Selon le plus récent rapport publié par la firme-conseil Aon, les dommages causés par les catastrophes naturelles ont totalisé 45 milliards de dollars américains (G$ US) au premier trimestre de 2024.
Ces dommages sont inférieurs à la moyenne annuelle depuis le début du siècle, qui est de 59 G$ (tous les chiffres sont en dollars américains). Au premier trimestre de l’année précédente, les dommages atteignaient 146 G$.
Le sinistre le plus important a été le tremblement de terre d’une magnitude de 7,5 qui a frappé la préfecture d’Ishikawa au Japon, le 1er janvier dernier. Les dommages causés par ce séisme sont estimés à 17,6 G$ et l’événement a entraîné 245 décès.
Les dommages assurés ont atteint 17 G$ durant la même période. Au total dans le monde, quelque 1 500 personnes ont perdu la vie en raison de désastres naturels au premier trimestre de 2024.
Parmi les sinistres les plus meurtriers survenus au premier trimestre de 2024, le document rapporte les inondations qui ont touché le Congo en janvier (240 décès) et les feux de forêt au Chili (131).
Les tempêtes convectives violentes (« severe convective storms » ou SCS) ont représenté le deuxième type de sinistre en matière de pertes économiques, soit 25 % du total ou 11,2 G$.
En matière de dommages assurés, ces tempêtes ont aussi été le péril le plus important, avec 51 % des coûts, soit 8,7 G$.
Pour l’instant, car l’estimation des dommages finaux peut encore évoluer, Aon rapporte 12 sinistres qui ont entraîné des pertes dépassant le milliard de dollars. Huit d’entre eux ont eu lieu aux États-Unis, deux en Amérique latine et deux en Asie.
On souligne notamment deux tempêtes de type SCS survenues aux États-Unis. Le premier événement a eu lieu du 8 au 10 janvier, causant 5 morts et des pertes de 2,6 G$ sur une très large partie du territoire américain. Le second événement a eu lieu du 12 au 16 mars dans le nord-est du pays, provoquant trois pertes de vie et des pertes estimées à 4,5 G$.
Mauvais temps
Les tempêtes de type SCS sont devenues le péril le plus coûteux pour les assureurs. L’acronyme SCS est utilisé principalement dans le contexte des dommages causés par la grêle, les tornades et les derechos.
En 2023, les dommages assurés reliés aux SCS dans le monde ont entraîné des dommages assurés de 64 milliards de dollars américains (G$ US), selon l’estimation récemment fournie par Swiss Re dans un bilan sur les catastrophes naturelles de 2023.
Lorsque les vents violents sont accompagnés de fortes précipitations, les inondations pluviales qui sont provoquées par le derecho sont cependant classées dans un autre type de péril par les assureurs.
« Les SCS sont des événements météorologiques fréquemment observés qui se développent lorsque de l’air chaud et humide s’élève de la surface de la Terre vers les couches supérieures de la troposphère, entraînant la formation d’imposants nuages, d’éclairs et de tonnerre. Pendant ce temps, des parcelles d’air frais se précipitent vers le sol, entraînant de puissantes rafales, de la pluie ou même de la grêle », explique le réassureur.
De 1994 à 2019, il n’y a qu’une seule année où les dommages assurés associés aux SCS ont dépassé les 30 G$ (en dollars de 2023), soit en 2011, selon le réassureur. Or, ce plafond des 30 G$ a été dépassé chaque année depuis 2020.
Tendance à la hausse
La tendance est nettement à la hausse tant en Europe qu’aux États-Unis. Swiss Re souligne que l’Australie a aussi connu des sinistres dépassant le milliard de dollars en dommages assurés dans un passé récent, même si les années 2022 et 2023 ont été plus calmes à cet égard.
