À 1,9 % en novembre, la mesure de la hausse du coût de la vie selon l’indice global des prix à la consommation a incité la Banque du Canada à abaisser son taux directeur à 3,25 %, bien loin du sommet de 5,00 %, qui s’est maintenu de juillet 2023 à avril 2024.

La hausse du coût de la vie devrait faire moins couler d’encre en cette nouvelle année. L’inflation prend toutefois un tout autre visage en assurance collective : celle de la hausse des coûts des médicaments. Rien n’indique qu’elle ralentira en 2025. 

Le Conseil d’examen du prix des médicaments brevetés (CEPMB) a d’ailleurs observé une forte hausse des médicaments émergents en développement, selon le rapport L’Observateur des médicaments émergents 2023, dont il a accouché le 5 novembre 2024. 

Forte hausse depuis 5 ans 

Le CEPMB révèle dans ce rapport que plus de 12 000 nouveaux médicaments émergents étaient à divers stades de développement clinique en avril 2024. En comparaison, il y en avait un peu plus de 9 000 en 2023. Le rapport du CEPMB révèle que le nombre de médicaments émergents augmente en moyenne de 19 % par année depuis 2019. 

L’oncologie a continué de dominer l’éventail thérapeutique en 2023, mentionne le rapport du CEPMB. Il explique que les traitements du cancer ont représenté le tiers des médicaments à toutes les phases des essais cliniques. Les nouveaux médicaments contre le cancer entrent souvent dans la catégorie des médicaments coûteux, soit ceux de 10 000 $ et plus en termes de coût annuel du traitement. 

« Les traitements contre les maladies infectieuses et les maladies du système nerveux central ont pour leur part occupé les deuxième et troisième places, avec respectivement 13 % et 12 % des médicaments émergents », ajoute le CEPMB dans son rapport. 

Dans le tableau qui suit, le rapport présente le nombre de nouveaux ingrédients médicinaux pour chaque phase de développement clinique au cours des cinq dernières années pour lesquelles le CEPMB a des données complètes. 

Maladies chroniques 

Dans son Rapport 2024 sur les générateurs de coûts : Analyse des tendances relatives aux réclamations auprès des régimes privés d’assurance médicaments au Canada, Médicaments Novateurs Canada souligne que les médicaments pour les maladies chroniques sont restés un facteur important des coûts des réclamations. « Ils représentent 72,3 % des coûts des réclamations auprès des régimes privés d’assurance médicaments et 80,1 % de la croissance observée en 2023 », peut-on lire. 

Médicaments Novateurs Canada révèle que la catégorie des maladies chroniques comprend trois des quatre domaines thérapeutiques à plus forte croissance, et 69,3 % des réclamations pour des médicaments de moins de 10 000 $. 

Wegovy et contrôles 

L’inflation des demandes de remboursement pour de nouveaux médicaments anti-obésité s’est pour sa part enflammée à partir du 6 mai 2024. C’est la date à laquelle le sémaglutide de marque Wegovy est arrivé sur le marché canadien. Il s’agit d’un médicament lancé à la hâte par Novo Nordisk pour alléger la pression sur son médicament Ozempic. 

Destiné au traitement du diabète de type 2, Ozempic a gagné la faveur des personnes aux prises avec des problèmes de surpoids. Ce traitement par injection de sémaglutide produit l’effet secondaire de couper l’appétit. L’usage détourné du traitement diabétique a provoqué une pénurie de son ingrédient actif. 

Négociations avec les pharmas 

Des assureurs attendent beaucoup de leurs négociations avec les grandes compagnies pharmaceutiques. Dans son bulletin Points de repère : Perspectives et tendances santé les plus récentes, Beneva révélait récemment que ses négociations continues avec les fabricants de médicaments lui ont permis d’obtenir une réduction des prix pour plus de 40 produits couverts au sein de ses groupes assurés. 

Dans son bulletin, Beneva rapporte que les prestations versées pour les médicaments coûteux ont augmenté annuellement de 34 % au cours des trois dernières années (se terminant en 2023). De ces coûts, 80 % provient de traitements innovants récents. Parmi eux figure le médicament Trikafta, fabriqué par la pharmaceutique Vertex, de Boston. Utilisé dans le traitement de la fibrose kystique, ce médicament qualifié de « révolutionnaire » dans le bulletin de l’assureur peut coûter annuellement plus de 300 000 $ par patient. 

Beneva a constaté que la hausse des prestations versées aux assurés pour l’ensemble des médicaments s’élève à 7,5 % en moyenne au cours des trois dernières années. Les médicaments de spécialité représentent une grande partie de cette croissance. « La proportion des médicaments de 100 000 $ et plus contribue de façon soutenue à la croissance des prestations de médicaments », peut-on lire. 

Selon le rapport de 2024 d’Express Scripts Canada, entreprise de services en paiement destiné aux régimes collectifs, l’augmentation globale des remboursements d’assurance médicaments a atteint 5,2 % en 2023, par rapport à 2022. Du total des remboursements, 74,2 % origine des médicaments traditionnels et 25,8 % des médicaments de spécialité.

Faits sur le diabète et l’obésité 

Assureur spécialisé en assurance collective, GreenShield produit son propre rapport sur les demandes de remboursements, intitulé Perspectives stratégiques et tendances médicaments 2024. Parmi ses principales observations, le rapport révèle que les coûts des médicaments et les réclamations ont connu une croissance à deux chiffres dans la catégorie du diabète, en raison de l’adoption massive de prescriptions coûteuses pour traiter et prévenir les complications. 

En ce qui touche la gestion du poids, le coût des médicaments non spécialisés de l’ordre de 1 000 à 1 999 $ connaît l’augmentation la plus rapide, « en partie à cause des médicaments contre l’obésité, dont les coûts ont augmenté de 45 % et le nombre de réclamants de 48 % depuis 2022 », explique GreenShield.