Depuis le 16 mars, les frontières canadiennes sont fermées aux étrangers, y compris aux Américains depuis le 18 mars. De plus en plus de pays aux prises avec la COVID-19 annulent les vols internationaux de leurs aéroports, compliquant ainsi le retour des Canadiens qui souhaitent rentrer au pays. Mais qu’advient-il des snowbirds et des voyageurs qui choisissent de ne pas rentrer au Canada, malgré l’avis des gouvernements et des mesures prises par les assureurs pour les faire revenir ?

Actuellement, le secteur de l’assurance voyage est chamboulé. « Il n’y a pas vraiment de ligne directrice que les assureurs doivent suivre. Comme c’est une situation qui est appelée à évoluer de jour en jour et même d’heure en heure, selon ce qui se passe dans chaque pays, chaque assureur à sa propre politique, mais même cette dernière peut changer à tout moment », avise Lucie Fréchette, présidente de Leclerc Assurances et Services financiers.

« La décision de demeurer à l’étranger aura des conséquences sur votre couverture d’assurance maladie et entraînera des complications, prévient l’Association canadienne des compagnies d’assurances de personnes (ACCAP). Il est possible que la COVID-19 et d’autres maladies ne soient pas couvertes. Il deviendra très difficile pour les assureurs de vous ramener dans votre province en cas d’urgence médicale. »

« Selon les informations dont nous disposons actuellement, certains assureurs qualifient la COVID-19 comme une « situation connue » en vertu de certaines clauses prévues dans les contrats. Les voyageurs qui choisissent de rester aux États-Unis ou à l’extérieur du Canada risquent de voir leur couverture changer, et ce, même si l’assurance voyage a été acquise avant le 13 mars 2020 », a mentionné l'ACCAP, au Portail de l’assurance.

Du cas par cas

« La semaine du 16 mars, on pensait que si vous aviez acheté votre police avant l’avis émis par le gouvernement, vous seriez couvert, mais c’est n’est plus forcément le cas. Tout dépend des restrictions mises en place dans le pays où vous êtes et de la facilité avec laquelle vous pouvez en sortir. Ce n’est pas partout pareil, c’est donc difficile d’avoir une grande ligne directrice qui s’adapte à toutes les situations pour tous les assureurs », dit Mme Fréchette qui recommande d’appeler son assureur chaque jour s’il le faut.

De nombreux Canadiens sont toujours coincés à l’étranger, prisonniers des frontières fermées, notamment en Amérique du Sud, en Espagne et en Inde. Or, la plupart des protections prennent en compte la fermeture des frontières ou des différents aéroports. Les assureurs sont prêts à indemniser leurs assurés et à prolonger automatiquement leurs protections, à condition qu’ils mettent tout en œuvre pour rentrer au bercail.

C’est d’ailleurs ce que soutient l’Autorité des marchés financiers. « Certains assureurs maintiennent la couverture pour les frais médicaux d’urgence, pourvu que les voyageurs prennent les mesures nécessaires pour revenir le plus rapidement possible ».

Si certains assureurs, dont TuGo et Desjardins, « maintiennent les protections d’une personne qui aurait amorcé son voyage avant l’avis émis par le gouvernement et qui contracterait la COVID-19 alors que sa police d’assurance est encore en vigueur au moment où elle tombe malade. Elle pourrait voir ses soins couverts, selon ce qui est indiqué dans son contrat », a mentionné l’équipe des communications de Desjardins assurance, au Portail de l’assurance. Le souci c’est que comme certains assureurs ont suspendu la vente et le renouvellement de leur assurance voyage, le voyageur pourrait se retrouver sans protection, au moment où sa couverture d’assurance voyage arrive à échéance.

C’est pourquoi les assureurs de personnes conseillent vivement de prendre les mesures pour rentrer au pays, pendant que des vols sont encore disponibles. Un prêt d’urgence du gouvernement canadien pouvant même être alloué aux Canadiens pour qu’ils reviennent en temps voulu.

Le message est-il compris par les snowbirds  ?

« Oui ! Le message est assez clair », dit Lucie Fréchette, en précisant que la plupart des snowbirds se plient aux mesures d’urgence.

Pour encourager un retour rapide au Canada, Leclerc Assurance permet aux snowbirds de laisser leur motorisé en Floride pour qu’ils puissent revenir au pays en avion. Le courtier grossiste permet également de remiser leur motorisé à un endroit sécuritaire et de prolonger la couverture au-delà de 180 jours, soit la durée d’une assurance motorisée normalement permise.

« On fait tout pour qu’ils reviennent à la maison », dit Mme Fréchette.

Troquer le sable chaud pour le camping

Partis à la presse, les snowbirds peuvent se consoler en passant leur quarantaine au camping. Le Camping le Dauphinais, en Montérégie et le Camping du domaine Lausanne, dans les Laurentides, accueillent les snowbirds qui reviennent de vacances à bord de leur motorisé ou qui n’ont pas de domicile fixe au Québec. Ils peuvent ainsi vivre leur quarantaine entourés par des équipes formées pour intervenir.

Quid des camionneurs ?

Le 19 et le 25 mars, l’ACCAP a clarifié le statut des camionneurs commerciaux couverts par un régime d’assurance individuelle ou collective. Selon l’association, ces derniers ne verraient aucune interruption de leur couverture des soins médicaux à l’étranger, puisqu’ils sont un service essentiel.

Les clauses d’exclusion habituelles liées à l’avertissement émis par le gouvernement du Canada d’« éviter les voyages non essentiels » ne s’appliquent pas aux camionneurs commerciaux, dit-elle.

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