Cinq ans après l’Accord de Paris sur le climat, qui vise à limiter le réchauffement climatique en dessous de 2 °C par rapport aux niveaux préindustriels et à limiter la hausse des températures à 1,5 °C, les températures mondiales sont demeurées en hausse à 1,2 °C, en 2020.

Ce constat inquiète Torsten Jeworrek, membre du conseil de direction de Munich Re, au moment de la publication des résultats annuels de 2020 sur les catastrophes naturelles.

 À seulement 0,01 °C de différence avec 2016, l’année la plus chaude jamais enregistrée, les régions au nord du cercle arctique ont vu leurs températures augmenter plus de deux fois celle de la moyenne de l’augmentation mondiale, en 2020. Certaines parties du nord de la Sibérie ont subi d’importants feux de forêt et des températures supérieures à 30 °C.

« Même si les catastrophes météorologiques doivent être étudiées sur une longue période, ce type de conséquences correspond aux effets du réchauffement planétaire. Un nombre grandissant de vagues de chaleur et de sécheresses alimentent les feux de forêt. Les cyclones et les orages tropicaux violents sont de plus en plus fréquents. Les événements comme les vagues de chaleur de cette année dans le nord de la Sibérie sont 600 fois plus susceptibles de se produire qu’auparavant », estime Ernst Rauch, climatologue en chef de Munich Re.

Vers la fin de 2020, la température minimale la plus chaude jamais enregistrée au cours du mois de novembre a été atteinte à Sydney, en Australie le 29 novembre. Rappelons qu’en janvier 2020, les sécheresses et les canicules ont notamment contribué aux feux de brousse ayant mené à l’une des pires catastrophes de l’histoire moderne pour la faune.

Pertes de 210 G$ US

Les pertes mondiales dues aux catastrophes naturelles se sont élevées à 210 milliards de dollars américains (G$ US) en 2020. Le réassureur chiffre à 82 G$ US, le montant couvert par les réassureurs, une estimation similaire à celle de son rival Swiss Re. C’est donc environ 40 % des pertes totales qui sont assurées, note Munich Re. En 2019, les pertes totales et les pertes assurées étaient respectivement de 166 G$ US et de 57 G$ US. « Il est temps d’agir », dit Torsten Jeworrek.

« Les pertes dues aux catastrophes naturelles en 2020 ont été plus élevées que l’année précédente. Les chiffres records que certaines catastrophes ont provoqués sont préoccupants, qu’il s’agisse de la saison des ouragans, des feux de forêt ou de la série d’orages aux États-Unis. Les changements climatiques auront un rôle à jouer dans la croissance de ces désastres », poursuit-il.

Récapitulatif des dommages aux États-Unis

Les États-Unis détiennent une part élevée des pertes mondiales liées aux catastrophes naturelles. En 2020, les pertes totales sont de 95 G$ US, alors que les pertes assurées sont de 67 G$ US. En 2019, elles étaient respectivement de 51 G$ US et de 26 G$ US.

Parmi les dix catastrophes naturelles les plus coûteuses en 2020, six se sont produites aux États-Unis. La palme de l’événement le plus destructeur revient à Laura, un ouragan de catégorie 4 qui a touché terre le 27 aout dans l’ouest de la Louisiane.

Laura a causé d’importants dommages avec ses vents de plus de 240 km/h et ses ondes de tempête. L’ouragan a déclenché des inondations qui se sont étendues loin à l’intérieur des terres. Les pertes totales se sont élevées à 13 G$ US, dont 10 G$ US sont couverts par les assureurs.

Au total, la saison des ouragans dans l’Atlantique Nord a atteint des sommets, avec un record de 30 tempêtes nommées, dont 13 avec le statut d’ouragan. Cinq de ces ouragans sont survenus en octobre et en novembre. C’est le cas notamment de Lota, qui a été le dernier et le plus fort ouragan de la saison.

Par ailleurs, derecho, une ligne rapide d’orages violents, qui a balayé le Midwest américain le 10 aout, a causé des pertes de 6,8 G$ US. Plusieurs millions d’hectares de cultures de maïs et de soja ont été détruits.

Une série de grands feux de forêt ont fait rage dans l’ouest des États-Unis, y compris des incendies records en termes de superficie brûlée en Californie et au Colorado. Les conditions de sécheresse, en particulier dans le nord de la Californie et le nord-ouest du Pacifique, ont contribué à alimenter des dizaines d’incendies de grande taille.

Faibles couvertures, gros dommages en Asie

Quant aux cataclysmes survenus en Asie, seule une petite partie des pertes ont été indemnisée par les assureurs, fait remarquer Munich Re. La Chine a connu, dans certaines régions, de graves inondations pendant la mousson. Les pertes se sont élevées à environ 17 G$ US, mais seulement 2 % des pertes ont été prises en charge par les assureurs, estime Munich Re.

Les produits d’assurance du secteur privé ou sous forme de partenariats public-privé pourraient contribuer à améliorer la résilience, soit la capacité de reprendre une vie normale le plus rapidement possible, soulève Munich Re dans son bilan annuel sur les catastrophes.

Ainsi, les pertes totales en Asie se sont élevées à 67 G$ US en 2020, dont 3 G$ US sont couverts par les assureurs. En 2019, les pertes totales étaient de 77 G$ US pour cette région du monde, tandis que les pertes assurées étaient de 18 G$ US.

Dans le nord de l’océan Indien, le cyclone Amphan, qui a touché terre le 20 mai à la frontière de l’Inde et du Bangladesh, a été le cyclone tropical le plus coûteux de l’année. Les pertes se sont élevées à 14 G$ US. Très peu de ses pertes ont été assurées, affirme Munich Re.