Pour le deuxième trimestre clos le 30 juin 2024, Intact Corporation financière déclare un bénéfice net de 758 millions de dollars (M$), comparativement à 260 M$ pour la même période en 2023. Il s’agit d’une hausse de 192 %. 

Selon le PDG Charles Brindamour, ce résultat est attribuable à une progression obtenue dans l’ensemble des marchés où l’assureur est présent. « Le rendement consolidé des primes directes souscrites poursuit sur son élan, surtout en assurance des particuliers, et nous cherchons à tirer le meilleur parti des conditions actuelles du marché en assurance des entreprises », indique-t-il. 

Primes 

Charles Brindamour

La société prévoit d’ailleurs que la croissance des primes en assurance des particuliers (auto et habitation) pourrait atteindre 10 % en 2024. En assurance aux entreprises, les primes devraient augmenter de 5 % en 2024. 

Les primes directes souscrites (PDS) ont augmenté de 6 % pour atteindre 6,7 milliards de dollars (G$) au deuxième trimestre de 2024, comparativement à 6,2 G$ en 2023. 

Au Canada, le volume a augmenté de 7 % pour atteindre 4,6 G$ au deuxième trimestre de 2024, comparativement à 4,3 G$ à la même période en 2023.

« Il y a huit ans, 100 % de nos revenus provenaient du Canada », indique Charles Brindamour lors de la conférence avec les analystes. Cette proportion est de 67 % en 2024. « Notre carré de sable est beaucoup plus grand qu’avant et nous voulons atteindre dans les autres marchés la même performance supérieure au marché que celle que nous connaissons au Canada. » 

La même progression de 7 % du volume est observée dans le marché Royaume-Uni et International. Dans ce marché, si l’on exclut l’incidence de l’abandon de l’assurance aux particuliers au Royaume-Uni, la croissance des PDS a été de 42 % au deuxième trimestre de 2024.

L’acquisition des activités d’assurance des entreprises par courtage de DLG au dernier trimestre de 2023 est le principal facteur derrière cette hausse des ventes. La croissance interne a été de 6 %. 

Le volume de primes n’a progressé que de 1 % aux États-Unis, sur une période de 12 mois, en devises constantes. Malgré les hausses tarifaires d’environ 5 %, la concurrence pour les comptes importants et l’incidence défavorable du calendrier des renouvellements ont limité la progression du volume, selon le rapport de gestion de l'entreprise. 

Ratio combiné 

La société souligne le progrès de 9,2 points du ratio combiné de sinistres, qui a atteint 87,1 % au deuxième trimestre de 2024, alors qu’il était de 96,3 % un an plus tôt. Quelque 7 points de la baisse de ce ratio relèvent à la baisse des sinistres liés aux catastrophes par rapport au niveau élevé de l’exercice précédent.

Par secteur d’activité, le ratio combiné non actualisé a évolué de la manière suivante entre le deuxième trimestre de 2024 et la même période de l’année dernière : 

  • Au Canada, le ratio combiné a été de 85,4 % en 2024, contre 97,9 % en 2023, une différence de 12,5 points; 
  • Pour RSA (Royaume-Uni et International), le ratio combiné pro forma, c’est-à-dire en comparant les résultats de 2024 en tenant compte de l’abandon de l’assurance aux particuliers au Royaume-Uni, s’est chiffré à 92,2 % en 2024, comparativement à 94,1 % l’année dernière, un écart de 1,9 point; 
  • Aux États-Unis, le ratio combiné s’est amélioré de 2,8 points pour atteindre 88,5 % en 2024, comparativement à 91,3 % en 2023. 
Produit de souscription 

Le produit net de souscription a atteint 681 M$ au deuxième trimestre de 2024, comparativement à 184 M$ pour la même période en 2023. Il s’agit d’une progression de 270 %. 

De manière plus détaillée, Intact rapporte les résultats suivants au deuxième trimestre de 2024 en comparaison de la même période en 2023 : 

  • Au Canada, le produit net de souscription s’est chiffré à 543 M$ en 2024, alors qu’il était de 73 M$ en 2023. Les progrès ont été particulièrement remarquables en assurance des biens des particuliers, où ce segment avait affiché une perte nette de 173 M$ en 2023, comparativement à un produit net de 213 M$ en 2024; 
  • Aux États-Unis, le produit net de souscription s’est établi à 61 M$ en 2024, comparativement à 43 M$ l’année dernière; 
  • Pour RSA (Royaume-Uni et International), le produit net de souscription a été de 81 M$ en 2024, alors qu’il se chiffrait à 62 M$ un an plus tôt. 
Revenus de distribution 

La société déclare également une hausse de 23 % du produit tiré de la distribution, qui s’est établi à 169 M$ au deuxième trimestre de 2024. La société rappelle que les revenus tirés de l’exploitation d’On Side Après-Sinistre apparaissent dans ce résultat. 

