Dans la foulée de sa fusion avec MFS, McLean Budden s’est départie de douze employés dont les postes étaient jugés redondants. Un client du gestionnaire de fonds s’en inquiète.
En créant MFS McLean Budden, les deux filiales de la Financière Sun Life s’échangent ainsi leurs spécialités : marchés internationaux pour MFS et marchés canadiens pour McLean Budden. La nouvelle entité gèrera 30,4 milliards de dollars (G$). Les 12 employés remerciés sont essentiellement des gestionnaires principaux et des analystes des marchés boursiers.

La Financière Manuvie a confié la gestion de neuf de ses fonds à McLean Budden. L’entreprise se dit inquiète, vu le manque d’expérience des gestionnaires américains retenus dans le marché canadien. C’est ce qu’elle indique dans son bulletin i-Watch, destiné à ses clients des régimes de retraite, et dont le Journal de l’assurance a obtenu copie.

Les analystes de ce bulletin publié par les Services de gestion des investissements de Manuvie se disent en outre surpris de la rapidité de ces changements, qu’ils qualifient de « drastiques ». Ils déplorent le départ de plusieurs gestionnaires expérimentés et la fin des équipes multi-gestionnaires à droit de vote. Pour tous ces motifs, ils placent MFS McLean Budden sous surveillance.

Il y est aussi indiqué que les fonds canadiens opteront pour une cogestion où un gestionnaire de McLean Budden agira en tandem avec un autre de MFS, plutôt que l’ancienne formule de quatre ou cinq gestionnaires votants. Le fonds croissance sera géré par Bruce Murray de McLean Budden et Nicole Zatlyn de MFS. Le fonds valeur sera géré par Susan Shuter de McLean Budden et Jeffrey Morrisson de MFS. Le fonds ciblé sera géré par ces quatre gestionnaires.

Les mandats de gestion en actions étrangères de McLean Budden seront intégrés à ceux de MFS dans les prochains mois. Les mandats de gestion en revenu fixe ne sont pas affectés. L’équipe de recherche en actions mondiales de McLean Budden encaisse la majorité des départs. Elle comptait à l’origine 20 analystes et passera à environ 10, lesquels seront intégrés aux 120 analystes en actions mondiales de MFS.

McLean Budden confirme ces départs mais diverge du point de vue des analystes de Manuvie sur la question de l’expérience. En entrevue au Journal de l’assurance, Alexandre Legault, associé au bureau de Montréal, a indiqué que Nicole Zatlyn a étudié à l’Université McGill et gérait un petit portefeuille d’actions canadiennes pour MFS. Elle est aussi d’origine canadienne. Ensuite, si des tandems de gestionnaires remplacent désormais les équipes votantes, c’est pour tirer parti des synergies qu’amène la spécialisation de MFS dans les marchés mondiaux. De leur côté, les gestionnaires américains pourront en apprendre plus sur les marchés canadiens. « Nous passons d’un système d’équipe de gestion à vote majoritaire vers un système de décision à l’unanimité », ajoute M. Legault.

Ce dernier ne voit pas non plus les départs comme un exode rapide. « Il y a une logique derrière ces départs, révèle-t-il. La fusion a entrainé des doublons, surtout en ce qui touche les équipes de recherche. Des postes d’analystes sont devenus redondants. Nous avons offerts à certains de continuer, à d’autres non. »

De plus, la carte de visite MFS ouvre des portes à l’étranger. McLean Budden avait tenté de percer en dehors des frontières canadiennes sans vraiment s’imposer. « Nous étions à la fois pas assez gros pour être un joueur majeur et pas assez petit pour être un joueur de niche », dit M. Legault.