Si les sinistrés des inondations qui sévissent actuellement sont découragés, les restaurateurs après-sinistre qui œuvrent à rétablir les résidences inondées le sont aussi. Ils travaillent pour la plupart entre 80 et 90 heures par semaine pour y parvenir, indique Nancy Raymond, présidente de Steamatic Canada.

« On ressent vraiment les effets de la pénurie de main-d’œuvre. Nos restaurateurs sont surmenés. On a dû arrêter pour une période de 24 heures à quelques reprises pour donner du répit à nos équipes. La qualité du service est notre priorité, mais quand nos équipes sont épuisées, c’est plus difficile de servir nos clients », souligne-t-elle.

Mme Raymond ajoute qu’il n’est pas rare que les techniciens n’aient pas le temps de dormir ou manger convenablement. « Les sinistrés sont à fleur de peau. On les comprend vraiment. Mais ils ne se rendent pas compte que lorsque l’un de nos techniciens arrive chez eux, il n’a peut-être pas bien dormi ou mangé au cours des dernières 24 heures. On ne voit pas encore la lumière au bout du tunnel. »

Encore plusieurs mois de travail

Tout comme en 2017, les travaux de reconstruction seront longs. Le croisement d’évènements dans certaines régions rajoute une certaine complexité au traitement des sinistres. « On parle encore de plusieurs mois pour exécuter les travaux de reconstruction. Tous les dossiers qu’on a eus en décembre en raison des infiltrations de toiture ont été mis sur pause. Ces dossiers sur pause se trouvent à avoir d’autres dommages et s’ajoutent aux nouveaux dossiers. Ça s’accumule », témoigne Christine Dufour, présidente de Sinisco.

Généralement, les travaux ne peuvent commencer que lorsque l’eau s’est retirée d’une résidence. Or, la ministre de la Sécurité publique Geneviève Guilbault a indiqué en point de presse lundi que la décrue des eaux pourrait prendre plusieurs jours, voire plusieurs semaines.

« La décrue des eaux un peu partout au Québec va être très lente, alors je veux tout de suite préparer les gens à s’armer de patience », a-t-elle mentionné.

Plus de régions touchées

Comparativement aux inondations de 2017, ce printemps compte un plus grand nombre de régions touchées, rapportent Nancy Raymond et Christine Dufour. Les services d’encore plus de succursales et de franchisés sont sollicités pour les travaux après-sinistre.

Mme Raymond souligne l’entraide que les franchisés s’apportent, faisant en sorte qu’ils ont pu « maintenir le flot » depuis le début des inondations.

Avec un plus grand nombre de succursales touchées vient un plus grand nombre de dossiers, ajoute Mme Dufour. « Nous avons plus de dossiers qu’en 2017. On réussit à peine à contrôler tous ceux qui entrent actuellement. »

Il ne lui est pas possible pour le moment d’estimer le nombre de dossiers qu’elle attend. Elle précise tout de même qu’un bon nombre d’entre eux pourraient ne pas être traités.

Christine Dufour a également mis en lumière le cas de la région de Gatineau, qui subit coup après coup depuis les inondations de 2017. « Il y a eu les tornades, les pluies, les infiltrations d’eau et les inondations. Les sinistrés peinent à voir la fin quand un autre évènement survient. »

Et l'avenant contre la crue des eaux ?

Tout juste avant les inondations de 2017, quelques sinistrés ont eu la surprise d’être couverts par l’avenant Débordement d’un cours d’eau que certains assureurs avaient discrètement lancé. Depuis, les propriétaires de résidence éligibles s’en sont-ils prémunis ? Steamatic rapporte le statuquo. « De notre côté, on n’a pas senti un changement favorable à cet égard. On ne voit pas que les gens se sont prémunis d’un avenant les protégeant », affirme Mme Raymond.

Or, chez Sinisco, c’est plutôt le contraire. « On voit des réclamations de personnes avec ce type de protection qui entrent », soutient Mme Dufour.