Le Dossier santé Québec (DSQ) aidera-t-il à abaisser les couts des soins de santé en permettant aux médecins de mieux suivre leurs patients ? Le directeur médical de Telus Santé y croit.

Un usage accru du DSQ améliorera plusieurs aspects de la relation entre le médecin et ses patients, a dit Michel Hébert, médecin de famille et directeur médical chez Telus Santé, lors de sa conférence au colloque de Solareh, le 18 mai. Or, le DSQ traine la patte. Aujourd’hui partiellement implanté, il serait livré en 2018, projette Québec. Son cout estimé à un milliard de dollars en 2016 atteint près du double de celui estimé à l’annonce de sa création en 2006 par Philippe Couillard, alors ministre de la Santé.

À ce jour, résume M. Hébert, le DSQ permet de voir les renseignements du patient sur les médicaments prescrits dans les pharmacies qui y sont branchées, soit la grande majorité, selon lui. L’utilisateur peut aussi voir les résultats des analyses de laboratoire et des examens d’imagerie médicale effectués dans un établissement public.

Bientôt, l’utilisateur pourra voir l’information sur les médicaments prescrits dans les hôpitaux, les résultats des analyses de laboratoire privé tel Laboratoires Biron, les résultats des examens d’imagerie médicale de clinique privée, les vaccins et les sommaires d’hospitalisation ainsi que des renseignements sur les allergies et intolérances, énumère M. Hébert.

Malgré un retard sur l’échéancier prévu à l’origine, le DSQ présente déjà quelques avantages dans le traitement des patients. « Il permet de mieux suivre l’adhérence au traitement des patients », dit M. Hébert. L’adhérence au traitement est un des nerfs de la guerre dans la gestion des dépenses des régimes d’assurance collective.

« Le meilleur taux d’observance du traitement de l’hypertension est à peu près de 30 %. Lorsque j’accède au DSQ, je vois le nombre de fois que mon patient est allé chercher son médicament dans l’année. Si son état ne s’est pas amélioré, je pourrais être tenté d’augmenter sa dose. Mais je ne le ferai pas, car je vois maintenant qu’il n’a pas pris son médicament comme prévu. Sur le coup, les patients sont surpris. Ils me disent : hein, vous pouvez voir cela maintenant ? »

Il sera aussi très utile au médecin traitant de voir ce que d’autres institutions ont pu prescrire à son patient, par exemple à l’hôpital après une opération, ajoute M. Hébert. Dans les autres ajouts à venir, les informations sur les vaccins éparpillées dans des bases de données régionales seront regroupées dans un registre cette année, prévoit-il.

Le Dossier santé Québec demeure toutefois sous-utilisé, estime le médecin. « Le DSQ reçoit 20 000 consultations par jour et 700 000 par mois. C’est encore très peu, mais l’achalandage augmente chaque semaine. »

Appelée à remplacer le papier chez les médecins, l’implantation du dossier médical électronique progresse aussi. M.  Hébert est d’ailleurs un acteur majeur en cette matière. Actif depuis plus de 20 ans en médecine familiale, il a cofondé la clinique réseau sans papier de médecine familiale La Cité Médicale à Québec. Il a lancé avec son équipe le développeur de dossiers médicaux électroniques Kinlogix Médical, maintenant intégré à Telus Santé sous le nom de KinLogix DME. Environ 2 500 médecins dans 250 cliniques utilisent la solution Kinlogix, soutient M. Hébert.

Selon lui, le passage du papier au numérique progresse dans le réseau de santé au Québec. « Plus de 80 % des médecins de famille ont un système informatisé pour gérer leur clientèle », a-t-il révélé. M. Hébert croit que l’informatique rend les médecins plus pointus sur les renseignements qu’ils recueillent lors de chaque visite, et plus aptes à les retransmettre.

« L’électronique permettra éventuellement d’avoir de meilleurs renseignements, par exemple sur l’historique familial », croit le médecin. Il s’agit d’ailleurs d’un type information que le DSQ ne recueille pas.