De plus en plus de vols d’automobiles sont liés à des cas de fraude. Fait préoccupant : les propriétaires des véhicules volés sont de plus en plus impliqués dans ce commerce illicite.

Le phénomène reste difficile à quantifier. Réal Berger, directeur par intérim de la division des services d’enquête au Bureau d’assurance du Canada (BAC), estime que dans 25 à 30 % des cas de vol auto, les propriétaires sont directement impliqués.

Un taux que corrobore Freddy Marcantonio, vice-président, développement des affaires et distribution, de l’entreprise de repérage Tag, qu’il pousse jusqu’à 35 %. « Il y a quelques années, le BAC a averti les assureurs que la fraude était en hausse. Maintenant c’est une épidémie », clame-t-il. Les assureurs compilent ces données, mais ne les partagent pas nécessairement.

M. Berger croit que les assureurs en font assez pour contrer le fléau. « Les compagnies prennent de plus en plus de mesures contre la fraude. Si elles en sont informées, elles informent immédiatement le consommateur. »

M. Marcantonio affirme que si la fraude est aussi populaire, c’est parce que les consommateurs sont tentés par l’appât du gain. « Les réseaux criminels ciblent certains modèles de véhicules plus en demande. Ils approchent les propriétaires et leur font miroiter un bon montant d’argent, en plus de la valeur à neuf qu’ils peuvent recevoir. Au Québec, nous sommes de gros consommateurs de produits de valeur à neuf, puisque 60 % des véhicules sont loués, ce qui peut inciter à commettre un crime. »

Bruler son véhicule

M. Marcantonio dit avoir remarqué une nouvelle tendance dans des cas de fraude : les véhicules sont brulés. « Les clients savent qu’ils ne peuvent pas déjouer Tag, alors ils essaient de bruler leur véhicule », explique-t-il.

Il ajoute qu’il est toutefois difficile de camoufler la fraude en raison des données qui sont accumulées dès le moment où les capteurs sont installés dans la voiture. « Quand un client nous appelle pour déclarer le vol de son véhicule, nous lui demandons où il l’a vu pour la dernière fois. En vérifiant nos bases de données, nous pouvons confirmer ou infirmer ce qu’il nous dit. Il arrive que nous ayons des soupçons. Dans tous les cas, nous soumettons les informations au département d’unité spéciale d’enquête de l’assureur concerné et nous les laissons faire leur investigation », précise M. Marcantonio.

Si la plupart des réclamations reçues sont honnêtes, des signaux sont détectés rapidement par les assureurs lorsqu’il s’agit de cas de fraude, indique Valérie Lamarre, porte-parole pour le Mouvement Desjardins. « Dans un cas de fraude, des indicateurs sont habituellement détectés dans les premières heures suivant l’ouverture du dossier. Par la suite, nous devons procéder à une enquête dont la durée peut varier selon les cas. Lorsque nous sommes en mesure, avec les éléments d’enquête, de confirmer qu’il s’agit bel et bien d’une réclamation frauduleuse, il peut s’être écoulé quelques semaines depuis l’ouverture du dossier. » Elle ajoute que le nombre de cas de fraude à l’assurance est demeuré relativement stable au fil des ans chez Desjardins.

Les assureurs : premier maillon de la chaine de détection

M. Marcantonio affirme que le premier maillon de la chaine de détection de la fraude automobile demeure les assureurs, plus particulièrement les départements d’indemnisation. Puisqu’ils sont les premiers à posséder les éléments déclaratifs susceptibles d’être analysés, les assureurs doivent les analyser et les confronter les uns avec les autres afin de détecter toute anomalie.

« En tant qu’entreprise, nous voulons aider les assureurs à détecter la fraude, et c’est pourquoi nous avons du personnel dédié à la détection de ces cas dans notre département de support aux assurances. Nous travaillons très étroitement avec les départements d’enquête des assureurs pour les aider », souligne M. Marcantonio.

Le département vise à protéger les assureurs contre le crime de fraude vis-à-vis le vol auto. On s’assure que les assureurs ne règlent que les réclamations légitimes et honnêtes en offrant un accès à la banque de données de Tag, dit M. Marcantonio.