notamment par une mesure mise en place pendant la pandémie permettant une facturation différée du service de pilulier afin d’éviter à la clientèle d’avoir à se présenter en pharmacie chaque semaine 

Âge et profil de la clientèle 

L’obtention d’un pilulier est essentiellement une affaire d’âge et en partie de sexe. C’est à compter de 60 ans que l’on assiste à une explosion du nombre de patients qui reçoivent ce planificateur de prise de médicaments. En 2021, 166 252 Québécois âgés entre 60 et 79 ans ont reçu un pilulier en pharmacie et 157 499 chez les 80 ans et plus. À peine 48 131 personnes desservies par le régime public entre 40 et 59 ans s’étaient vu remettre un dispill et 20 782 chez les 19 à 39 ans. 

Recevoir un pilulier plutôt que des flacons est aussi une affaire de sexe. À la lecture des chiffres de la RAMQ, on constate qu’en 2021, les hommes étaient plus nombreux (25 626) que les femmes à 22 505 dans le groupe des 40 à 59 ans. C’était aussi le cas chez les 19 à 39 ans : 12 747 chez les hommes et 8 035 chez les femmes.

Mais chez la clientèle plus âgée, plus de femmes recevaient un pilulier (86 155 chez les 60 à 79 ans et 101 854 chez les 80 ans et plus) que les hommes (80 097 chez les 60 à 79 ans et 55 645 chez les 80 ans et plus). Dans ce dernier cas, cet écart qui va presque du simple au double entre les hommes et les femmes s’explique probablement en partie par une longévité plus longue chez les membres du sexe féminin.