[Mise à jour, le 9 avril] Plusieurs autres assureurs canadiens ont à leur tour fait ce type d'annonce depuis la parution de cet article.

 

Tout comme deux assureurs américains, le Mouvement Desjardins a annoncé lundi 6 avril qu’il allait accorder une remise sur les primes d’assurance auto payées par ses clients devant limiter leurs déplacements en voiture en raison de la COVID-19.

Desjardins précise que la remise sera calculée sur une période de trois mois et qu’elle sera proportionnelle au kilométrage annuel déclaré par l’assuré.

« Puisque les mesures sanitaires et de distanciation sociale mises en place en raison de la COVID-19 entrainent une réduction de l'utilisation des véhicules par les Canadiens, il nous apparait normal, comme coopérative, de leur accorder une remise sur leur prime d'assurance auto », dit Guy Cormier, président et chef de la direction du Mouvement Desjardins.

Moins de réclamations ?

Au Québec, des mesures incitatives d’isolement sont mises en place depuis le 12 mars dernier. Plusieurs entreprises ont eu à fermer leurs portes temporairement, et plusieurs employés font du télétravail et n’ont donc plus à se rendre sur leur lieu de travail.

D’ailleurs, le nombre de demandes d’indemnisation faites auprès de la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ) pour la période du 13 au 19 mars a baissé de près de 40 % lorsque comparée à la même période de l’année précédente, a indiqué Mario Vaillancourt, porte-parole de la SAAQ, au Portail de l’assurance.

« La Société a reçu 344 nouvelles demandes d’indemnisation [lors de cette période], comparativement à 593 pour la même période en 2019, soit une diminution de 249 demandes », affirme-t-il.

Ce dernier explique toutefois qu’il est trop tôt pour affirmer que la COVID-19 est responsable de cette diminution au Québec. Une baisse du nombre de demandes d’indemnisation avait déjà été enregistrée depuis le début de l’année 2020.

Desjardins est le premier assureur au Québec a annoncer une telle mesure. Depuis le début de la crise, certains assureurs de dommages ont annoncé des mesures d’assouplissement au niveau du paiement des primes pour les personnes vulnérables. D’autres ont affirmé qu’ils évaluaient les différents dossiers au cas par cas.

Allstate compensera aussi

La question de la réduction des primes d'assurance auto est également soulevée aux États-Unis. Le président de Allstate, Tom Wilson, a d’ailleurs annoncé dans une courte vidéo qu’il allait remettre une compensation à ses clients d’assurance auto en raison de la diminution des déplacements sur la route.

« Parce que les clients conduisent moins et qu’il y a moins d'accidents, nous avons créé le shelter-in-place payback pour offrir à nos clients d'assurance automobile plus de 600 millions de dollars pour les aider en ces temps difficiles », a-t-il dit. L’entreprise explique que la remise sera d’environ 15 % des primes mensuelles payées par les clients d’Allstate, et ce, pour les mois d’avril et de mai.

Même chose du côté de American Family Insurance. L’assureur a décidé de remettre un montant unique de 50 $ par voiture assurée pour les aider les assurés en temps de crise. « Lorsqu’il y a moins de voitures sur la route, il y a moins de kilomètres parcourus et cela signifie qu'il y aura moins d'accidents. Nous voulons vous rendre les économies », a-t-il expliqué.

Compensation demandée aux États-Unis

Le 18 mars, la Consumer Federation of America (CFA) et le Center for Economic Justice (CEJ) avait signé une lettre demandant aux régulateurs américains d’exiger que les assureurs offrent une compensation financière à leurs assurés. Pour limiter la propagation de la COVID-19, ceux-ci allaient moins occuper les routes du pays, affirmaient les deux organismes.

J. Robert Hunter, directeur des assurances pour la fédération, soutenait ainsi qu’une personne qui conduisait environ 2 000 kilomètres en un mois pourrait en conduire finalement 500 du fait qu'elle doive rester à la maison pour respecter les mesures de distanciation sociale.

« Les bénéfices exceptionnels pour les assureurs automobiles et les primes d'assurance automobile excessives ne devraient pas être un autre préjudice subi par les consommateurs de COVID-19 », dit-il.

La CFA ajoutait que le phénomène devrait diminuer le nombre de réclamations faites auprès des assureurs. Ainsi, cela permettrait aux compagnies d’assurance d’offrir une aide financière aux assurés touchés par la crise.

« Tous les assureurs, directement ou indirectement, utilisent une certaine mesure des kilomètres parcourus pour déterminer les tarifs. Ainsi, les actions visant à contenir le COVID-19, qui ont radicalement réduit la conduite aux États-Unis, entraîneront des économies pour le système qui peuvent être quantifiées et retournées aux consommateurs américains », peut-on lire dans la lettre destinée aux régulateurs américains.

Vers un mouvement mondial ? 

Dennis Sugrue, directeur et responsable du Moyen-Orient, de l’Europe et de l’Afrique (EMEA) chez S&P Global Ratings, a affirmé lors d’un webinaire tenu le 30 mars que la situation ne se produira pas seulement aux États-Unis, ou en Amérique du Nord, mais bien à l’échelle mondiale.

Il expliquait que, selon lui, le nombre d’accidents de la route dans le monde pourrait être moins élevé en temps de pandémie.

En France déjà, la mutuelle d’assurance MAIF, après avoir constaté une baisse de 75 % du nombre de réclamation, a elle aussi décidé de remettre une partie des primes autos payées à ses assurés.

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