Même si Michel Laurin préside un assureur direct, il ne cache pas qu’il voit une valeur ajoutée au rôle du courtier. Il en a d’ailleurs fait leur éloge lors de la commission parlementaire du projet de loi 150, le 30 janvier 2018.

« Les modèles de distribution par courtage ou par direct ont tous les deux leur place dans le marché », a déclaré le président de la Corporation des assureurs directs de dommages du Québec (CADD) devant la Commission des finances publiques et devant le ministre des Finances du Québec Carlos J. Leitão. M. Laurin est aussi le chef de l’exploitation d’iA Auto et habitation.

« Il y a des clients qui font affaire avec des courtiers. C’est tout à fait légitime, a dit M. Laurin. Ils voudront toujours obtenir la valeur ajoutée du courtier. On la reconnait. Elle est bonne dans le marché. »

Après les fleurs, le pot. M. Laurin a déclaré que le courtier se doit d’être transparent. Il a poursuivi en vantant les avantages du modèle de distribution directe, sans toutefois oublier ceux du courtier.

« L’avantage du direct, c’est l’efficacité opérationnelle. L’inconvénient, c’est qu’il présente le produit d’un seul assureur. L’avantage du courtier, c’est plusieurs assureurs potentiels, probablement une efficacité opérationnelle un peu moindre, mais une valeur ajoutée dans le magasinage. »

« Les courtiers vont continuer »

Il y a de la clientèle pour les deux modèles, a-t-il conclu sur cette question. « Les deux sont nobles et vont continuer. Il faut par contre que les deux modèles soient transparents et clairs pour le consommateur et qu’il n’y ait pas de perception de magasinage alors qu’il n’y en a pas d’un côté. Ça va juste ramener le même niveau de jeu pour les deux côtés ».

La CADD s’est toutefois élevée contre l’argument avancé par des groupes représentant le courtage voulant que le projet de loi 150 allait donner un avantage concurrentiel trop grand aux assureurs directs et que ses grands bénéficiaires seraient les gros joueurs de l’industrie.

« Tel qu’il est écrit, le projet de loi a comme principal bénéficiaire le consommateur. Non pas les assureurs directs », a dit M. Laurin.

Selon ce dernier, les règles du jeu ne sont pas les mêmes pour tous les joueurs de l’industrie. Les assureurs directs, a-t-il rappelé aux élus, ont l’obligation de divulguer à leurs clients le fait que l’agent ne représente qu’un seul assureur et qu’il ne peut offrir les produits que d’un seul assureur.

« Nos membres le font de façon transparente et claire. Lorsqu’un client fait affaire avec un courtier, son attente est que ce soit un intermédiaire qui magasine auprès de plusieurs fournisseurs pour offrir plusieurs options », a souligné M. Laurin.

Demander le beurre et l’argent du beurre

Pour la CADD, le projet de loi ramène cette transparence à un niveau équitable entre les assureurs directs et les assureurs à courtage ou les courtiers eux-mêmes. « Vouloir maintenir le statu quo est de demander le beurre et l’argent du beurre. On veut se présenter comme un intermédiaire qui magasine auprès de divers assureurs et d’un autre côté, avoir l’avantage opérationnel de ne faire affaire qu’avec un seul. Là-dessus, on pense qu’au contraire, les règles sont présentement inéquitables au détriment des assureurs directs ».