La haute direction a réitéré la cible des 5 G$ en volume de primes pour la filiale BrokerLink en 2025. La barre des 4 G$ a été dépassée en 2024 et la filiale a réalisé neuf acquisitions au deuxième trimestre qui ont ajouté 235 M$ en primes directes souscrites. 

Placements 

Le produit net des placements s’est établi à 387 M$ au deuxième trimestre de 2024, alors qu’il était de 326 M$ un an plus tôt. Cela représente une hausse de 19 %.

Après les six premiers mois de 2024, la progression des revenus de placements atteint 767 M$, en hausse de 24 % sur l’année précédente. 

Pertes majeures en juillet 

Les clients de l’assureur ont été relativement épargnés par les catastrophes naturelles au premier semestre de 2024, qui totalisent 193 M$, comparativement à 529 M$ pour la même période en 2023.

Selon Louis Marcotte, chef de la direction financière, les inondations à Toronto et les feux de forêt qui ont ravagé Jasper en Alberta auront un impact certain sur les réclamations du troisième trimestre. L’assureur maintient néanmoins sa cible de 900 M$ concernant les sinistres liés aux catastrophes pour l’ensemble de l’exercice 2024. 

Durant de la conférence téléphonique tenue le 31 juillet, Charles Brindamour a tenu à souligner les efforts des équipes chargées des réclamations en lien avec ces sinistres majeurs. « C’est une période difficile, avec des habitations et des commerces détruits et le stress qui découle d’une évacuation en urgence. Nous sommes axés sur le service à nos clients lorsqu’ils ont besoin de nous », dit-il.

Les équipes chargées des réclamations chez l’assureur, chez On Side Après-Sinistre et au sein de son partenaire Wildfire Defense Systems (WDS) ont réagi très rapidement, affirme-t-il. 

« Nous contactons les consommateurs concernés pour connaître leur situation, leur fournir des fonds pour leurs dépenses quotidiennes, et nous sommes présents sur le terrain dès que c’est possible de l’être pour accompagner la remise en état de leurs biens », poursuit M. Brindamour. 

« Ce sont des périodes qui nous rappellent notre mission première, soit de participer à la prospérité des familles et des commerçants quand tout va bien, et de les aider à être résilients quand les temps sont mauvais », dit-il. 

Lors de la conférence téléphonique, le chef de l’exploitation Patrick Barbeau a précisé qu’il était trop tôt pour évaluer les dommages à Jasper. L’assureur sait, grâce à WDS, qu’environ 700 ménages ou entreprises faisant partie de sa clientèle ont été touchés par l’ordre d’évacuation dans la communauté de Jasper. On estime que les pertes totales touchent 250 propriétés résidentielles et commerciales. 

Dans le cas des inondations de Toronto, il s’agit du plus important volume de réclamations reçu par la filiale On Side Après-Sinistre pour un même événement depuis son acquisition par Intact, selon M. Barbeau. 

Concernant la panne provoquée par la mise à jour de CrowdStrike, le 19 juillet dernier, M. Barbeau indique que les réclamations à cet égard seront peu élevées. « Pour la garantie touchant l’interruption des activités, ce risque n’est pas couvert s’il n’y a pas de dommage physique aux biens couverts », précise-t-il. Ce risque est couvert pour les entreprises en fonction de leur police d’assurance cyber, mais l’interruption n’a duré que quelques heures et les franchises s’appliquent. 

Les ventes numériques en mode direct ont atteint 228 M$ en primes au deuxième trimestre de 2024. Cela représente une augmentation de 84 % sur une période de 12 mois, précise Guillaume Lamy, premier vice-président en assurance des particuliers, lors de la conférence avec les analystes. 

Comme il l’a fait lors de la publication des précédents résultats, Charles Brindamour a réitéré son mécontentement concernant le plafond imposé aux assureurs automobiles par le gouvernement de l’Alberta. « Des assureurs sont sortis du marché et il y en aura d’autres, si le plafond imposé demeure plus bas que l’inflation. Ce n’est pas soutenable à long terme. La balle est dans le camp du gouvernement », souligne-t-il.