Le rapport sur les catastrophes naturelles de 2023 de Swiss Re constate cette tendance à la hausse des dommages assurés causés par les SCS en Europe, où la moyenne annuelle a dépassé la barre des 2 G$ US en 2019, après une lente progression depuis 1994. Après une accalmie en 2020, les SCS ont causé des dommages supérieurs à 5 G$ par an chaque année depuis, dépassant même les 8 G$ US en 2023.
Aux États-Unis, le pays est divisé en six grandes régions par Swiss Re et Verisk. La répartition géographique des dommages assurés reliés aux SCS en 2023 a été assez similaire à celle de la décennie 2013-2022 et à celle de 2003-2012. En 2023, les régions les plus frappées par ces tempêtes ont été celles des États du Midwest (32 %), la région centrale (29 %) et le sud-est (20 %).
Entre 2008 et 2023 aux États-Unis, la facture annuelle des dommages assurés reliée aux SCS a connu une croissance annuelle moyenne de 5,8 % par an, sans considérer l’inflation, rapporte le réassureur. Une partie de cette progression est attribuable à la croissance économique, à l’urbanisation et à l’utilisation des sols (environ 2,3 %).
Cela signifie que lorsqu’une tempête de type SCS frappe, il y a une plus grande probabilité qu’elle endommage des biens dont la valeur est plus élevée qu’auparavant, ajoutent les auteurs du rapport. On le constate d’ailleurs par la provenance des réclamations en 2022 et 2023 aux États-Unis.
Historiquement, quelque 60 % des dommages assurés découlant des SCS proviennent de réclamations issues des particuliers (auto et habitation). En 2022 et en 2023, cette proportion a dépassé 70 %. Les dommages aux toitures sont particulièrement concernés par ce type de sinistres.
En Europe, notamment en Allemagne où les parcs d’équipements photovoltaïques fournissant de l’énergie solaire ont pris beaucoup d’expansion en 2023, on constate les dommages causés par la grêle. Les panneaux solaires sont conçus pour résister à des grêlons ayant un diamètre inférieur à 25 mm, ce qui est inférieur à ce qu’on peut constater lors d’une tempête de type SCS.
Dans le rapport de Swiss Re, on souligne la nécessité de revoir les codes du bâtiment dans plusieurs pays pour considérer les dommages causés par la grêle.
Les propriétaires sont davantage sensibilisés à la nécessité de se doter d’une assurance pour couvrir certains types de dommages en raison de la fréquence plus élevée des événements météorologiques majeurs. Ce seul facteur permet d’augmenter les revenus des assureurs, mais le volume de réclamations suit la même tendance.
Impact à étudier
L’impact du réchauffement climatique sur la fréquence et la sévérité des tempêtes de type SCS n’est pas encore déterminé et d’autres études sont requises. « Pour la grêle, il est entendu qu’une augmentation de l’humidité et de la chaleur dans l’atmosphère à basse altitude réduira la stabilité de l’air et augmentera la probabilité de formation d’orages », indique Swiss Re.
« En combinaison avec une hauteur de fonte croissante, cela pourrait diminuer la fréquence des petits épisodes de grêle, tout en rendant plus probables les épisodes de grêle graves, même si la variabilité régionale pourrait être élevée », ajoute-t-on.
« Des recherches récentes suggèrent que le changement climatique pourrait entraîner une activité des tornades plus importante dans l’est des États-Unis, tout en la diminuant dans certaines parties de la région dite des Grandes Plaines. Mais là aussi, les incertitudes sont grandes. »
En outre, l’instabilité convective croissante pourrait stimuler l’activité des tornades dans certaines régions, mais dans d’autres, cela pourrait être compensé par une éventuelle diminution du « cisaillement vertical du vent », un paramètre qui décrit comment la vitesse et la direction du vent changent avec l’altitude, ce qui est un facteur important dans la formation des tornades, explique-t-on dans le rapport du réassureur.
Même si l’impact des SCS est encore incertain, un taux d’augmentation annuel de 1 % semble être une estimation raisonnable pour caractériser l’impact du changement climatique sur les pertes de SCS dans de nombreuses régions, conclut Swiss Re.