Exception faite de la moto, le véhicule tout-terrain (VTT), la motoneige, la baignade, le vélo, les activités nautiques motorisées et non motorisées sont les activités de loisirs sportifs qui ont entraîné le plus d’accidents mortels dans la province entre 2006 et 2019.
C’est ce qu’ont constaté des chercheurs de la Direction de la Sécurité dans le loisir et le sport au ministère de l’Éducation, de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) et de l’Université Laval dans une étude basée sur des chiffres extraits de la base de chiffres du Bureau du coroner.
1937 décès en 13 ans
« Les données complètes concernant les décès par blessure associés au sport et aux loisirs restent rares et difficilement accessibles aux niveaux national et provincial au Canada », expliquent les auteurs dans leur rapport publié en anglais dans la publication spécialisée Injury Prevention. « Il est donc essentiel de mener des études provinciales », écrivent-ils.
Leur étude a examiné les tendances dans les fréquences et les taux de décès associés aux blessures dans les sports et les loisirs au Québec pour la période de janvier 2006 à décembre 2019.
Durant cette période de 14 ans, pas moins 1937 Québécois et Québécoises à travers la province ont perdu la vie en pratiquant une activité de loisir. Les décès liés à six activités représentaient 80,2 % de l’ensemble des décès, ont-ils observé.
Les sports motorisés terrestres ont été à l’origine de 38,8 % de toutes ces tragédies mortelles : 19,8 % de tous ces accidents fatals sont survenus en VTT et 18 % en motoneige.
Des lésions cérébrales traumatiques ou des traumatismes crâniens ont été signalés dans 35,2 % de tous les incidents. Les activités liées aux VTT, au cyclisme et à la motoneige représentant 82,1 % de cette catégorie.
Pas moins de 761 noyades mortelles sont survenues entre 2006 et 2019, soit 39,3 % de tous les décès accidentels liés à la pratique d’un sport ou d’une activité de loisir durant cette période.
Le cyclisme est également à l’origine à lui seul de 14,2 % de tous ces drames.
Le taux de mortalité par blessure non intentionnelle associée au sport et au loisir au Québec était de 1,72 par 100 000 personnes et par année pour la période allant de janvier 2006 à décembre 2019.
Toutefois, le taux de mortalité par blessures associées à la navigation non motorisée et au vélo a diminué au cours de la période analysée.
Âge, sexe et consommation
Par sexe, les chiffres sont très révélateurs : les hommes représentaient 86,8 % de tous les décès et affichaient des taux plus élevés que les femmes dans tous les groupes d’âge.
Parmi les hommes, les 18 à 24 ans et les 65 ans à 74 ans présentaient les taux de mortalité les plus élevés, ce qui fait dire aux chercheurs que des mesures préventives spécifiques devraient être élaborées en priorité pour ces deux groupes.
L’étude a aussi permis de mettre en évidence que la consommation d’alcool a joué un rôle majeur dans bon nombre d’accidents mortels. La présence de boisson alcoolisée a été documentée dans 27,5 % des cas. La concentration dans le sang a même dépassé 80 mg/100 ml dans 18,7 % de tous les morts et une concentration égale ou inférieure à ce seuil a été trouvée chez 5,9 % de toutes les victimes.
La présence d’autres substances psychoactives a été relevée dans 13,2 % de tous les décès.
Que ce soit la marche, le vélo, le jogging, la chasse, la pêche, la natation, le ski de fond et le ski alpin, le hockey, les sports de raquettes, la danse, le soccer ou le golf, la pratique d’activités sportives et de loisirs est fortement encouragée afin de se maintenir en santé physiquement et mentale, mais elles entraînent également de nombreuses blessures. En plus des décès, les accidents sont à la source de centaines de milliers de traumatismes d’origine récréative et sportive (TORS). Une étude citée par l’INSPQ en 2015-2016 avait situé leur nombre en 2009 à 671 000 et elles avaient entraîné 7 700 hospitalisations.
Nombre de décès par activités
Voici la liste des six activités de loisir et de sports qui ont causé le plus grand nombre de décès pour la période 2006-2019 comme établi par les chercheurs québécois :
Selon ses auteurs, les résultats de cette étude de surveillance ont mis en évidence les domaines prioritaires en vue d’une enquête plus approfondie. Dans une autre étude à venir, l’accent sera mis sur les lieux des incidents, la consommation d’alcool dans les sports motorisés et les activités associées à la noyade, ainsi que sur l’utilisation d’équipements de protection.
« Une exploration plus poussée des facteurs de risque est justifiée. Il s’agit notamment d’étudier la consommation d’alcool dans les sports motorisés et dans les activités propices à la noyade », écrivent les auteurs de la recherche.
Contacté par Portail de l’assurance, le chercheur principal de cette étude, Philippe Richard, de la Direction de la Sécurité dans le loisir et le sport au ministère de l’Éducation, n’a pas répondu.
Les décès à moto exclus
Cette étude sur les décès survenus lors d’activités de loisirs et de sports, y compris les sports motorisés, ne tient pas compte des accidents mortels survenus à moto parce qu’elle excluait les véhicules conçus pour la route.
Le Québec paie un lourd tribut chaque année en accidents de moto. Selon la Société d’assurance automobile (SAAQ), 61 personnes se sont tuées à moto en 2022, soit six de moins qu’en 2021. Il s’agit néanmoins d’une hausse de 10,1 % par rapport à la moyenne de 2017 à 2021, avait indiqué la SAAQ.
En moyenne, 53 Québécois perdent la vie chaque année lors d’un accident de moto.