L’industrie de l’assurance de personnes s’est montrée résiliente depuis le début de la pandémie et continue de prospérer, malgré les nombreux écueils survenus. 

Au début de 2021, la COVID-19 continuait d’alimenter la volatilité des marchés financiers, mais les progrès de la vaccination ont fait renaître l’espoir de plusieurs économies au fil des mois suivants.

En hausse depuis le début de 2021, l’inflation est venue jouer les trouble-fête. En novembre 2021, le taux d’inflation a atteint 4,7 % selon la Banque du Canada. L’espoir persistait. Dans sa mise à jour économique de décembre 2021, la ministre fédérale des Finances Chrystia Freeland a confirmé que la reprise économique était bien installée au Canada.

Avec l’arrivée soudaine du variant Omicron, de loin plus transmissible que le Delta, le monde semble maintenant revenir au point de départ. L'Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) a fait savoir le 21 décembre 2021 que la prévalence du variant Omicron est d'environ 80 % au Québec.

Le Conference Board of Canada a publié, de son côté, des données selon lesquelles l’indice de confiance des consommateurs a reculé de sept points en décembre 2021 pour s’établir à 101,2. Il s’agit de son plus bas niveau depuis avril. 

L’assurance de personnes s’adapte 

Malgré les remous de 2021, l’industrie de l’assurance de personnes a fait preuve de résilience et d’adaptation. Certains chocs l’affectent moins que d’autres secteurs. Face à la poussée d’inflation, un rapport de l’agence de notation de crédit DBRS révèle que le secteur de l’assurance est bien placé pour profiter d’une hausse légère des taux d’intérêt.

De plus, l’industrie a su soutenir ses ventes malgré quelques trimestres difficiles en 2020. Depuis le début de la pandémie, les conseillers ont pour la plupart réussi à garder le contact avec leurs clients, notamment en adoptant ou en intensifiant l’usage des outils numériques de rencontre et de vente à distance. Les conseillers ont ainsi pu épauler leurs clients en ces temps difficiles et continueront de le faire en 2022. Cet effort collectif a permis à l’industrie de faire croître ses ventes en 2021.

La pandémie a aussi forcé les assureurs présents en assurance collective à se réinventer et à multiplier les initiatives pour aider les clients à soutenir leurs employés, dont plusieurs voient leur santé mentale affectée par la pandémie. Cette crise touche particulièrement les jeunes de 35 ans et moins, et les gestionnaires qui soutiennent leurs employés, mais hésitent à demander de l’aide pour eux-mêmes.

Avec de nombreuses annonces de partenariats et de lancement d’outils numériques, le secteur de l’assurance collective est en train de se poser en intervenant de première ligne dans le soutien de la santé des employés. Les résultats de LIMRA démontrent que les ventes du secteur sont au rendez-vous.

Fonds distincts et IFRS 17 

Plusieurs chantiers sont en cours dans l’industrie. Parmi ceux-ci, les exigences réglementaires envers les garanties les fonds distincts changeront. Le Bureau du surintendant des institutions financières (BSIF) développe actuellement une nouvelle façon de déterminer les exigences de capital selon le risque lié aux garanties de fonds distincts. 

Le BSIF estime qu’il était temps de combler les lacunes d’une approche dont les fondements remontent au début des années 2000. Dans sa nouvelle approche, les exigences de capital seront calculées en appliquant des chocs aux provisions techniques inscrites au bilan pour les garanties de fonds distincts. Il s’agit de chocs financiers hypothétiques qui permettent de tester la résistance aux risques des garanties des assureurs. 

L’arrivée prochaine des normes comptables internationales n’est pas étrangère à ces changements. « La nouvelle approche tiendra compte de la Norme internationale d’information financière 17 - Contrats d’assurance (IFRS 17), qui entrera en vigueur le 1er janvier 2023 », explique le BSIF.

IFRS 17 : dernière ligne droite  

En 2022, le cheminement d’IFRS 17 Contrats d’assurance entrera dans la dernière courbe d’un projet démarré par l’International Accounting Standard Booard (IASB) de Londres en 1997. Bien qu’IFRS 17 n’entre en vigueur que le 1er janvier 2023, l’année 2022 sera cruciale puisqu’elle permettra de formaliser les données comptables sous IFRS pour qu’elles soient comparables à celles de 2023, rappelle l’agence de notation de crédit DBRS Morningstar. Les assureurs devront arrimer IFRS 17 à une autre norme, soit IFRS 9 Instruments financiers. L’agence prévoit que la plupart des assureurs adopteront IFRS 9 en même temps qu’IFRS 17. 

L’agence estime que l’entrée en vigueur d’IFRS 17 ne devrait pas affecter sa notation des assureurs. Selon elle, la modification de normes comptables n’est pas un moteur de décision dans l’attribution de notes de crédit. 

En revanche, DBRS Morningstar signale que l’implantation d’IFRS 17 affectera les systèmes et les processus, et entraînera des changements aux états financiers et aux mesures de performance. Selon l’agence, les assureurs devront consacrer un effort considérable à expliquer les changements à leurs actionnaires.

IFRS 17 vise à permettre aux actionnaires de comparer les états financiers des assureurs, peu importe où ils exercent leurs activités. Or, l’implantation aura un coût. DBRS Morningstar rapporte que Willis Towers Watson l’estime entre 15 et 20 milliards de dollars US (G$US) pour l’industrie mondiale de l’assurance. Willis Towers Watson ajoute que l’implantation d’IFRS 17 requerra aussi l’équivalent de plus de 10 000 employés à temps plein.