L’industrie du robot-conseil connait une progression rapide.
Au diner-conférence du 15 juin dernier, à Québec, Jean-Alexandre Bernier, consultant principal chez Pivot Transformation Stratégique, a présenté cette lancée.
L’épargne au Canada représente un marché d’environ 3 600 milliards de dollars (G$), et sa croissance annuelle moyenne est d’environ 5 %. Le tiers de cette somme est géré par les fonds communs de placement. Ces fonds montrent des frais de gestion qui varient de 2 % à 3 %.
Selon M. Bernier, une dizaine de firmes au Canada offrent le service de placement en ligne automatisé, ou robots-conseillers. Ces sociétés gèrent des sommes d’environ 1 G$ et affichent des frais de gestion allant de 0,5 % à 0,7 %. Ce marché est en croissance rapide dans le monde. Estimé à 20 G$ en 2015, on estime de manière conservatrice que les services automatisés gèreront 450 G$ d’ici 2020. Les prévisions les plus optimistes estiment plutôt une croissance exponentielle qui pourrait atteindre 2 200 G$ d’ici quatre ans, rapporte-t-il.
Lancée en 2014, Wealthsimple est déjà la firme canadienne la plus importante dans ce marché, avec un actif sous gestion de 500 millions de dollars (M$). An Tran, porte-parole de l’entreprise au Québec, confirme que la croissance de l’entreprise est la plus importante au Canada. « Nous voulons rendre l’investissement simple, transparent et accessible à tous », dit-elle.
Lancée en septembre 2014, Wealthsimple a conclu une ronde de financement de série A de 30 M$ en avril 2015, auprès de la Corporation Financière Power. Ce conglomérat est déjà actionnaire de l’assureur vie Great-West au Canada. En aout 2015, l’acquisition du cabinet de courtage ShareOwner a permis à Wealthsimple d’avoir à l’interne toutes les ressources nécessaires afin d’offrir un service « intuitif et simplifié ».
Wealthsimple est encadrée par le régulateur ontarien et par l’Organisme canadien de réglementation du commerce des valeurs mobilières (OCRCVM). L’entreprise compte 15 000 clients. Avec un téléphone intelligent, le client peut ouvrir un compte et investir en moins de sept minutes.
Historiquement, l’investisseur avait deux options : soit utiliser le service complet d’un gestionnaire de fonds, comportant des frais élevés, auquel il fallait confier des sommes importantes à investir, et qui était orienté vers le service attentif et personnalisé ; soit gérer lui-même ses placements en passant par le courtage en ligne, où il pouvait investir de plus petites sommes moyennant des frais modestes, mais sans aucun conseil. Quand les marchés descendent, l’investisseur moyen est souvent son pire ennemi, rappelle-t-elle.
Le produit offert par Wealthsimple est une formule hybride. La firme réclame des frais modestes et n’exige aucun montant minimal d’investissement, et le conseil est accessible sur demande. Les frais de gestion sont de 0,5 %.
« Nous n’avons pas hérité d’une technologie désuète ni d’un réseau de distribution. » Tout le monde a accès à l’épargne, peu importe le montant à investir, insiste-t-elle. Le conseiller de Wealthsimple est prêt à répondre aux questions au moment qui convient le mieux au consommateur, qui n’a pas ainsi un conseiller attitré.
Wealthsimple s’adresse évidemment à un segment plus jeune de la clientèle d’épargnants. Quelque 87 % des utilisateurs du service ont moins de 45 ans. La moitié des clients de la firme sont âgés de 26 à 35 ans. Un utilisateur sur trois se connecte à chaque jour sur l’application pour voir l’évolution de son portefeuille, ajouter des fonds ou consulter la documentation offerte.
La firme favorise l’investissement socialement responsable et l’éducation financière des investisseurs. L’équipe de conseillers est formée de représentants en placements dument enregistrés, sans frais additionnels, et ils sont accessibles par courrier électronique, SMS, clavardage ou au téléphone.
Pour un solde au compte de 50 000 $, Wealthsimple réclame des frais de 19 $ par mois. Les calculateurs en ligne permettent à l’investisseur de voir le potentiel de croissance de son investissement initial et de ses contributions mensuelles. « Notre valeur, c’est la technologie que nous produisons, et les autres intervenants de l’industrie peuvent en bénéficier », dit-elle.
Les conseillers n’ont pas nécessairement les aptitudes et le temps à consacrer à réaliser le design le plus convivial de leur site Internet, poursuit-elle. En mai 2015, Wealthsimple a lancé la plateforme accessible aux conseillers, lesquels pourront désormais offrir des fonds aux petits épargnants habituellement réfractaires aux frais de gestion. Déjà 75 conseillers ont accepté de relever le défi, et la plateforme a aussi été lancée au Royaume-Uni avec l’assureur Canada Life.